le Mercredi 22 janvier 2025
le Mercredi 3 juillet 2024 8:05 | mis à jour le 3 juillet 2024 19:12 Local

La St-Jean Baptiste à Iqaluit : Où sont les francophones?

  Crédit : Vincent Desrosiers
Crédit : Vincent Desrosiers
La St-Jean-Baptiste est la fête de tous les Canadiens-français. Peut-être en se l’appropriant ostensiblement, les Québécois, sans le vouloir, ont nui à sa célébration hors-Québec.
La St-Jean Baptiste à Iqaluit : Où sont les francophones?
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Combien d’Acadiens disent que leur fête, c’est le 15 août et qu’ils ne sont surtout pas Québécois? Que dire du méconnu 25 septembre des Franco-Ontariens? Et ces Québécois, qui ignorent tout de ce qui se fait en français à l’extérieur de leur Belle province?

Querelles ridicules entre francophones hors-Québec et Québécois, tous devraient pourtant se rappeler la précarité de leur culture dans cet océan anglophone assimilant, qui réduit, bon an mal an, la résonnance de la langue d’Antonine Maillet, de Gaston Miron ou de Patrice Desbiens.

Faisant fi de ces algarades, le Franco-Centre tente de maintenir le bateau de la fierté linguistique à flot. C’est son mandat après tout!

Les francophones d’Iqaluit ne sont plus le bloc monolithique d’il y a 45 ans. Comment réunir tous ces francophones d’origines disparates? On penserait que la langue commune suffirait, ce n’est pas le cas. Le chemin le plus difficile, mais le plus payant à long terme, est de varier les évènements et de compter sur la curiosité des gens.

La St-Jean-Baptiste, point culminant de l’année d’activités du Franco-Centre durant trente ans, s’efface lentement. Pas de feu de joie, peu de spectateurs, pas de fleur-de-lys ou de souhaits, c’est la sobriété tant chez les gens que dans le décorum.

Si la fête se réinvente, il faudra faire vite, car elle est sur la voie de la disparition totale dans l’indifférence.

L’artiste acadien Plywood Joe, accompagné d’un solide band rock, a vite su charmer les quelques spectateurs attentifs à son offre.

Crédit : Vincent Desrosiers

De la visite de la Baie des Chaleurs

C’est dans cette conjoncture que s’est présenté Plywood Joe sur les planches du quartier-général des francophones d’Iqaluit.

Peu connu ici, l’artiste acadien, accompagné d’un solide band rock, a vite su charmer les quelques spectateurs attentifs à son offre. En effet, la qualité des chansons ne trompait pas, nous avions ici affaire à un vrai pro, un jeune vétéran qui maitrise son art et qui sait se faire généreux avec son public.

Ses chansons énergiques, tantôt personnelles, souvent drolatiques, auraient amplement suffit à rassasier les plus exigeants, mais il faut souligner que, pour la première fois depuis longtemps lors d’un concert de St-Jean ici, un medley de chansons connues fut intégré au set.

Soulignant ainsi la fête pour laquelle nous étions réunis, cette attention fut très appréciée. Tous ceux qui ont pu savourer ce solo de trompette à bouche hilarant, sur la pourtant émotive Juste une p’tite nuite des Co-locs, s’en rappelleront longtemps.

D’ailleurs, en fermant les yeux, on pouvait se croire en présence de Dédé Fortin lui-même tant la voix était similaire et juste.

Riel Gallant et Jens Jeppesen, membres du groupe Aubin pi la SCB, sont des habitués du Franco-Centre.

Crédit : Vincent Desrosiers

Une première partie impeccable

Riel Gallant, leader du groupe Aubin pi la SCB, est un habitué du Franco-Centre. L’ancien résident d’Iqaluit, maintenant basé au Nouveau-Brunswick, foulait ses planches pour une énième fois, à son plus grand bonheur et au notre.

Lui aussi, accompagné d’un band talentueux bien rôdé et d’un guitariste local accompli, Jens Jeppesen, il a su embarquer la foule dans son trip musical folk-trash qui rappelle les Chiens de ruelles.

Ce groupe québécois qui avait donné un spectacle mémorable de la St-Jean de 2019, auquel il avait assisté, fut l’inspiration originale de son aventure en studio et sur scène.

Très à l’aise, il a mis le public dans sa petite poche avec sa bonhomie et son bagou. Le côté local du spectacle, il a composé et enregistré ses démos ici après tout, ne trompait personne, il s’agit d’un produit de qualité qui peut rivaliser avec les ténors du genre, un style musical qui attire de plus en plus de gens, particulièrement depuis les succès bien mérités d’un groupe comme Québec Redneck Bluegrass Project. Aubin pi la SCB est assurément un nom à surveiller.

Donc, un coup d’épée dans l’eau, la St-Jean 2024? Au niveau de l’assistance peut-être, mais certainement pas au niveau de l’offre.

Cependant, il est temps de s’inspirer d’une célèbre publicité Labatt 50 des années soixante-dix : « Nous sommes 700 francophones en ville, il faut se parler! »

Nous avons un centre francophone, il faut le remplir! Surtout lorsque nous avons la chance d’avoir pareille visite! Bonne St-Jean de la part du Nunavoix!