S’appuyant sur l’histoire de l’art, les études visuelles, les analyses scientifiques et les connaissances locales, l’étude « From the Floe Edge » se penchera sur la façon dont les changements climatiques affectent la glace de mer et l’impact de ce phénomène sur la communauté.
Par la gravure, le dessin et l’imagerie satellite, l’étude communautaire et visuelle « From the Floe Edge » représente de nouvelles recherches historiques et géographiques sur les histoires, les souvenirs, la science et les histoires visuelles des conditions de la glace de mer.
Avec comme chercheuse principale Dre Isabelle Gapp de l’Université d’Aberdeen, l’objectif de l’étude est de mieux comprendre les conditions passées, présentes et futures de la glace.
Des recherches sur le sujet ont déjà été menées autour de Kinngait, mais elles se sont surtout concentrées sur la surveillance de l’état de la glace de mer pour la navigation et le transport.
Des œuvres qui « parlent »
L’un des principaux objectifs de la West Baffin Cooperative est d’identifier des opportunités nouvelles et inattendues pour ses artistes.
« Dans le cas de ce projet, Isabelle Gapp de l’Université d’Aberdeen a visité Kinngait avec un vif intérêt à travailler avec la West Baffin Cooperative et nous avons trouvé une plate-forme inhabituelle et très excitante sur laquelle collaborer ! Une plate-forme qui peut accueillir, l’expression culturelle aux côtés de la science, et qui permet une exploration de l’art visuel et de l’environnement changeant », affirme William Huffman, directeur commercial à la West Baffin Cooperative.
Tout au long de cette étude, les chercheurs collaboreront avec des artistes, des chasseurs et des résidents inuit qui dépendent de la glace de mer et s’intéresseront particulièrement à la compréhension des indicateurs locaux importants de l’évolution de la glace et de la façon dont ceux-ci ont changé au cours des trois dernières décennies.
Pour la West Baffin Cooperative, le choix de s’engager dans ce projet se veut une réponse à ce que les artistes inuit documentent dans leur travail en lien avec leur environnement, la terre, la mer et l’air.
« Bien que nos artistes n’aient généralement pas eu l’intention de décrire scientifiquement les changements dans la glace de mer, le fait qu’il y ait une inspiration créative dérivée de ce qui les entoure signifie qu’ils ont capturé des données visuelles au fil du temps, ce qui est maintenant extrêmement important pour la communauté scientifique », indique William Huffman.
Jusqu’à présent, les universitaires et les glaciologues ont passé en revue les travaux existants des artistes de Kinngait, synthétisant les images de la glace de mer et apprenant de ces représentations.
L’un des artistes dont le travail sera utilisé dans le cadre de cette recherche est Qavavau Manumie qui explore les problèmes contemporains du changement climatique dans l’Arctique.
Résident de Kinngait, Qavavau Manumie observe depuis longtemps les changements environnementaux dans sa communauté et la façon dont ils affectent de plus en plus la terre, les animaux et les résidents du Nord.
Son travail combine aussi la flore et la faune arctiques locales avec des formes abstraites stylistiques.
Les œuvres de l’artiste présentent souvent de la glace fissurée ou brisée, démontrant la réalité actuelle selon laquelle la banquise met plus de temps à geler à l’automne et fond plus rapidement au printemps.
Il met également en lumière la perspective animale.
Au cours des cinq prochaines années, des chercheurs visiteront Kinngait à quelques reprises pour travailler directement avec les artistes.
« Le fait que cette initiative se développera au fil des ans signifie qu’il y a du temps pour que le projet évolue et change ; nous attendons avec impatience des découvertes surprenantes! », s’enthousiasme William Huffman.
Un partenariat gagnant-gagnant
Cette recherche sera bénéfique tant pour les artistes que pour les chercheurs.
« Je pense que c’est fondamentalement une question de savoir comment la science apprendra de l’œil vif des artistes de Kinngait, et comment la communauté des artistes comprendra plus clairement l’importance de leur travail dans un contexte plus scientifique ou basé sur la recherche », avance William Huffman.
Cette étude représente une occasion pour qu’une discussion sur l’évolution climatique ait lieu entre des voix apparemment non connectées démontrant que les deux perspectives ont plus de chevauchements et de liens que prévu.
« Le fait que cette collaboration se produise sur le terrain ici fait du Nunavut un chef de file dans une nouvelle façon de penser le changement planétaire », estime le directeur commercial.
Le projet est rendu possible grâce à une subvention de 447 000 $ du programme de recherche interdisciplinaire international Knowledge Frontiers de la British Academy.