le Lundi 21 avril 2025
le Vendredi 18 avril 2025 8:00 Actualités

Campagne électorale : quels enjeux prioritaires pour les francophones au Nunavut ?

Une éducation de qualité en français est l’un des enjeux évoqués par les organisations francophones du territoire.  — Crédit : Archives - Vincent Desrosiers
Une éducation de qualité en français est l’un des enjeux évoqués par les organisations francophones du territoire.
Crédit : Archives - Vincent Desrosiers
À quelques jours du scrutin, les organisations francophones du Nunavut et les membres de la francophonie en situation minoritaire exposent les enjeux qu’ils jugent majeurs dans la campagne électorale actuelle.
Campagne électorale : quels enjeux prioritaires pour les francophones au Nunavut ?
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La petite enfance, l’éducation, l’immigration ne sont là que quelques thèmes qui sont au cœur des préoccupations de la communauté francophone du territoire dans cette campagne électorale. 

Selon le recensement effectué par Statistique Canada en 2021, 1,7 % de la population au Nunavut a le français comme première langue officielle parlée et 3,8 % peuvent converser en français et en anglais. À Iqaluit, la population franco-nunavummiut représente 15 % de la communauté.

De multiples enjeux

La campagne électorale représente une occasion pour les organisations francophones du territoire de faire connaître leurs priorités.

Christian Ouaka, directeur général de l’Association des francophones du Nunavut (à qui appartient Le Nunavoix) l’un des enjeux prioritaires réside dans la petite enfance et notamment dans le fait d’assurer plus de places en garderies francophones.

C’est également l’avis du directeur général de Carrefour Nunavut, Francis Essebou qui considère cet aspect prioritaire puisque cela fait partie de la construction identitaire.

Il affirme que de plus en plus de jeunes parents viennent s’installer au Nunavut et ont de la difficulté à trouver des places en garderie, ou qui n’ont d’autre choix que de placer leurs enfants dans un environnement anglophone.

La main-d’œuvre est également un autre sujet important pour le directeur du Carrefour, jugeant primordial d’augmenter le nombre d’employés bilingues au Nunavut et de donner la chance aux francophones de travailler.

« Les gens qui viennent ici et qui sont unilingues, ils auront du mal à trouver leur place ».

À défaut de trouver des emplois, il souligne que ces nouveaux arrivants peuvent se lancer dans l’entrepreneuriat à condition d’avoir les ressources et les moyens nécessaires pour être adéquatement encadré.

Murielle Jassinthe est coordonnatrice médias et communications linguistiques à la Commission scolaire francophone du Nunavut (CSFN). Elle révèle que les enjeux de son organisation sont liés à la langue française.

« En tant que commission scolaire bien entendu nous, notre priorité, ce sont les droits des francophones en milieu minoritaire, d’offrir une éducation de qualité partout au Nunavut en français avec un curriculum en français et aussi, de développer l’identité franco-nunavummiut de nos élèves ».

— Murielle Jassinthe, coordonnatrice médias de la CSFN

Julie Vaddapalli, résidente d’Iqaluit, souhaite pour sa part que soit assurée la pérennité des services en français. Puis, elle espère que la sécurité et la sureté dans l’Arctique canadien d’un point de vue international soient au cœur des priorités.

Le financement de Radio-Canada est un autre enjeu qui retient l’attention d’un autre résident d’Iqaluit, Marc-Antoine Guay. Il estime que cela devrait faire partie des priorités des partis politiques alors que le Nunavut est le seul endroit au Canada où Radio-Canada n’a pas de contenu culturel local en français. 

L’appui au projet porté et initié par l’AFN de mettre en place un Centre de navigation de services en français, l’accès à un logement décent et abordable, le coût de la vie et les infrastructures, notamment routières, sont d’autres priorités citées par l’organisation.

Soutenir les nouveaux arrivants

L’immigration est aussi au cœur des préoccupations de Francis Essebou qui remarque que des francophones arrivent maintenant sur le territoire presque toutes les semaines.

Le gouvernement fédéral a augmenté la cible francophone en dehors du Québec à près de 10 %, mais le gouvernement du Nunavut ne dispose d’aucun programme spécifique en immigration.

« Si les gens arrivent et ils ne reçoivent pas d’appui de la part des organismes comme les nôtres, ça ne va pas les pousser à rester. Ils vont venir et ils vont vouloir repartir faute d’avoir été encadrés. On a besoin d’un peu plus de ressources pour pouvoir appuyer ces gens. »

— Francis Essebou, directeur Carrefour Nunavut

Selon Christian Ouaka, tous les enjeux évoqués sont au cœur de la problématique de la rétention des migrants francophones du territoire. Il indique que de 2001 à 2021, la population du Nunavut a augmenté de 37 % tandis que pour la même période, la population francophone a cru de 52 %.

« Il y a donc nécessité de favoriser les conditions d’établissement sur le long terme de notre communauté qui s’illustre par son dynamisme et sa capacité d’intégration dans le tissu social et économique territorial » conclut-il.