Les plus récentes statistiques du gouvernement du Canada indiquent qu’il y a eu quinze admissions de résidents d’expression française au Nunavut en 2022 et cinq de plus à la suite des trois premiers trimestres de 2023.
Dans un communiqué du 2 novembre dernier, l’Association des francophones du Nunavut a joint sa voix à celle de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada pour exprimer sa déception face aux nouvelles cibles en immigration francophone annoncées par Marc Miller, ministre de l’Immigration.
Ce dernier souhaite atteindre une cible progressive allant de 6 % en 2024 à 8 % en 2026, ce qui est, selon les deux organisations, très loin de répondre aux besoins des communautés francophones en situation minoritaire.
Un rêve de gamin
Natif de la banlieue parisienne, Mehdi Lamy a travaillé dans le domaine de l’ingénierie à Paris.
Il a entre autres œuvré sur le projet « Grand Paris Express » ; le nouveau métro reliant les principaux lieux de vie et d’activité en banlieue.
Depuis son jeune âge, il rêvait de venir travailler au Canada et a obtenu son visa Vacances-Travail (PVT).
Malgré une bonne situation, l’homme a tout laissé tomber pour réaliser son rêve.
« J’avais l’idée de venir au Canada, mais à chaque fois, ça se repoussait par rapport aux propositions de poste que j’avais, aux opportunités que j’avais sur Paris. Mais arrivé là, ces deux dernières années, je me suis dit : “Bon Mehdi, c’est maintenant ou jamais! Sinon, t’auras pas le temps de le faire, c’est maintenant qu’il faut se lancer et qu’il faut réaliser cet objectif que t’avais depuis jeune” », confie-t-il.
Étant en contact avec des amis ayant fait la même démarche et vivant à Montréal, il considérait que leur mode de vie était fort semblable de celui à Paris.
Sachant qu’il s’envolerait bientôt en sol canadien, il a participé au « Forum Destination Canada » à Paris, où des représentants de chaque province et territoire étaient présents.
Cet événement lui a permis d’en apprendre davantage sur le Nunavut et d’être conquis par les grands espaces, la qualité de vie, la présence de petites communautés et les opportunités professionnelles intéressantes.
« Je voulais vivre l’expérience canadienne tout en mettant en avant aussi mes compétences », précise celui qui agit à titre de conseiller en développement économique et tourisme au Carrefour Nunavut.
Ayant vécu à Paris, où le stress est omniprésent, il apprécie le rythme de vie du Nunavut et considère que la présence de la communauté francophone est un avantage.
« J’ai l’impression de prendre du temps pour moi. C’est incroyable! Pourtant, j’ai les mêmes heures de journée que j’avais à Paris », relate-t-il.
Puis, il se plaît à contempler les aurores boréales et les levers de soleil.
À son arrivée, il a été agréablement surpris de l’accueil de la communauté et s’est senti en confiance. Les invitations se sont rapidement multipliées, ce qui lui a permis de se créer un cercle d’amis.
Alors que certains lui avaient émis des commentaires sur le grand froid et le manque d’activités, Mehdi Lamy est bien content de ne pas avoir tenu compte de ces jugements.
« Moi, quand je suis arrivé en mars, tous les weekends pendant deux, trois mois, j’étais full, soit des soupers, soit des randos, soit des soirées… C’était incroyable! », se souvient-il.
Il confie maintenant être à Iqaluit dans une optique d’y vivre à long terme et souhaite réaliser les démarches pour obtenir sa résidence permanente et sa citoyenneté canadienne.
Surmonter les obstacles
Natif de la France et ayant en main un Bachelor de Lunetier Créateur lui permettant d’accéder au domaine de la lunetterie de luxe et la création, Olivier Bourit s’est envolé pour le Québec en septembre 2016.
Ayant le goût de l’aventure, il a souhaité prendre le large alors que le contexte était morose à cette époque dans son pays.
L’Allemagne, la Suisse et le Canada étant ses options, il souhaitait néanmoins que son diplôme soit reconnu pour pouvoir travailler dans son domaine d’études.
Après avoir réalisé des recherches, il a appris que cela serait le cas en choisissant le Québec.
Il raconte d’ailleurs qu’en 2010, la présidente de l’Ordre des opticiens d’ordonnances du Québec était venue dans l’un de ses cours pour faire de la promotion et avait donné une carte de l’organisation, qui est par la suite, toujours demeurée sur son bureau.
La facilité de communiquer dans son pays d’adoption a aussi pesé dans la balance.
« C’était l’occasion de changer de continent tout en parlant la même langue », souligne l’homme.
Celui qui souhaitait aussi apprendre l’anglais a également pu améliorer ses habiletés en habitant plusieurs années à Montréal.
Puis, Olivier Bourit est emménagé à Iqaluit en juillet 2023 après que son conjoint s’y soit déjà installé pour des raisons professionnelles.
Ayant d’abord décroché un contrat dans le domaine de l’optique pour faire la tournée des communautés, tout a été annulé deux jours plus tard, lui procurant une grande déception.
N’ayant plus d’emploi qui l’attendait au Nunavut, Olivier Bourit a décidé de demeurer à Montréal quelques mois supplémentaires. Il a ensuite postulé à l’École des Trois-Soleils et y travaille maintenant en tant qu’assistant de classe.
Ne connaissant pas du tout le territoire, il a pris des informations et a eu envie de vivre l’expérience du Grand Nord. Il avoue que son adaptation n’a pas été facile, car, à son arrivée durant l’été, il faisait un froid inhabituel et les précipitations étaient abondantes.
« Maintenant, je suis vraiment bien », déclare-t-il.
Tout comme Medhi Lamy, il s’est senti très bien accueilli et apprécie la communauté francophone. Il considère que les Iqalummiut sont très gentils, très avenants et très souriants ; davantage qu’au Québec d’ailleurs.
Il est aussi surpris par la force de la communauté.
Puisqu’il est emménagé à Iqaluit après son conjoint et que ce dernier avait déjà plusieurs connaissances, il a été facile pour lui de se créer un réseau social.
« Je me sens mieux intégré qu’au Québec », déclare-t-il malgré son arrivée récente à Iqaluit.
Selon lui, le fait que la communauté francophone n’est pas très grande et que tous sont en quelque sorte des étrangers fait en sorte que les gens s’ouvrent plus facilement.
IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix