le Mercredi 22 janvier 2025
le Mercredi 4 Décembre 2024 8:00 | mis à jour le 4 Décembre 2024 11:09 Sciences et environnement

La présence d’ours polaires près des communautés : un phénomène de plus en plus courant ?

Kevin Saimata Pitsiulak, un résident de Kimmirut a réussi, à l’aide de son drone, à capturer des images d’ours polaires qui se trouvaient à proximité immédiate de la communauté.  — Crédit : Kevin Saimata Pitsiulak
Kevin Saimata Pitsiulak, un résident de Kimmirut a réussi, à l’aide de son drone, à capturer des images d’ours polaires qui se trouvaient à proximité immédiate de la communauté.
Crédit : Kevin Saimata Pitsiulak
L’estimation actuelle de la population d’ours blancs présents au Nunavut est d’environ 15 000 individus, ce qui correspond à plus de 90 % du nombre d’espèces au Canada. Dans certaines communautés du territoire, les ours se déplacent à proximité ou à travers la collectivité à certaines périodes de l’année.
La présence d’ours polaires près des communautés : un phénomène de plus en plus courant ?
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En août 2024, le décès d’un travailleur a été signalé près d’une île au sud-est d’Iqaluit à la suite d’une attaque de deux ours polaires.

Le mois dernier, une maman ourse et ses deux bébés ont été repérés par drone tout près de la communauté de Kimmirut. Des images d’ours affamés dans une décharge à Arviat ont fait le tour des réseaux sociaux fin novembre, tandis que d’autres signalements remontaient également du côté de Rankin Inlet.

Le ministère de l’Environnement du Nunavut informe que des résidents de plusieurs communautés ont déclaré avoir observé davantage d’ours que par les années précédentes et que ceux-ci ont été vus plus tôt que la moyenne dans certaines régions du territoire, en grande partie en raison des conditions de glace locales.

Davantage de temps passé sur la terre ferme

Selon le ministère, la répartition d’ours polaires sur le territoire varie considérablement d’une sous-population et d’une région à l’autre.

« Cela est dû en grande partie au fait que les ours polaires migraient avant la formation de la glace de mer. Les ours polaires ont tendance à s’accrocher à la lisière de la banquise, lorsque la glace ne s’est pas formée à l’automne, et ils migrent parfois vers le nord pour suivre le rivage plutôt que la lisière de la banquise », affirme Jalen Tagoona, gestionnaire Communications, éducation et sensibilisation au ministère de l’Environnement du Nunavut.

Les ours polaires passent ainsi chaque année plus de temps sur terre, ce qui les rapproche des communautés. Selon WWF-Canada, bien que les données scientifiques les plus récentes suggèrent que les populations mondiales d’ours polaires vont diminuer de 30 % d’ici 2050, certaines régions telles que l’Extrême-Arctique pourraient voir le nombre d’ours polaires augmenter, à mesure que la banquise deviendrait plus saisonnière, et l’écosystème plus productif. Des estimations récentes suggèrent aussi que l’Arctique sera complètement libre de banquise d’été dès 2030.

« Un tel changement aurait des répercussions monumentales sur l’écosystème marin de l’Arctique, y compris sur les ours polaires, ce qui renforce la nécessité de surveiller continuellement les populations en utilisant des approches scientifiques et l’Inuit Qaujimajatuqangit, et en prenant des décisions de gestion au niveau des sous-populations à mesure que de nouvelles informations deviennent disponibles ».

— Brandon Laforest, spécialiste principal des espèces arctiques pour WWF-Canada.

Plusieurs éléments peuvent attirer les ours polaires près des communautés tels que des sources de nourriture et des odeurs fortes. « Les ours polaires se fient à leur odorat pour trouver des proies et ils peuvent être attirés par les communautés ou les camps, lorsqu’ils sont à la recherche de nourriture », ajoute Brandon Laforest.

En novembre dernier, Kevin Saimata Pitsiulak a réussi à capturer par drone les images d’une maman ourse et de ses deux bébés, qui revenaient sans cesse près de Kimmirut.

Les ours se trouvaient à ce moment à un peu plus de 2,5 kilomètres au nord du hameau.

« Les ours revenaient dans la communauté depuis environ trois à quatre jours et heureusement, ils sont partis, car ils allaient être abattus pour des raisons de sécurité », relate-t-il.

Les oursons et la mère ont quitté les environs d’eux-mêmes, sans avoir été pris en chasse.

Crédit : Kevin Saimata Pitsiulak

Au cours de cette période, l’homme indique que les résidents étaient tenus au courant de la localisation des ours afin que la population demeure en sécurité.

Selon Kevin Saimata Pitsiulak, ce serait l’odeur d’un ours qui avait été capturé et dont la viande a été coupée ainsi que la présence de phoques cachés sous la neige qui étaient destinés aux chiens qui auraient attiré le trio.

Quelques conseils

Si un ours est observé à proximité d’une communauté, le ministère de l’Environnement rappelle que l’agent de conservation local ou le gardien de la faune doit être immédiatement informé puisque ceux-ci sont équipés de façon appropriée pour mener des actions de dissuasion, assurant ainsi la sécurité des Nunavummiut. Si cette personne juge que l’animal représente un risque pour la vie ou les biens, l’ours sera abattu.

« En l’absence d’un responsable de la faune, une personne est légalement autorisée à tuer un ours polaire pour défendre sa vie ou ses biens », précise Jalen Tagoona.

En tout temps, le ministère de l’Environnement rappelle qu’il est essentiel de demeurer vigilant et de mettre en pratique les mesures de sécurité.

Les lignes directrices générales pour éviter les rencontres dangereuses comprennent les déplacements en groupe, l’installation soigneuse du campement dans les zones où les lignes de vue sont bonnes et non le long des couloirs de déplacement, le port d’un moyen de dissuasion des ours et d’armes à feu ainsi que le respect des recommandations locales de l’agent de conservation local.

Il est également important de pouvoir reconnaître les signes de présence d’ours dans la région et d’avoir une idée générale du comportement des ours.

Pour sa part, l’organisation WWF Canada apporte son soutien à l’Association des chasseurs et trappeurs Issatik à Whale Cove en fournissant des fonds qui permettent d’organiser une patrouille de surveillance des ours polaires pour assurer la sécurité des gens et tenir les ours loin des ennuis.