Depuis près de 30 ans, le RDÉE Canada œuvre au développement économique et à la vitalité des communautés francophones et acadienne en situation minoritaire à travers le pays. Cette position privilégiée nous permet de constater quotidiennement que l’immigration francophone n’est pas qu’une question de langue ou de culture, mais également un moteur essentiel de prospérité.
Aujourd’hui, près de 3 millions de locuteurs francophones vivent en situation minoritaire au Canada. Cependant, le poids démographique des francophones hors Québec continue de diminuer -passant de 3,8 % en 2016 à 3,5 % en 2021.
Ce recul rappelle l’importance de maintenir une proportion significative d’immigration francophone à l’échelle nationale, pas seulement au Québec. C’est essentiel non seulement pour combler les pénuries de main-d’œuvre sectorielles, mais aussi pour préserver le poids démographique, culturel et politique des francophones dans l’ensemble du pays.
L’année dernière, plus de 30 000 immigrants francophones ont choisi de s’établir au Canada et à l’extérieur du Québec, une hausse encourageante pour les communautés francophones en situation minoritaire.
Pour que l’immigration soit un succès autant pour la personne qui fait le choix d’immigrer au Canada que pour la communauté d’accueil, il est impératif d’améliorer notre capacité à recevoir les nouveaux arrivants et à s’intégrer. Avoir accès à un emploi, un logement, des écoles, des soins de santé, c’est la base. Mais avoir aussi la possibilité de participer à la vie communautaire, de se faire des amis et de s’épanouir autant professionnellement que personnellement sont aussi des éléments clés du succès.
Si la mobilité de la main-d’œuvre et la reconnaissance des acquis se heurtent encore à de nombreux obstacles au Canada – les provinces s’imposant entre elles trop de barrières – la situation est sans doute encore plus marquée lorsqu’il s’agit de la main-d’œuvre issue de l’immigration.
Il y a quelques mois, je me trouvais dans une province dans le cadre de mes fonctions. Dans la même conversation où on me parlait de la crise du logement et de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction, on m’a raconté l’histoire de ce maître électricien avec 20 ans d’expérience dans son pays d’origine, récemment débarqué dans cette province avec sa famille. L’organisation responsable d’attribuer les permis de compétences aux électriciens aurait refusé que cette personne passe un test de compétences et l’aurait plutôt forcé à commencer au bas de l’échelle, comme si elle sortait à peine de l’école des métiers.
Ce type de corporatisme est d’une grande nuisance. Parce que s’il faut évidemment protéger le public en assurant que certains corps professionnels possèdent sans aucun doute les compétences requises à leur travail, ne même pas faire passer un examen à une personne pour ensuite établir la mise à niveau nécessaire est déplorable et incohérent avec les besoins criants.
Le pire, c’est que nous entendons des histoires similaires trop souvent, partout au pays et rien n’y change.
Et saviez-vous que la population francophone à travers le monde est en pleine croissance? Certaines projections la voient doubler d’ici quelques décennies à peine pour passer à 700 millions de personnes. Si le Canada se positionne bien, il y aura là des opportunités incroyables pour notre pays et la présence de deux langues officielles devrait être un avantage comparatif important pour les affaires et les partenariats.
Mais pour saisir ces opportunités, nos entreprises doivent pouvoir compter sur une main-d’œuvre qualifiée, diversifiée et fière de s’exprimer en français.
Dans un contexte où les débats politiques sur l’immigration se tendent, nourris par les défis liés au logement, à la pression sur les services publics et à l’incertitude économique, il est crucial de rappeler une évidence trop souvent occultée : l’immigration demeure une richesse, une force et une fierté collective. C’est notre responsabilité commune d’assurer une expérience positive autant pour la personne immigrante que pour la communauté d’accueil.
Le français fait partie de notre héritage, de notre identité et de notre avenir. Préserver et faire rayonner cette langue partout au pays, incluant dans les 9 provinces et les 3 territoires où elle est en minorité linguistique, c’est aussi reconnaître celles et ceux qui la font vivre, jour après jour, dans nos écoles, nos entreprises, nos institutions et nos quartiers. Les faits sont têtus et à l’évidence, la pérennité de la francophonie canadienne hors Québec passe beaucoup par l’immigration francophone. Célébrons-la cette semaine, en faisons-en un succès structurel.
Avec les informations de Julien Cayouette et Camille Langlade
Le gouvernement du Canada se concentre désormais sur la réduction des couts et exige des économies de 60 milliards de dollars sur cinq ans à travers ses 27 ministères, à la suite de l’examen exhaustif des dépenses engagées par chacun d’entre eux.
Déficit record et réduction des couts
Le déficit projeté pour 2025-2026 est de 78,3 milliards de dollars, soit 2,5 % du produit intérieur brut (PIB). Ce serait le deuxième plus bas ratio des pays du G7.
Le déficit béant a été justifié par le ministre des Finances, François-Philippe Champagne : «Si vous entendez le Fonds monétaire international (FMI), il y a deux économies dans le monde qui peuvent faire des investissements générationnels, car on a la capacité fiscale de le faire.» Le Canada est l’une d’elles.
Près de 40 000 postes de fonctionnaires sur 368 0000 seront supprimés d’ici 2028-2029. Le gouvernement compte faire tourner le pays avec un total de 330 000 fonctionnaires fédéraux.
Sans précision sur les réductions budgétaires qui pourraient viser les francophones, certaines coupes risquent de les toucher. En premier lieu, le ministère de Patrimoine canadien, qui devra faire des économies de 738 millions de dollars entre 2026 et 2030.
Les conséquences de ces compressions sur les services en français ne sont pas encore connues, ce qui inquiète justement les francophones en situation minoritaire.
Le budget 2025 prévoit un déficit total de 78 milliards de dollars en 2025, une nette hausse comparée à l’an dernier.
La francophonie reléguée au second plan
Au niveau des points positifs : 4 millions de dollars iront à Patrimoine canadien pour financer la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes.
Le gouvernement investit également un total de 150 millions à CBC/Radio-Canada en 2025-2026. Cette enveloppe s’ajoute aux 42 millions déjà annoncés l’an dernier pour 2025, mais il s’agit d’un montant unique, qui ne sera pas renouvelé.
Autre hausse : le Fonds du Canada pour les périodiques bénéficiera de 38,4 millions de dollars répartis de 2026 et 2029.
C’est une augmentation notable comparée au dernier budget, qui prévoyait le versement 10 millions de dollars répartis sur trois ans pour soutenir les petits organes de presse et les médias communautaires.
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Les arts et la culture
Du côté des points négatifs, les créateurs canadiens devront attendre 2026-2027 pour se partager un financement de 402 millions de dollars répartis entre sept agences ou programmes, dont :
Il n’y a pas non plus de garanties d’investissements nouveaux pour financer les organismes francophones en situation linguistique minoritaire.
L’autre réduction qui pourrait aussi affecter les immigrants francophones est celle qui enlève 2 milliards de dollars à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Cette réduction cible également les fonctionnaires, plus particulièrement les postes de direction de ce ministère.
Immigration francophone
Le gouvernement révise légèrement ses cibles d’immigration francophone à l’extérieur du Québec : 9 % en 2026, 9,5 % en 2027 et 10,5 % en 2028.
Ces proportions sont comparables à celles annoncées en octobre 2024 par le gouvernement de Justin Trudeau, qui prévoyait une baisse du nombre de résidents permanents, mais une hausse des cibles francophones à 8,5 % en 2025, 9,5 % en 2026 et 10 % en 2027.
En campagne électorale, le Parti libéral a promis d’atteindre 12 % d’immigration francophone d’ici 2029. Une cible demandée par la Fédération des communautés francophones et acadienne.
Le Canada prévoit au total accueillir jusqu’à 395 000 résidentes et résidents permanents en 2025. Contrairement aux projections présentées en octobre 2024, cette cible reste stable pour les prochaines années, avec une moyenne de 380 000 admissions par an. Justin Trudeau avait annoncé un seuil de 365 000 pour 2027.
Le gouvernement compte admettre 385 000 résidents et résidentes temporaires en 2026, puis 370 000 les années suivantes. Cette prévision inclut les étudiants étrangers, dont le nombre est estimé à 155 000 en 2026 puis 150 000 par la suite.
En 2023, près de 765 000 travailleurs temporaires et environ 682 000 étudiants étrangers ont été admis. Ottawa avait ensuite réduit à environ 360 000 le nombre de permis d’études délivrés aux étudiants étrangers pour 2024.
Aucune information ne précise dans le budget le nombre de places réservées aux établissements francophones.
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Pas d’investissement dans l’éducation francophone
Le Parti libéral de Mark Carney s’était engagé en campagne électorale à créer une bourse pour les étudiants francophones à l’extérieur du Québec. Il n’en est rien dans le budget dévoilé le 4 novembre.
Il n’y a pas non plus de bourses d’études pour les métiers, comme promis par le premier ministre. Cette subvention, qui n’était pas pensée pour les francophones à la base, aurait été la bienvenue, affirmait Simon Thériault, président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), bien en amont du budget.
Concernant la petite-enfance, les transferts aux provinces pour la garde d’enfants est prolongé et financé à hauteur de 251 millions de dollars en 2027-2028 et 509 millions entre 2028-2029.
Il s’agit d’une légère augmentation de 3 %, annoncée en mars 2025. Mais aucun nouvel investissement ne renforce les places à 10 $ par jour promises par le gouvernement libéral de Justin Trudeau.
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Sur l’aide financière apportée aux étudiants, près d’un milliard de dollars sera «redirigé», donc coupé, pour s’assurer que cet argent va plutôt aux étudiants à temps plein qui fréquentent des établissements publics à but non lucratif. Une question «d’intégrité», justifie le gouvernement, qui veut éviter que l’argent ne se retrouve dans des établissements qui font déjà de l’argent.
En revanche, Ottawa veut prolonger les augmentations des bourses et prêts d’étude canadiens à hauteur de plus d’un milliard de dollars, ce qui représente en réalité un maintien de ce soutien.
Aucun investissement majeur n’est prévu pour l’éducation postsecondaire francophone.
Plus de logements, moins de taxes
Le gouvernement compte s’attaquer à la crise du logement au pays en déployant un plan de financement total de 25 milliards de dollars sur cinq ans.
Ce plan, axé sur l’augmentation de l’offre et la réduction des couts, vise à doubler le rythme de construction pour rétablir l’abordabilité des logements au niveau de 2019.
Lancée le 14 septembre 2025, l’agence fédérale Maisons Canada bénéficiera d’un investissement initial de 13 milliards de dollars sur cinq ans afin de construire et financer des logements abordables, notamment pour les ménages à faible revenu, et de lutter contre l’itinérance.
Pour alléger le fardeau des acheteurs et des promoteurs, le fédéral confirme l’élimination de la taxe sur les produits et services (TPS) pour l’achat d’une première habitation neuve. Il entend aussi éliminer la taxe sur les logements sous-utilisés (TLSU) à compter de l’année civile 2025.
Des investissements sont aussi prévus pour les logements et les infrastructures autochtones, incluant 2,3 milliards de dollars pour le renouvèlement du Programme amélioré pour l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées des Premières Nations.
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Les journées raccourcissent à la vitesse de la lumière ces temps-ci, et Iqaluit s’est enfin parée de son manteau hivernal. Un blanc qui vient comme figer le temps, dans des paysages à la fois hostiles mais apaisants.
Ce mois d’octobre au Nunavut aura été marqué par une douceur exceptionnelle. La capitale a terminé le mois avec +3,6 degrés d’anomalie thermique par rapport aux normes 1991-2020. Une anomalie qui est montée jusqu’à 7 degrés dans l’ouest du territoire, comme à Cambridge Bay qui a battu ses précédents records de 2021 et 2023.
Des scientifiques, des étudiants et des chercheurs de partout au Canada étaient réunis durant cette mission afin de mieux comprendre les voies d’eau douce, les interactions glace-océan et l’évolution de l’état des glaces autour des îles de la Reine-Élisabeth. Au cours du mois, ce sont plus de 210 opérations de recherche qui ont été menées ainsi que l’échantillonnage de six stations de glace de mer et trois fjords de l’aire marine protégée de Tuvaijuittuq.
L’un des derniers refuges d’un monde en transformation
Bien qu’Amundsen Science organise des expéditions annuelles depuis plus de 20 ans, le navire se rendait pour la toute première fois aux îles de la Reine-Élisabeth.
David Babb et Lisa Matthes, chefs de mission du Leg 4, ont commencé à planifier ce périple un an et demi à l’avance avec un plus petit groupe de chercheurs de l’Université du Manitoba et de Pêches et Océans Canada. Puis, grâce à un financement du gouvernement fédéral et du programme canadien de la Chaire de recherche pour un segment complet à bord de l’Amundsen, d’autres scientifiques collaborateurs en provenance d’autres universités canadiennes et institutions internationales intéressés par la région ont été invités.
« Ensemble, nous avons organisé plusieurs rencontres en ligne et échangé des milliers de courriels avant l’expédition pour discuter des objectifs de recherche et des collaborations, des sites d’échantillonnage, des participants, incluant de nombreux étudiants, ainsi que de l’équipement scientifique nécessaire », déclarent les deux responsables.
Dre Audrey Limoges, professeure associée au département des sciences de la terre à l’Université du Nouveau-Brunswick en était à sa quatrième mission sur le brise-glace. Elle y portait le chapeau de chercheure responsable de l’échantillonnage de sédiments. « Toute la zone de l’itinéraire du Leg 4 avait très peu de données parce qu’historiquement, c’était vraiment très difficile de s’y rendre à cause des conditions de glace ».
Elle précise d’ailleurs que les changements climatiques ont un rôle à jouer dans les trajectoires et que cette expédition n’aurait pas été possible il y a quelques années.
« Même si l’Amundsen est un brise-glace, on cherche des corridors de navigation qui nous permettent de ne pas avoir à en briser. Cette fenêtre d’opération devient de plus en plus grande », poursuit-elle.
Audrey Limoges et ses collègues quelques minutes avant d’aller récolter un échantillonnage de sédiments à bord d’un zodiac.
La professeure estime que, pour Pêches et Océans Canada, la cueillette de données dans la zone de 319 000 km2 de Tuvaijuittuq, qui signifie en inuktitut « l’endroit où la glace ne fond jamais » et qui abrite la glace de mer la plus ancienne et épaisse de l’Arctique apporte beaucoup de valeur.
« L’une des raisons pour laquelle on va étudier cette zone-là, c’est que c’est considéré comme l’un des derniers refuges de glace multianuuelle. C’est un site qui est important non seulement d’un point de vue local et régional, mais c’est aussi que tout ce qui se passe là-bas a un impact à très grande échelle sur le climat planétaire ».
Avec deux autres collègues, Audrey Limoges a amassé des enregistrements sédimentaires, la boue qui s’accumule dans le fond de la colonne d’eau sur le rocher océanique. « L’avantage avec le sédiment c’est que plus on va profondément, plus loin dans le temps on peut retourner. On peut récolter des carottes qui nous permettent de comprendre comment l’écosystème a évolué sur une échelle millénaire ».
Chaque soir, les personnes à bord assistent à une réunion durant laquelle les objectifs du jour sont revus et ceux du lendemain, modifiés au besoin. Il s’agit pour la professeure d’un travail très collaboratif.
En guise de conclusion à cette expédition, une trentaine de résidents de Resolute Bay se sont rassemblés lors d’une journée scientifique durant laquelle l’équipe a pu partager leurs observations et proposer des activités éducatives aux enfants présents.
Au-delà des résultats scientifiques, c’est la beauté des paysages qui marque Audrey Limoges lors de chacune de ses missions dans l’Arctique.
Les premiers constats
Données en main, les chercheurs vont à présent se rendre en laboratoire pour sous-échantillonner à chaque centimètre des carottes qui font parfois plusieurs mètres de long. Les indicateurs seront analysés pour essayer de saisir, par exemple, l’impact du retrait de la calotte glacière, mais également des changements dans la glace de mer sur la productivité biologique. L’un des objectifs est de tenter de reconstruire quand et comment la glace a évolué dans le temps. « Cette information est ensuite utilisée pour faire des prédictions pour mieux comprendre des aspects qui sont liés aussi à la conservation des habitats », dénote la scientifique.
Bien que les observations soient initiales, la chercheure avait tout de même quelques données à révéler :
« Dans certaines carottes, on a atteint des sédiments qui, on le croit, vont nous permettre de dater la période de déglaciation de la région, donc quand les grandes calottes glaciaires se sont retirées. D’un point de vue de l’histoire environnemental, c’est quand même tout un tournant pour l’écosystème. »
La récolte de sédiments au front des glaciers contribuera aussi à dater en temps réel et calibrer avec les données satellitaires l’extraction de certains glaciers dans la zone.
Des guides de ressources similaires ont également été créés pour des régions situées dans le sud du pays, soit Ottawa, Montréal, Toronto, Winnipeg, Edmonton et Yellowknife. Ainsi, les Nunavummiut qui se déplacent vers ces destinations, par exemple pour des voyages médicaux ou familiaux, auront facilement une vision de l’aide disponible que ce soit en version papier ou en ligne.
Ce document disponible en anglais, en inuktitut et en français a été conçu autant pour le grand public qu’à l’intention des fournisseurs de services.
Des événements pour souligner le lancement du guide de ressources ont eu lieu dans plusieurs villes au sud : Ottawa, Montréal, Toronto, Winnipeg et Edmonton.
Un travail de longue haleine
La nécessité d’un guide de ressources a été soulevée pour la première fois en 2021 lors d’une rencontre avec les acteurs concernés au sujet de la Loi sur l’intervention en matière de violence familiale. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du projet d’accès à la justice pour la violence familiale.
« Différentes parties prenantes ont indiqué que les fournisseurs de services de première ligne qui accompagnent des victimes de violence familiale ne savent pas toujours qui sont leurs homologues, notamment lorsqu’ils doivent aider quelqu’un qui doit aller dans une autre collectivité pour recevoir les soins dont elle a besoin. »
« Ce problème est exacerbé si la personne doit quitter le territoire pour se rendre dans une ville au sud, ce qui est malheureusement fréquent. Cela entraîne souvent des retards de service inutiles pour les victimes, ce qui prolonge leur souffrance », poursuit-elle.
Le guide a été présenté dans toutes les communautés urbaines concernées, à l’exception de Yellowknife, où la date de lancement est à confirmer. Selon Romy Leclerc, trésorière au Barreau du Nunavut qui était présente à Winnipeg et Edmonton, les représentants du milieu juridique et les résidents qui ont pris part au dévoilement ont émis une rétroaction très positive.
La trésorière a été à même de constater tout le travail de recherche que l’initiative a nécessité puisqu’elle a participé aux efforts dès le début du processus. « C’est un projet de longue haleine pour s’assurer que les ressources qui sont incluses existent encore à ce jour et qu’elles sont pertinentes pour les Nunavummiut ».
La mention de l’appli Miinga, qui répond sensiblement au même objectif que le guide, a aussi été ajoutée au document. Une représentante était d’ailleurs du lancement à Winnipeg pour parler de cette technologie développée spécifiquement pour les Nunavummiut. Gratuite au téléchargement et fonctionnant sans internet, elle sert de répertoire pour accéder rapidement à une variété de coordonnées d’urgence. « C’est une application qui est vraiment incroyable pour les personnes qui voyagent dans le Nord », estime Romy Leclerc.
Un projet en développement continu
Romy Leclerc insiste sur le fait que le Barreau est présent pour le public et désire travailler en collaboration avec la population. Elle lance d’ailleurs un appel à toutes les personnes qui emploient ce guide afin qu’elles n’hésitent pas à émettre des rétroactions et à les contacter si elles connaissent d’autres services ou villes qui pourraient être ajoutés.
« C’est un projet vivant donc on veut que les ressources soient à jour et on souhaite que ça continue d’évoluer ». Pour elle, c’est le couronnement d’un long travail, mais le début de quelque chose d’utile pour les Nunavummiut.
Pour diffuser au public ce nouvel outil, le Barreau du Nunavut compte sur sa collaboration avec le gouvernement et les différents partenaires, la présentation du document lors de ses présences dans les diverses communautés, le bouche-à-oreille, la page Facebook et le site Web de l’organisation.
Mené en mai 2025 avec l’appui du programme MINDS du ministère de la Défense nationale du Canada, le sondage du NAADSN apporte un éclairage inédit sur la perception des enjeux arctiques par les habitants des trois territoires. En effet, pour Mathieu Landriault, professeur associé à l’École nationale d’administration publique et directeur de l’Observatoire de la politique et la sécurité de l’Arctique, le pessimisme domine dans l’opinion publique sur les questions arctiques.
L’ensemble des réponses laisse l’impression d’un public canadien inquiet quant à l’avenir de la coopération dans la région arctique, mais également favorable à des mesures plus musclées pour défendre la souveraineté arctique. Les habitants du Nord, qu’ils soient ou non Inuit ou membres des Premières Nations, s’inscrivent dans une tendance nationale plus large en faveur d’une augmentation des dépenses militaires.
« On est beaucoup moins dans le compromis, autant avec les gens du Nord qu’avec les répondants plus au Sud. »
Plus de 600 répondant.e.s
Peu de sondages d’opinion ont été réalisés dans le passé auprès des habitants du Nord et, de manière générale, les enjeux arctiques se limitaient à deux ou trois questions. La compréhension de l’opinion publique dans le Nord canadien est limitée et « l’opinion publique sur les Premières Nations, les Métis et les Inuits dans le Nord est encore plus rare », selon le NAADSN.
C’est en partie pour cette raison que ce sondage a été réalisé entre le 8 et le 26 mai 2025. Un total de 609 répondant.e.s âgé.e.s de plus de 18 ans et résidant dans l’un des trois territoires ont répondu à des questions concernant les enjeux militaires et environnementaux de l’Arctique canadien.
L’une des questions du sondage concernait la souveraineté. Le panel devait indiquer s’il était d’accord avec l’idée « use it or lose it » (« utilisez-la ou perdez-la »). Autrement dit, « le Canada doit exercer sa souveraineté dans l’Arctique, sinon il perdra sa partie de l’Arctique ».
78 % d’entre eux soutenaient ce point de vue, un chiffre inférieur à celui des répondants non autochtones (87 %).
Bien que cette expression utilisée par l’ancien premier ministre Stephen Harper soit bien trop simpliste pour M. Landriault, dans l’opinion de la plupart des Canadiens, « c’est une réalité avec laquelle il faut se confronter : si on n’est pas plus présent, il y a des menaces qui pèsent, qui pourraient mener vers la perte de ce territoire », précise-t-il.
Les réponses ont été similaires sur les dépenses militaires en lien avec l’exercice de la souveraineté. Si une majorité des répondants autochtones (53 %) se sont déclarés favorables à une augmentation des dépenses militaires, cette proportion est inférieure à celle des répondants non autochtones (78 %).
Les États-Unis : une nouvelle menace
Dans un paysage géopolitique en pleine évolution en Arctique, la perception des menaces a changé dans l’opinion publique. Le pays qui représente la plus grande menace, selon les habitants des territoires, est les États-Unis, suivis par la Russie et la Chine.
Ce résultat évoque une évolution surprenante et rapide pour M. Landriault. « C’est quand même un grand changement. Mais ça nous montre aussi comment le paysage géopolitique a changé dans la perception des Canadiens. C’était difficile à imaginer, même il y a douze mois, que les États-Unis arrivent en pôle position », remarque-t-il.
Mieux protéger l’environnement
Concernant les possibilités de développement de projets d’extractions des ressources, les répondants estiment que les conséquences négatives (par exemple, les dommages environnementaux) de l’exploitation minière l’emportent sur les effets positifs comme les créations d’emplois.
En outre, les populations autochtones souhaitent que le gouvernement fédéral accorde la priorité aux entreprises les plus respectueuses de l’environnement dans l’attribution des contrats. La protection de l’environnement figure donc en tête des priorités des personnes autochtones « qui sont unies derrière cet objectif », peut-on lire dans l’analyse des résultats du sondage.
Finalement ce sondage met en lumière la volonté des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuit des territoires de voir des mesures de sécurité plus musclées adoptées pour assurer la sécurité de l’Arctique. Même si ce niveau de soutien est beaucoup plus élevé parmi les non-Autochtones du Nord, le soutien des Autochtones à des mesures plus affirmées atteint un niveau historique. Les données de cette enquête confirment aussi que les habitants du Nord s’inscrivent dans une tendance nationale plus large en faveur d’une augmentation des dépenses militaires.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.
Pour Geneviève Latour, vice-présidente de l’AFFC, cette compression de budget serait « un recul historique pour les droits des femmes. »
Ces coupes figurent dans le plan ministériel, mais n’apparaissent pas encore dans le budget officiel. Le budget fédéral sera publié le 4 novembre, soit le lendemain des élections territoriales au Yukon.
« On veut s’assurer qu’il y a des investissements pour qu’on ne voit pas ces compressions-là de 80 % d’ici 2027-2028 », ajoute-t-elle.
« Donc, la pétition, c’est de rappeler le rôle crucial que les femmes jouent dans les communautés, puis comment ces compressions-là vont avoir un impact à court terme au niveau de la santé, au sein des communautés, mais aussi à très long terme. »
Impacts sur les organismes
Pour Rae Lamache, directrice du Conseil de la condition féminine du Yukon, il s’agit d’une situation d’urgence.
« Nous savons que, selon Statistique Canada, la violence entre partenaires intimes est plus élevée dans le Nord que partout ailleurs au Canada. […] Parallèlement, non seulement au Canada, mais aussi à l’étranger, nous voyons les droits des femmes et l’égalité des sexes menacés par des gouvernements et des mouvements politiques rétrogrades. Le retour à l’austérité de l’ère Harper, que provoquerait cette réduction budgétaire de 80 %, est un coup dur pour notre secteur », constate-t-elle.
Selon cette dernière, ces coupes auraient un impact sur les femmes, les personnes bispirituelles, les personnes transgenres, les familles, les parents et toutes les personnes victimes de violence conjugale, entre autres.
« Nous pensons simplement que les réductions fédérales pourraient effacer des décennies de progrès. Pour le Yukon, il s’agit de la vie et des moyens de subsistance des gens », constate-t-elle.
« Si ces compressions sont appliquées, les femmes et les organismes francophones seront encore plus affectés dans les années à venir, et à très long terme », affirme Geneviève Latour.
« Ça va se traduire directement par une réduction de services pour les femmes », constate-t-elle. « Les femmes francophones vont être encore plus affectées. Les femmes francophones, ce n’est pas un groupe homogène. On est à l’intersection de plusieurs identités vulnérables. Nos services en français sont déjà rares et sous-financés, donc des coupes à ce titre-là, ça aggraverait les inégalités, puis ça invisibiliserait nos réalités. »
Charlie-Rose Pelletier, coordonnatrice des projets en égalité des genres aux Essentielles, abonde dans le même sens. Selon elle, ces compressions augmenteraient la compétition entre les organisations communautaires qui défendent les droits des femmes et des personnes queers. « Il faudra qu’on se batte pour le même pot d’argent. Ça vient effriter la complémentarité des services qu’on peut offrir. »
Selon l’employée des Essentielles, organisme qui représente les femmes francophones du Yukon, ces réductions auront un impact non seulement sur la prévention, mais aussi sur la santé mentale des personnes qui demandent ces services et sur le personnel employé des organismes.
« Il va falloir qu’on offre des services et des projets qui ne seront pas nécessairement adaptés aux besoins. Parce que là, on veut, au minimum, que notre organisation survive. C’est très incohérent », dit-elle.
Actions
En plus du lancement de la pétition, les Essentielles prévoient lancer une campagne de revendication pour les droits des femmes francophones et acadiennes au Canada, en collaboration avec l’AFFC.
« Nos initiatives sont de rencontrer des partenaires fédéraux pour faire du lobbying. Il va y avoir une campagne de communication qui va sortir aussi. Une lettre en ligne va être envoyée aux parlementaires », informe Mme Pelletier.
Les Essentielles prévoient également des activités pour le 8 mars. « Ce seront des activités plus revendicatrices et qui vont nous faire voir au niveau fédéral. »
« On compte sur nos membres, sur nos partenaires, et on compte surtout sur nos organismes alliés. Finalement, ça touche 50 % de la population yukonnaise. Ça a un plus gros impact que l’on pense », constate la coordonnatrice.
L’AFFC a mis sur pied un comité de mobilisation et un plan d’action. L’organisme a également mené des rencontres avec des député·e·s, des sénateurs et des sénatrices. Geneviève Latour encourage la population à contacter directement ses député·e·s.
En date du 20 octobre, la pétition a recueilli plus de 520 signatures.
Qiiqtait détaille le lien profond et millénaire qui unit les Sanikiluarmiut à l’eider à duvet de la Baie d’Hudson, une espèce unique à l’archipel et qui demeure aux îles tout l’hiver sans migrer. Cet oiseau marin qui possède la plume la plus chaude au monde représente une grande importance en soutenant la communauté à longueur d’année grâce à la nourriture, aux vêtements et aux traditions qu’il leur procure.
L’exposition est proposée dans la Galerie des perspectives nordiques qui se veut un espace pour que les collectivités partagent leurs histoires et expriment leur voix.
L’endroit où règne l’eider
Qiiqtait est le fruit de la collaboration entre la Société des eiders de l’Arctique, une organisation caritative inuit qui soutient la recherche, l’éducation et l’intendance environnementale et le Musée canadien de la nature.
Lisi Kavik-Mickiyuk est gestionnaire des programmes à la Société. Par cette vitrine, elle souhaite avant tout que les visiteurs reconnaissent l’existence de leur communauté. Le contenu et le matériel en valeur dans cette exposition étaient présentés au Qikiqtait Centre de Sanikiluak.
Camille Morin, développeuse de contenu d’exposition au Musée canadien de la nature, explique que son institution a en quelque sorte servi de courroie de transmission en offrant un support technique et logistique. « Ce qu’on a fait, c’est qu’on a réalisé de petits ajustements pour mettre plus de contexte géographique pour un auditoire du sud », résume-t-elle.
Lucassie Arragutainaq, cofondateur de la Société des eiders de l’Arctique et président du conseil d’administration affirme que la présentation dévoile comment le savoir inuit se mesure autant par les données que par l’intuition, permettant enfin aux gens du sud de saisir l’étendue de leurs connaissances.
Deux dioramas sont suggérés au public : l’un illustre une scène hivernale montrant un homme habillé d’une parka en peau d’eider, debout au bord d’une polynie ; le second se déroule en été et révèle une femme, aussi vêtue de ce vêtement traditionnel, sur le point de récolter des œufs au début de la saison d’incubation.
Un extrait du film « Au gré de la plume arctique » de 2011 qui explore le lien étroit unissant les eiders à la communauté et la naissance de la Société des eiders de l’Arctique est proposé. Une carte tactile tridimensionnelle des îles Belcher, un mur vidéo affichant la flore, la faune, les gens et la beauté des îles ainsi que des objets contemporains tels que des sculptures et des bijoux sont également représentés.
SIKU permet aux communautés autochtones de documenter leurs connaissances sur l’évolution des environnements et de la vie sauvage du Nord.
Entrelacement du passé, du présent et de la modernité
L’application mobile SIKU, qui signifie « glace de mer » en inuktitut a été créée par la Société des eiders de l’Arctique pour les communautés autochtones. Une section de l’exposition vise à faire découvrir cet outil numérique utilisé par plus de 40 000 personnes de l’Alaska au Groenland. Cette technologie offre notamment aux usagers des moyens garantissant la sûreté des déplacements et la transmission des connaissances sur des sujets tels que la chasse, la cueillette de petits fruits, la pêche et les changements climatiques.
Un autre élément attrayant selon la développeuse de contenu est une copie du livre « Voices from the Bay » édité en 1997 qui a été déterminant pour la communauté en termes de valorisation des savoirs inuit. « C’est un ouvrage intéressant parce que c’est l’œuvre de l’un des résidents qui avait mobilisé toutes les collectivités pour voir les bouleversements qu’elles constataient autour de la Baie d’Hudson ; autant des Inuit que des Cris », explique Camille Morin.
Ce livre basé sur l’Inuit Qaujimajatuqangit comporte notamment un calendrier des ressources annuelles avec les six saisons inuit ainsi que les différentes espèces nécessaires pour l’alimentation. Avec les données SIKU qui ont été répertoriées par les membres de la communauté, l’employée du musée précise que cette référence a pu être recréée. « C’est intéressant de faire le pont entre cet effort qui avait été fait il y a près de 30 ans puis aujourd’hui avec une application mobile. C’est un bel outil de partage de savoirs ».
En venant au musée, Camille Morin souhaite que les visiteurs comprennent que les résidents de Sanikiluak constituent une société débrouillarde, tournée vers l’avenir, pleine de ressources, de connaissance et d’espoir qui accomplissent des choses extraordinaires. « C’est aussi de constater la vitalité de la culture, l’innovation inuit. C’est une histoire qui mérite d’être partagée. C’est impressionnant ce qu’ils ont réussi à construire », conclut-elle.
L’hydroponie consiste à cultiver et à produire des plantes dans une eau enrichie en nutriments en remplacement de la terre. Plusieurs paramètres comme l’éclairage, le pH de l’eau, un système de chauffage et de CO2 sont automatisés et contrôlés quotidiennement par Shahid Islam, coordinateur de la recherche agricole au sein de KLRS.
Entièrement autonome, le conteneur est alimenté en partie par l’énergie solaire avec un système de secours au diesel. L’objectif de ce projet est de tester la viabilité de l’agriculture en environnement contrôlé afin d’assurer la sécurité alimentaire dans les régions arctiques et subarctiques. Il servirait aussi à renforcer les capacités nécessaires à l’exploitation de tels systèmes dans des régions éloignées.
Les graines sont plantées dans des carrés de fibres compostables sans terre, eux-mêmes placés sous des lampes de culture spécialisée pour permettre aux semis de démarrer. Selon le temps de germination de la plante spécifique, ce processus peut durer de quelques jours à quelques semaines. Une fois la pousse des semis entamée, ces derniers sont transférés de la station de culture vers leur propre espace au sein de l’unité où ils pousseront jusqu’à la récolte. Selon la plante, il faut compter entre une et quatre semaines pour produire des cultures telles que des épinards, de la laitue, du chou frisé, des fraises ou de la roquette.
Plusieurs jardinières ont ete sécurisées avec du grillage pour éviter que les lapins, abondants dans la région, ne détruisent les récoltes.
La récolte en quelques chiffres
De juin à début octobre 2025, 3 300 laitues, 350 plants de coriandre et 250 de persil ont été récoltés. Des jardinières placées à l’extérieur, sur le site de la station de recherche et une serre ont permis la collecte de radis, de kale, de brocoli, de tomate et de concombre. Enfin, 120 plateaux de micropousses de moutarde, aragula, radis, brocoli et de pois ont également été récoltés durant cette saison.
Le conteneur a été acheté, en 2020, auprès de l’entreprise ColdAcre qui a fermé ses portes le 18 octobre 2024. La corporation de développement Na-Cho Nyak Dun, copropriétaire de l’entreprise, a évoqué des difficultés financières où le secteur économique du Yukon en pleine mutation ainsi que l’accident survenu sur le site de la mine Eagle Gold sur le territoire de la Première nation Na-Cho Nyak Dun en juin 2024, ont mené à cette fermeture.
« Nous sommes fiers et déterminés à poursuivre nos efforts novateurs visant à créer des solutions en matière de souveraineté alimentaire pour les collectivités autochtones du Canada. Cependant, dans le domaine de l’innovation, toutes les initiatives ne sont pas couronnées de succès », a déclaré la corporation le 2 octobre 2024.
120 plateaux de micropousses de moutarde, aragula, radis, brocoli et de pois ont également été récoltés durant l’été 2025.
Conçu pour les conditions nordiques
Le système est conçu pour résister à des conditions difficiles et est équipé d’une isolation R60 et d’une entrée arctique. Cela permet d’offrir plus d’espace pour la récolte et le conditionnement des produits. Même si l’unité peut fonctionner dans les conditions hivernales du territoire, la ferme hydroponique ne fonctionne que quelques mois par année.
Lorsque ce projet a débuté, l’expérimentation était le moteur principal. « C’était un essai pour plusieurs raisons, afin de comprendre dans quelle mesure il serait possible de cultiver des légumes dans une unité comme celle-ci, hors réseau. Comme il faut produire notre propre énergie, il s’agissait donc en partie de voir combien d’énergie serait nécessaire pour la maintenir », explique Pauly Sias, conseillère agricole et responsable de liaison avec les collectivités à KLRS.
Alice Johnson, ainée de la Première Nation de Kluane s’approvisionne régulièrement à la ferme. Elle apprécie particulièrement l’automatisation de l’unité hydroponique :
« Cela fait partie de la beauté de ce que cette unité peut faire, car c’est un environnement contrôlé. Vous savez, l’idée de nos jardins extérieurs, mère nature fait un excellent travail, mais vous ne pouvez pas vraiment modifier la température, l’humidité et les nutriments, alors que vous pouvez faire tout cela dans cette unité. Vous pouvez également cultiver bien plus que nécessaire, vous savez, de la laitue pour nourrir tout le monde dans la région de Kluane deux fois par jour, c’est une énorme capacité. »
La ferme hydroponique fonctionne en partie avec l’énergie solaire.
Les défis spécifiques au Nord
Malgré l’abondance des récoltes cette année, des défis majeurs demeurent. Les conditions météorologiques et la rigueur de la saison hivernale rendent compliqué un maintien à l’année de la ferme. Le cout élevé de l’énergie au Yukon reste une barrière non négligeable selon Pauly Sias, en particulier dans un environnement qui n’est pas relié au réseau :
« Une ferme comme celle-ci nécessite une alimentation électrique et un entretien 24 heures sur 24. Je pense donc que cela fait partie des enjeux importants pour les Premières Nations avec lesquelles nous travaillons : il ne s’agit pas seulement de comprendre ce que nous pourrions y cultiver et de nous enthousiasmer pour ce potentiel, mais aussi de déterminer dans quelle mesure cela est réellement faisable »
Au-delà des ressources nécessaires comme l’eau et l’électricité, l’un des obstacles reste la disponibilité de la main-d’œuvre. Depuis le lancement du projet, le vrai défi a été de trouver des personnes sur place, formées ou souhaitant être formées, pour gérer l’équipement.
« Nous aimons tous les légumes frais, mais il faut aussi que ce soit faisable. Personne ne vit vraiment ici, à part une poignée d’entre nous, les résidents. Il faut donc compter deux heures de trajet aller-retour pour inspecter les légumes. Et tout bon jardinier sait que ses légumes doivent être vérifiés plusieurs fois par jour », rappelle Mme Sias.
En effet, au nord, la Première Nation de Kluane se trouve à 70 km et au sud, le village de Haines Junction se trouve à 60 km.
Pauly Sias estime avant tout que ce projet a permis de changer les mentalités en montrant qu’il est possible de reproduire ce type d’initiative de façon plus simple et adaptée à chacun. Il a encouragé les gens à envisager la culture de leur propre nourriture selon leurs moyens et leurs envies. Ni la Première nation de Kluane, ni la Première nation de Champagne et Aishihik n’ont souhaité accorder une entrevue à Médias ténois.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.
Bien que plusieurs députés aient réussi à conserver leur siège comme Janet Pitsiulaq Brewster à Iqaluit-Sinaa et George Hickes à Iqaluit-Tasiluk, de nouveaux visages s’ajouteront à la prochaine assemblée législative du Nunavut. C’est notamment le cas de Gwen Healey Akearok qui a remporté la circonscription d’Iqaluit-Manirajak contre l’ancien ministre des Finances Adam Arreak Lightstone avec 63,3 % des votes. D’autres changements ont eu comme à Iqaluit-Niaqunnguu, puisque le ministre sortant David Akeeagok occupera le fauteuil du Premier ministre P.J. Akeeagok. À Kugluktuk, Simon Kuliktana prend la place du député sortant Bobby Anavilok, Gordon Kautuk succède à Mary Killiktee dans Uqqummiut et Hannah Angootealuk a battu Solomon Malliki à Aivilik.
Un recomptage devra avoir lieu dans trois circonscriptions. Tout d’abord à Aggu où la députée sortante Joanna Quassa conserve, pour le moment, son siège avec seulement trois voix d’avance sur l’ancien maire d’Igloolik, Erasmus Ivvalu. Ensuite à Pangnirtung où Johnny Mike a aussi trois votes de plus en sa faveur et à Quttiktuq où Steven Taqtu a une mince avance de quatre voix.
Malgré parfois une longue file d’attente dans les bureaux de vote comme ici à Iqaluit, le taux de participation n’a pas décollé cette année avec seulement 37% de participation.
Qui lèvera la main pour devenir premier ministre ?
Habituellement, quelques semaines à la suite d’une élection générale territoriale, les nouveaux élus se réunissent lors du Forum des leader pour choisir le président de l’Assemblée, le premier ministre et les ministres. Ouvert au public, ce processus se déroule au moyen d’un vote secret après que les candidats ont prononcé un discours et répondu aux questions des représentants. Ce dernier se tiendra le 18 novembre prochain.
Avec les Territoires du Nord-Ouest, l’Assemblée législative du Nunavut est l’une des deux seules au Canada à avoir adopté un mode de gouvernement fondé sur le consensus et dépourvu de partis politiques. L’unanimité n’y est pas requise pour que des décisions soient prises, des motions entérinées ou des lois promulguées et pour de nombreuses sujets, un simple vote majoritaire suffit.
Graham White est spécialiste de la politique dans le Nord canadien. Il a notamment publié l’ouvrage « Made in Nunavut: An Experiment in Decentralized Government » qui aborde la création et le fonctionnement du gouvernement du Nunavut.
Il explique que le système actuel du Nunavut est un héritage des Territoires du Nord-Ouest, après leur séparation en 1999. « Essentiellement, ils se sont dit : ce n’est peut-être pas la meilleure structure, mais on la connaît, elle marche, et on a des préoccupations plus urgentes que de chercher à la réformer ou à la changer », soulève l’expert.
Graham White suit avec intérêt le processus électoral en cours au Nunavut.
Un autre point important à retenir pour avoir une bonne compréhension de la politique sur le territoire selon Graham White est que le gouvernement sortant cesse d’exister. « Dans les provinces et à Ottawa, même après une élection, quand un gouvernement perd, il continue d’assurer le pouvoir jusqu’à ce qu’un nouveau soit mis en place », compare-t-il.
La décision pour les 22 députés de faire partie du cabinet sera maintenant personnelle à chacun.
« Parfois, certains élus pour la première fois peuvent estimer qu’ils n’ont pas encore assez d’expérience pour se lancer. D’autres peuvent juger que c’est trop lourd à porter, qu’il faut s’absenter de la maison de façon fréquente, que la pression familiale est trop forte. Donc, ils ne vont pas tous viser ce rôle, mais un bon nombre d’entre eux le feront. »
Lors de la composition de la 6e Assemblée législative en 2021, 17 personnes étaient en lice pour rejoindre le cabinet, constitué de huit ministres.
Bien que le pouvoir de choisir les ministres ne revient pas au Premier ministre, White estime que ce dernier peut quand même exercer une certaine influence, surtout s’il est un membre expérimenté. Il peut faire savoir, du moins en coulisses, qui il aimerait voir dans sa garde rapprochée. Une fois les ministres élus, le Premier ministre attribue ses portefeuilles et sélectionne par exemple qui sera ministre des Finances, de la Santé, etc.
Le Président de l’Assemblée, le Premier ministre ainsi que les ministres seront élus lors du Forum des leaders le 18 novembre prochain.
Avantages et inconvénients du système gouvernemental
Graham White estime que l’un des avantages du système gouvernemental au Nunavut est que n’importe quel député peut obtenir de plus grandes responsabilités :
« Tout le monde est éligible, et avec un peu de chance, le cabinet comptera les meilleurs parmi les 22 membres de l’Assemblée. Personne n’est exclu simplement parce qu’il appartient au mauvais parti. »
Alors que cinq femmes viennent d’être élues en tant que députée de leur circonscription, Graham White croit que la prochaine représentante du gouvernement pourrait bien être féminine comme cela a été le cas entre le 19 novembre 2008 au 14 novembre 2013 avec Eva Qamaniq Aariak. « Tout dépend des compétences des individus, ainsi que des relations et du soutien qu’elles ont parmi les autres membres ».
Un élément supplémentaire facilitant de ce système pour l’expert est que la plupart des dirigeants politiques et économiques se connaissent. « Ce n’est donc pas comme si, soudainement, 22 personnes étrangères se retrouvaient à devoir travailler ensemble. La plupart d’entre elles ont l’habitude de se côtoyer et ont déjà beaucoup d’expérience commune ».
Du côté des inconvénients, Graham White observe notamment que la reddition de comptes du gouvernement envers la population est très faible. « Si vous vivez au Nunavut et que vous allez voter en pensant que la législature des quatre dernières années a été mauvaise, que pouvez-vous faire ? Eh bien, vous ne pouvez pas voter contre elle, car tous les candidats se présentent comme indépendants ». Dans le même ordre d’idées, si le premier ministre sortant était à la recherche d’un second mandat, rien ne garantit qu’il sera de nouveau choisi pour siéger à l’Assemblée. « Ainsi, les électeurs ne peuvent ni récompenser ni sanctionner directement le gouvernement précédent », conclut l’homme.
Aggu – (Recomptage)
Joanna Quassa
Aivilik
Hannah Angootealuk
Amittuq
Abraham Qammaniq
Arviat Nord-Whale Cove (Rapport de 3 des 5 scrutins)
John Main
Arviat Sud
Jamie Kablutsiak
Baker Lake
Craig Simailak
Cambridge Bay
Fred Pedersen
Gjoa Haven
David Porter
Baie d’Hudson
Daniel Qavvik (Par acclamation)
Iqaluit-Manirajak
Gwen Healey Akearok
Iqaluit-Niaqunnguu
David Akeeagok
Iqaluit-Sinaa
Janet Pitsiulaaq Brewster
Iqaluit-Tasiluk
George Hickes
Kugluktuk
Simon Kuliktana
Netsilik
Cecile Nelvana Lyall
Pangnirtung (Recomptage)
Johnny Mike
Quttiktuq ((Recomptage)
Steven Taqtu
Rankin Inlet North-Chesterfield Inlet
Alexander Sammurtok
Rankin Inlet Sud
Annie Tattuinee
Baffin Sud
David Joanasie (Par acclamation)
Tununiq
Brian Koonoo
Uqqummiut
Gordon Kautuk
Tous les résultats détaillés sur Élections Nunavut.