Des shows de hip-hop à Iqaluit, il y en a eu beaucoup? Oui, bien sûr, après tout, il s’agit du genre musical dominant de notre époque. Il fait vibrer les jeunes et moins jeunes et, par sa prise de parole souvent décomplexée, il s’attaque aux sujets sociaux délicats sans tabou.
Des artistes locaux tirent leur épingle du jeu, mais ils ne sont pas nombreux. Des concerts de hip-hop en français? De mémoire d’Homme, celui de Samian au Franco-Centre en 2019 fut publicisé comme étant le premier. Webster, l’année suivante fut le deuxième et le dernier… Jusqu’à la prestation enflammée du Flo Franco dans le gymnase de l’école des Trois-soleils le 10 septembre dernier!
Un spectacle pour les jeunes
La grande différence entre ces concerts? Les deux premiers ont été présentés devant un public presque exclusivement adulte et ils se voulaient dénonciateurs et engagés en touchant des sujets plus matures tels que le racisme systémique ou la pauvreté endémique des groupes minoritaires. Le Flo Franco, artiste franco-ontarien d’origine haïtienne, quant à lui, est venu essentiellement pour faire la fête grâce à sa pop-urbaine vitaminée et à son excellent DJ de frère, Scorpion.
Son message est peut-être plus léger par moment, mais il s’adresse à un public scolaire plus jeune et force est d’admettre qu’il connait son métier. Visiblement ce n’était pas son premier concert dans une école!
On ne sait jamais d’avance si la sauce va prendre lors de ce type d’événement. Cette fois-ci, la connexion s’est faite dès les premières chansons et l’énergie maximale déployée par la centaine d’élèves présents n’a pas baissé d’un cran jusqu’au rideau.
Qualifier le concert d’historique serait une indubitable exagération, mais en y réfléchissant bien, est-ce que quelqu’un peut citer un autre moment franco-nunavois où plus d’une centaine d’enfants ont chanté, crié et sauté sans répit pendant plus d’une heure? Le Flo Franco y est parvenu avec ses refrains fédérateurs qui restent en tête, son positivisme inébranlable et sa gestuelle qui confirme sa connaissance des codes du genre.
Le crédit se partage, il serait injuste de reléguer DJ Scorpion, son partenaire de scène, au simple rôle d’accompagnateur. Grâce à ses beats up tempo, son charisme et son talent, il a su montrer qu’il était essentiel à la fête. D’ailleurs, son bout solo, bien intégré à la prestation, n’a pas fait baisser l’énergie d’un cran, bien au contraire.
Des commentaires unanimement positifs
Plusieurs jeunes ont confié qu’il s’agissait de leur premier concert hip-hop, comme ceux «qu’on voit sur YouTube». D’autres étaient étonnés de constater que du rap en français pouvait être «aussi l’fun qu’en anglais!»
Un enseignant fut surpris d’observer qu’un concert unissant des enfants de 5 à 17 ans puisse même avoir un début de succès. Les élèves du secondaire ont joué le jeu et se sont finalement franchement amusés, sautant bras dessus, bras dessous en criant les refrains avec un plaisir évident.
Comme s’il fallait se le rappeler, les jeunes ont besoin de ces moments rassembleurs. Merci à l’Association des francophones du Nunavut pour leur en avoir offert un. Ils vont s’en rappeler longtemps!