Deux nouveaux services sont maintenant disponibles en français, une nécessité vu la potentielle complexité des sujets et l’importance de les aborder dans les règles de l’art, accompagné de spécialistes. La langue ne devrait jamais devenir une barrière en cette contrée qui se doit de respecter les langues officielles. Les franco-nunavois n’auront plus à se fier à la chance pour obtenir ces services essentiels. Il reste maintenant à partager la bonne nouvelle.
De quoi s’agit-il?
Deux volets donc, sous la forme d’une aide juridique et une aide fiscale en français d’une durée de 4 heures, qui sont financés via une subvention des gouvernement canadien et nunavois. Ces services sont disponibles en présentiel pour les résidents d’Iqaluit, mais aussi à distance pour les autres communautés du territoire.
La procédure est simple : un rendez-vous à l’AFN, l’ouverture d’un dossier puis une mise en relation avec le cabinet de M. Jean-Claude Nguyen qui a le mandat de donner le même service qu’en anglais, ce qui n’est pas toujours facile ici. Des conditions sont précises : être membre de l’association, et avoir un revenu annuel de moins de 100 000$ (180 000$ pour les couples).
M. Nguyen, qui a pris la parole dans sa plus belle robe d’avocat, a pu répondre en direct à quelques questions de la foule allant des frais de déménagement aux déductions de voyage en passant par les taux d’impositions. Rassurant, il a garanti tant la confidentialité des services que l’égalité avec ceux offerts en anglais.
Des discours, des discussions et des bons petits plats
La soirée s’est déroulée inévitablement dans le Franco-Centre, quartier-général de l’AFN depuis plus de 40 ans. Une cinquantaine de convives s’étaient déplacés à l’invitation publique de l’organisation qui recevait pour l’occasion, plusieurs représentants de hauts niveaux, du fédéral et du territorial.
Goump Djalogue, président en charge, a ouvert la ronde des discours de façon sentie, en mettant l’emphase sur l’ouverture, le dynamisme et la force de la francophonie locale. Son élocution à mis la table pour M. Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada depuis 2018, qui parut fortement impressionné par la résilience, la diversité et l’unicité d’une communauté qu’il découvrait pour la première fois en personne.
Rappelant l’importance de maintenir une langue vibrante, il a répété que son rôle en est un de protecteur et de promoteur, qu’il faut être ambitieux tout en ne prenant jamais rien pour acquis des institutions. Sa conclusion pourrait tenir en un mot : vigilance!
C’est sous les applaudissements que s’est ensuite présentée Mme Karliin Aariak, commissaire aux langues officielles du Nunavut. Sous le signe rassembleur de l’égalité, elle fut éloquente et franche. Le combat des langues française et inuit dans une anglosphère parfois étouffante comporte de nombreuses similitudes. C’est ce qu’elle a soulignée, notant au passage qu’elle utilise fréquemment l’exemple du français qui est vocal, fort et énergique dans ses demandes quand vient le temps de la reconnaissance des droits. Un aspect de la communauté qui peut inspirer les Inuit. Sa conclusion fit mouche dans la salle : « Ce n’est pas être impoli (rude), d’exiger l’application des lois linguistiques! »
Pierre Ducy, du gouvernement du Nunavut, secteur Patrimoine Canada, a pris le relais et le micro pour vanter la stabilité démographique de la communauté francophone, mais surtout pour offrir l’aide de son bureau pour la réalisation de projets francophones nunavois.
Vint finalement M. Christian Ouaka, directeur général de l’AFN, qui entra dans le vif du sujet, en détaillant les tenants et aboutissants des deux projets pour lesquels tout ce beau monde s’était déplacé.
Ces longues discussions nourrissaient peut-être l’esprit, mais c’est avec plaisir que les convives s’attablèrent ensuite devant l’excellent buffet offert par l’AFN pour terminer la rencontre sur une note plus festive. Après tout, deux nouveaux services en français d’un coup, ça se fête!