Depuis de nombreuses années, le Pitquhirnikkut Ilihautiniq/Kitikmeot Heritage Society rêvait d’un espace dédié à l’immersion inuinnaqtun et conçu spécialement pour refléter le design, l’architecture et les besoins inuit.
Avant l’ouverture de Kuugalaaq, l’organisation a géré une gamme complète de programmes et d’ateliers au Centre culturel et bibliothèque communautaire May Hakongak.
Bien que cet endroit fût incroyablement précieux pour la communauté pour se rassembler, accéder à des ressources et explorer la culture inuinnait, l’espace nécessaire pour une immersion à grande échelle en inuinnaqtun demeurait insuffisant.
Une programmation pour tous
Étant considérée comme en voie de disparition, la plupart des estimations indiquent que la langue inuinnaqtun pourrait s’éteindre dans moins de deux générations.
Puisque la majorité de ses locuteurs sont des aînés, il n’existe pas de transmission naturelle à la maison, faisant en sorte que les plus jeunes générations n’apprennent pas la langue.
En tant qu’organisation à la tête de la revitalisation de l’inuinnaqtun, Pitquhirnikkut Ilihautiniq/Kitikmeot Heritage Society travaille à créer des mécanismes extérieurs pour favoriser l’immersion linguistique et accroître la maîtrise de la langue.
Depuis toujours, les générations d’Inuinnait ont appris simplement en étant en présence des générations précédentes.
«Observer, écouter, poser des questions, recevoir des corrections, des commentaires et des conseils. Aujourd’hui, avec un espace spécialement conçu pour l’immersion inuinnaqtun, nous estimons que notre programmation est en mesure de refléter une approche inuinnait plus holistique que jamais auparavant», souligne Lyndsey Friesen, gestionnaire des communications et de la philanthropie à Pitquhirnikkut Ilihautiniq/Kitikmeot Heritage Society.
Au cours de la prochaine année, plusieurs activités sont prévues dans le nouveau bâtiment.
Depuis près de 25 ans, le programme des aînés en formation proposé par l’organisation emploie de trois à cinq aînés à raison de quatre jours par semaine. Ces employés ont comme mission d’encadrer la prochaine génération d’aînés, en plus de soutenir les programmes continus de revitalisation de la langue et de la culture.
Des programmes de couture pour que les femmes renouent avec les arts traditionnels inuinnait et adoptent le slow fashion ainsi que des programmes de pêche et de fabrication d’outils pour permettre aux hommes de renouer avec les technologies et les compétences traditionnelles des inuinnait en matière de pêche, de récolte, de fabrication et d’utilisation d’outils sont aussi au calendrier.
À cela s’ajoutent des ateliers de fabrication d’arcs pour revitaliser les compétences autour de la fabrication d’arcs traditionnels inuinnait et apprendre à les utiliser pour la chasse.
Une infrastructure durable
Selon Lyndsey Friesen, la plupart des espaces occupés dans les communautés de nos jours sont coûteux, fabriqués avec des matériaux de qualité inférieure et importés.
Elle estime que ces bâtiments sont configurés dans des conceptions qui ne conviennent ni au climat, ni à la culture et au mode de vie inuit.
D’une superficie de 2550 mètres carrés, Kuugalaaq est un espace hautement personnalisé qui comprend des lieux extérieurs pour soutenir les activités culturelles ainsi qu’un aménagement paysager expérimental avec des espèces végétales locales pour l’adaptation au climat, la nutrition et l’utilisation culturelle.
Conçues selon une approche modulaire, de nombreuses composantes ont été construites et démontées en Alberta, puis réassemblées sur place à Cambridge Bay afin de réduire la production de déchets.
Kuugalaaq a aussi été réalisé en fonction des concepts de l’architecture traditionnelle inuit tels que les techniques d’énergie solaire passive et de protection solaire ainsi que l’orientation des bâtiments.
Les matériaux provenant d’entreprises du Nord et appartenant à des Autochtones ont également été priorisés.
Un vaste programme de surveillance pour évaluer la performance du bâtiment a été élaboré afin de fournir des données en temps réel pour éclairer les constructions futures sur le territoire.
Grâce à plusieurs capteurs intégrés dans le nouveau bâtiment, il est possible d’en surveiller les performances à la fois en temps réel et sur une longue période afin d’analyser les tendances, de rechercher des anomalies et d’évaluer si tout fonctionne comme prévu.
En plus de Kuugalaaq, six autres bâtiments communautaires représentant une gamme de méthodes de construction conventionnelles et avancées sont aussi surveillés et analysés par l’organisation.