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le Mercredi 14 février 2024 13:00 | mis à jour le 8 mars 2024 15:22 Actualités

Développer l’économie océanique au Nunavut, mais pas à n’importe quel prix !

Le 23 janvier dernier, la Supergrappe des Océans du Canada a tenu au Nunavut sa première rencontre depuis le renouvellement de son financement il y a 5 ans.    — Vincent Desrosiers
Le 23 janvier dernier, la Supergrappe des Océans du Canada a tenu au Nunavut sa première rencontre depuis le renouvellement de son financement il y a 5 ans.
Vincent Desrosiers
En décembre 2022, la Supergrappe des Océans du Canada (SOC) a lancé Ambition 2035, une initiative visant à porter l’économie océanique du Canada à 220 milliards de dollars. Possédant 50 % du littoral canadien, le Nunavut présente un grand potentiel pour se développer dans ce secteur.
Développer l’économie océanique au Nunavut, mais pas à n’importe quel prix !
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L’Ambition 2035 représente cinq fois les avantages économiques pour le Canada provenant de l’économie océanique avec une contribution de plus de cinq pour cent au produit intérieur brut (PIB) du pays.

Au Nunavut, l’économie océanique est actuellement composée principalement des pêches tant côtières qu’extracôtières, du tourisme et du transport maritime.

Historiquement, il y a eu peu d’investissements dans l’économie océanique au Nunavut, ce qui permet d’envisager plusieurs possibilités pour l’avenir. 

À lui seul, le tourisme de croisière procure des retombées économiques annuelles entre 600 000 $ et 900 000 $ aux collectivités du Nunavut par le biais des frais d’escales, des achats de passagers et de l’embauche de guides et de services locaux.

La priorité à l’environnement

Le 23 janvier dernier, la SOC a tenu au Nunavut sa première rencontre depuis le renouvellement de son financement il y a 5 ans.  

L’atelier a entre autres réuni des organisations régionales, des gouvernements, des ministères et organismes fédéraux, des entreprises et des chercheurs.

Cette réunion a donné lieu à des discussions exploratoires sur l’économie océanique et les possibilités technologiques qui peuvent contribuer à la santé des océans et au développement économique durable dans le Nord.

La SOC souhaitait y entendre l’avis des organisations du Nunavut et des Nunavummiut en lien avec la situation actuelle de leur économie marine, ce qu’ils entrevoient pour le futur et voir la possibilité d’établir des partenariats.

« Parmi les principales possibilités de croissance identifiées lors de l’atelier, citons les pêches côtières, l’interopérabilité des données, les énergies renouvelables, l’économie de la conservation, le tourisme et le transport maritime. L’un des principaux points à retenir de l’atelier est que toute solution doit être dirigée par la communauté et doit refléter ses valeurs et ses priorités », affirme Nancy Andrews, responsable de l’engagement et des communications pour la Supergrappe des Océans du Canada.

Le fait que le développement communautaire et l’environnement continuent de passer en premier et que toute solution doit répondre à ces deux objectifs avant de tenir compte des impacts commerciaux a aussi été soulevé.

« De plus, comme nous l’avons vu dans d’autres régions du Canada et dans le monde, l’activité accrue dans l’économie océanique et l’innovation contribuent à la création de possibilités de formation, d’emplois bien rémunérés et au développement économique durable des collectivités », ajoute Nancy Andrews.

L’économie océanique peut profiter aux Nunavummiut par le biais d’emplois directs dans l’économie maritime ou encore, grâce à un soutien économique maritime indirect.

Un exemple pour illustrer cette dernière catégorie consiste en une personne qui utilise des sous-produits de la chasse au phoque pour fabriquer des kamiks ou des mitaines et les vend par la suite.

Cette économie profite aussi aux résidents du territoire par la recherche et la surveillance indirectes des milieux marins.

Le gouvernement du Nunavut n’a pas de cible précise concernant le développement de son économie océanique.

Les idées visant à accroître cette économie sont néanmoins exprimées dans le mandat Katujjiluta du gouvernement, où la diversification économique est l’une des principales priorités. 

La création et le soutien de possibilités qui permettent aux Inuit et aux Nunavummiut d’avoir un meilleur accès à des emplois dans les secteurs de la pêche, du tourisme et d’autres activités maritimes d’une manière significative et qui respectent les valeurs sociétales inuit font partie des domaines prioritaires du mandat en matière de diversification.

Au Nunavut, l’économie océanique est actuellement composée principalement des pêches tant côtières qu’extracôtières, du tourisme et du transport maritime.

Vincent Desrosiers

Comment le Nunavut se distingue-t-il ?

Les vastes zones côtières du territoire, ornées de fjords et de glaciers ainsi que le riche patrimoine culturel a positionné le Nunavut comme une destination attrayante.

Au cours des dernières années, le nombre de visites de navires de croisière a augmenté de façon constante avec plus de 30 visites communautaires en 2023.

« L’afflux de touristes de croisière stimule non seulement l’économie locale, mais offre également des possibilités d’échanges culturels entre les visiteurs et les communautés inuit », souligne Weichien Chan, gestionnaire des communications au ministère du Développement économique et des Transports du Nunavut.

Le programme de formation en croisière Nalunaiqsijiit est offert aux Inuit du Nunavut qui souhaitent explorer une carrière dans cette industrie.

Un atelier pour aider les collectivités à mieux comprendre l’industrie de la croisière et à se préparer à tirer le meilleur parti du passage des croisiéristes dans leur communauté est aussi offert.

La diversité de la vie marine au Nunavut et l’occasion d’en faire l’observation contribuent aussi à l’écotourisme et fournissent des revenus aux pourvoyeurs locaux.

« Les activités d’observation de la faune contribuent aux entreprises locales, créant des possibilités d’emploi pour les guides, les exploitants de bateaux et d’autres services de soutien. L’impact économique du tourisme faunique s’étend au-delà des revenus directs, influençant les industries connexes telles que l’accueil et le transport », ajoute Weichien Chan.

Les pratiques comme la chasse au phoque et la pêche traditionnelle favorisent la préservation du patrimoine inuit et permettent aux visiteurs d’acquérir une meilleure compréhension de la relation symbiotique entre le peuple inuit et l’océan.

Les revenus ainsi générés aident à la préservation et à la transmission des connaissances traditionnelles d’une génération à l’autre.

IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix