À la suite à des soupçons de fraude à l’identité, la Nunavut Tunngavik Incorporation (NTI) avait contacté la GRC en mars 2023. Une enquête de plusieurs mois a permis de révéler qu’entre octobre 2016 et septembre 2022, ces trois personnes avaient demandé et obtenu le statut de bénéficiaire inuit en tant qu’enfants inuit adoptés par l’intermédiaire de la NTI.
« Ces femmes se sont servies du statut de bénéficiaire inuit pour détourner des fonds de la Kakivak Association et de la Qikiqtani Inuit Association auxquels seuls les Inuit ont accès en obtenant des subventions et des bourses », a indiqué Capitaine Tammy Keller dans un communiqué de presse.
Karima Manji a affirmé que les jumelles Amira et Nadya Gill étaient ses enfants adoptifs et a identifié une femme Inuk, Kitty Noah (décédée durant l’été 2023), comme leur mère biologique. La famille de Mme Noah s’est dite choquée que le nom de leur mère, qui était une personne vulnérable, ait été utilisé de façon frauduleuse.
Dans une déclaration sur Facebook au printemps 2023, Noah Noah, le fils de Kitty Noah avait indiqué que sa famille recherchait la vérité, la justice et la responsabilité.
Plusieurs milliers de dollars à rembourser
L’organisme Indspire, qui octroie des bourses aux étudiants des Premières Nations, Inuit et Métis, avait offert plusieurs milliers de dollars aux sœurs Gill, à travers le programme « Bâtir un avenir meilleur » (Building Brighter Futures), afin qu’elles poursuivent leurs parcours universitaires respectifs.
« Les programmes d’Indspire exigent une preuve de l’identité autochtone et nous prenons très au sérieux toute fausse représentation de cette preuve. À la suite de l’enquête de la NTI, Indspire a demandé la restitution de tous les fonds que Nadya et Amira Gill ont reçus […] », a indiqué Brandon Meawasige, vice-président de l’organisme, dans un communiqué de presse du 6 juillet 2023.
L’organisme Indspire n’a pas répondu à une demande d’entrevue ni indiqué quel montant devrait être remboursé.
Un renforcement des procédures
De son côté, NTI a rappelé que les « fausses déclarations au sein de la communauté inuit sont rares, car l’ensemble de la communauté est très unie ». Bien que considérant ce cas comme isolé, NTI a pris des mesures afin de renforcer le processus d’inscription, alors que les sœurs Gill avaient obtenu des documents confirmant leur identité inuit en fournissant une fausse déclaration.
Désormais, les candidats sont tenus de fournir une copie de leur certificat de naissance détaillé. L’acte de naissance sera un élément de preuve clé. Dans les cas particuliers où ce document ne pourrait pas être fourni, les candidats sont dorénavant tenus de fournir au moins deux éléments de preuve supplémentaires, tels que des dossiers d’hôpital/de naissance, des dossiers judiciaires, ou encore des documents d’adoption.
« NTI reste déterminé à préserver l’intégrité des inscriptions des Inuit et à garantir que seuls ceux qui répondent véritablement aux critères soient inscrits. Ces mesures sont essentielles au maintien du patrimoine culturel et de l’identité de la communauté inuit du Nunavut », a précisé Kevin Kablutsiak, directeur des communications.