le Mercredi 22 janvier 2025
le Mercredi 18 Décembre 2024 8:00 Société

La moitié des enfants Nunavummiut de moins de 6 ans vivent dans la pauvreté

Un enfant sur deux âgé de moins de 6 ans au Nunavut vit en situation de pauvreté. — Crédit : Rapport « Grief Fills Our Land as Poverty Soars the 2024 Report Card on Child Poverty in Nunavut »
Un enfant sur deux âgé de moins de 6 ans au Nunavut vit en situation de pauvreté.
Crédit : Rapport « Grief Fills Our Land as Poverty Soars the 2024 Report Card on Child Poverty in Nunavut »
Préparé par l’Association des femmes inuit du Nunavut Amautiit en collaboration avec Campagne 2000, un rapport publié le 19 novembre dernier indique que le Nunavut présente le plus haut taux de pauvreté infantile au Canada. C’est également sur le territoire qu’a été enregistrée la plus forte augmentation chez les enfants de moins de 18 ans avec une hausse de 6 points entre 2021 et 2022 (41,8%).
La moitié des enfants Nunavummiut de moins de 6 ans vivent dans la pauvreté
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La lecture de l’introduction du rapport « Grief Fills Our Land as Poverty Soars the 2024 Report Card on Child Poverty in Nunavut » laisse présager que les données sont préoccupantes : « Le Rapport de la pauvreté au Nunavut de 2024 est affligeant. De plus en plus d’enfants souffrent de la faim. De plus en plus de familles sont en difficulté. Le territoire souffre », peut-on y lire.

Au Canada, les données de 2022 indiquent que près de 1,4 million d’enfants de moins de 18 ans vivaient en situation de pauvreté (18,1 %), soit une hausse de 2,5 points par rapport 2021 (15,6).

Une situation qui perdure

Jasmine Redfern, présidente de l’Association des femmes inuit du Nunavut Amautiit croit qu’il y aurait en réalité plus d’un enfant sur deux âgé de moins de six ans vivant en situation de pauvreté au Nunavut.

Le taux de pauvreté chez les enfants de moins de 6 ans à l’échelle nationale est de 18,9% au Canada. Ce taux est plus de 2,5 fois supérieur au Nunavut.

Source : Statistique Canada

« Le Nunavut affiche de loin les taux de pauvreté infantile les plus élevés et les hausses les plus importantes. Cette tendance est constante dans notre territoire », déclare-t-elle. 

Mesure du panier de consommation au Nunavut, à Terre-Neuve et Labrador, en Ontario, Saskatchewan et TNO.

Source : Statistique Canada

Le conseil d’administration de l’Association des femmes inuit du Nunavut Amautiit affirme que les résultats du rapport soulignent qu’une enquête plus approfondie est nécessaire pour mieux comprendre pourquoi la pauvreté chez les enfants est si élevée et augmente si rapidement.

« Ce que nous savons, c’est que le Nunavut a toujours eu des taux de pauvreté plus élevés depuis sa création et que les femmes et les enfants sont constamment touchés de manière disproportionnée par des facteurs comme l’iniquité des richesses. C’est pourquoi nous préconisons la mise en œuvre d’une analyse comparative entre les sexes fondée sur la culture dans l’élaboration des politiques et des programmes afin de s’assurer qu’il y a un impact équitable pour les personnes les plus touchées », déclare unanimement le conseil d’administration.

La mesure du panier de consommation (MPC) a été adoptée comme seuil officiel de la pauvreté au Canada en 2019 à la suite de la publication d’Une chance pour tous : la première Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté.

Selon la MPC, une personne ou une famille est considérée comme vivant dans la pauvreté si son revenu disponible est insuffisant pour acheter un panier prédéterminé de biens et de services nécessaires pour atteindre un niveau de vie de base modeste.

Pour 2023, la MPC appliquée pour une famille de cinq personnes, composée de deux adultes et trois enfants, était fixée à 121 791 $ à Iqaluit.

En comparaison, celle-ci était de 48 105 $ pour une famille de deux adultes et deux enfants dans une région rurale de la Saskatchewan.

Peu de progrès

Dans le rapport, l’Association des femmes inuit du Nunavut Amautiit réitère les mêmes recommandations qu’en 2023 pour les catégories suivantes : les programmes gouvernementaux, les politiques et subventions, les écoles et l’éducation, le soutien efficace pour l’alimentation traditionnelle et la chasse ainsi que le renforcement des capacités pour les solutions et la collecte de données dirigées par les Inuit.

« Nous ne sommes pas surpris par les résultats du rapport, mais nous sommes déçus par le manque de progrès à l’égard des recommandations entre les rapports. Nous n’avons reçu aucune réponse de la part du gouvernement ou d’organisations inuit », se désole le conseil d’administration de l’organisation.

En octobre dernier, la ville d’Iqaluit a annoncé son adhésion au programme de bons alimentaires visant à soutenir les familles inuit avec des enfants dans le cadre de l’Initiative « L’enfant d’abord » et du programme Principe de Jordan, en partenariat avec le Réseau des enfants autochtones du Canada.

L’Association des femmes inuit du Nunavut Amautiit prévoit que cette initiative aura un impact positif sur le bien-être des jeunes du territoire, mais se dit cependant préoccupée par la fin imminente du programme prévue pour le 31 mars 2025.

Elle tient cependant à souligner le fait que ce programme ne s’attaque pas aux raisons de la pauvreté, mais agit simplement comme une mesure temporaire pour soulager les familles d’enfants en situation de pauvreté.

« Nous savons que des recherches sont en cours pour évaluer l’impact de ce programme particulier et nous avons hâte de voir ses résultats. Mais nous savons que les prestations en espèces sont l’une des interventions les plus importantes pour atténuer les effets de la pauvreté chez les enfants », poursuit le conseil d’administration de l’Association.

L’Association souhaite maintenant que le programme de bons alimentaires soit prolongé au-delà de mars 2025 et que les gouvernements explorent d’autres options pour augmenter les prestations en espèces aux parents.