Un peu plus de trois semaines après les élections territoriales, 21 députés nunavummiut se sont réunis ce mardi 18 novembre lors du forum du leadership pour élire un nouveau Premier ministre, le président de l’Assemblée ainsi que le Cabinet exécutif. Seule la circonscription d’Aggu n’a pas pris part aux débats, puisque les électeurs devront retourner aux urnes en décembre suite à un recomptage judiciaire.
Quelques flocons, du vent, et des discussions qui allaient bon train quelques minutes avant le début de ce qui sera une longue, très longue journée. Souriant, le futur ex-Premier ministre P.J. Akeeagok faisait ses au-revoir à l’Assemblée, lui qui ne s’est pas représenté au terme de son mandat dans la circonscription d’Iqaluit Niaqunnguu. « C’est la dernière fois que j’emprunte ce couloir ! » a-t-il lancé aux journalistes présents.
Après la traditionnelle prière d’ouverture, David Joanasie a été élu comme Président de l’Assemblée. Originaire de Cape Dorset, le jeune (42 ans) mais expérimenté homme politique découvrira un nouveau rôle après avoir fait son entrée dans la chambre comme député en 2013.
« Je suis très heureux de découvrir un nouveau rôle après douze ans d’expérience dans cette Assemblée » a déclaré celui qui est également député de la circonscription South-Baffin.
Duel entre John Main et David Akeeagok
S’en est suivi un des grands moments attendus dans les tribunes et en salle de presse : les candidatures pour le poste de Premier ministre. Ils n’étaient donc que deux : les anciens ministres de la 6e législature John Main et David Akeeagok, qui est également l’oncle du Premier ministre sortant P. J. Akeeagok.
Ces deux hommes politiques aguerris depuis de nombreuses années ont ouvert le processus électoral par un discours de vingt minutes, où chacun a pu dévoiler sa vision pour le territoire face aux députés. Ancien négociateur en chef du transfert de responsabilités, qui sera pleinement effectif au 1er avril 2027, David Akeeagok a logiquement insisté sur un dossier qu’il connaît bien :
« La dévolution ne concerne pas que les mines. Nous devons prendre des décisions pour nos terres, travailler ensemble et avoir une vision forte pour notre territoire. »
Le logement était également l’une des grandes priorités d’Akeeagok.
De son côté, John Main a appelé à explorer de nouvelles sources de revenus, citant notamment l’exploitation de gaz et de pétrole.
« Pour avoir plus d’infrastructures, plus de programmes, nous avons besoin de revenus incluant ceux du gaz naturel exploitable dans le Haut-Arctique » a précisé le nouveau Premier ministre en entrevue avec les journalistes en fin de journée.
Main a également affirmé sa volonté de décentraliser les emplois gouvernementaux.
Une longue session de questions-réponses s’est ensuite ouverte durant près de 4 heures. Les deux candidats ont été interrogés par les membres de l’assemblée à 26 reprises sur des thématiques comme l’éducation, la jeunesse, l’insécurité alimentaire, la violence et les crimes contre les femmes, l’emploi pour les Inuit ou encore le logement, jusqu’à la protection du caribou. « Nous voulons nous assurer d’une équité entre nos régions » a par ailleurs souligné le député de Cambridge Bay, Fred Pedersen.
Ce n’est qu’aux environs de 16 heures que les députés se sont rendus aux urnes pour faire leur choix à bulletin secret.
Les députés votaient à bulletin secret.
John Main : « C’est surréaliste »
Déclaré vainqueur par David Joanasie, John Main avait du mal à réaliser. « Pour être honnête, c’est un peu surréaliste. Je remercie mes collègues pour leur soutien » a déclaré le Premier ministre fraîchement élu, mettant en avant sa volonté de collaboration, de consensus et de transparence.
Né à Toronto il y a 45 ans, John Main devient donc le premier Premier ministre non Inuk du Nunavut. Interrogé sur cette symbolique, l’homme qui a grandi à Arviat et locuteur inuktitut a répondu se sentir « honoré d’avoir ce rôle » et « ne pas le prendre à la légère ».
Au sujet des langues, l’élu a rappelé que le Nunavut comptait quatre langues officielles :
« Le français en est l’une d’elle. Le langage est une merveilleuse manière de connecter les gens les uns les autres. J’ai eu la chance d’apprendre l’inuktitut quand j’étais enfant. J’encourage l’apprentissage des langues dans nos communautés. »
Un Cabinet exécutif paritaire
Après l’élection du Premier ministre, les membres de l’Assemblée ont ensuite constitué le futur gouvernement de consensus. Quatre hommes et quatre femmes ont été élu.e.s au sein du Cabinet : Janet Brewster (Iqaluit-Sinaa), Gwen Healy Akeearok (Iqaluit-Manijarak), Annie Tattuinee (Rankin Inlet-South), Cecile Nelvana-Lyall (Netsilik), Georges Hickes (Iqaluit-Tasiluk), Craig Simailak (Baker Lake), Brian Koonoo (Tununiq) et David Akeeagok (Iqaluit-Niaqunnguu).
Les 8 ministres se verront distribuer leurs ministères dans les prochains jours. La première session de cette 7e législature se tiendra ce jeudi 20 novembre.
Dirigée par des membres de chacune des associations inuit régionales et de deux représentants de NTI, Igluvut Corporation se donne comme mission de bâtir entre 150 et 160 logements abordables en cinq ans avec un début des travaux prévu d’ici avril 2026.
NTI dispose d’un financement initial de 135 millions de dollars, dont 72 millions proviennent du budget 2022 du gouvernement fédéral et 63 millions du remboursement, par Ottawa, du prêt ayant servi à la négociation de l’Accord sur le Nunavut.
Des bâtiments adaptés
« C’est une étape importante dans la construction des systèmes, des partenariats et de la responsabilité nécessaires pour garantir que le logement au Nunavut reflète les priorités et valeurs inuit », a déclaré le vice-président de NTI, Paul Irngaut, par voie de communiqué de presse.
« Il s’agit de l’autodétermination des Inuit en action, de la création de solutions de logement abordable qui répondent aux besoins des Inuit et renforcent nos communautés. »
Cette annonce représente pour NTI un moment charnière dans la mise en œuvre de l’Angirratsaliulauqta, le tout premier Plan d’action pour le logement inuit du Nunavut, élaboré par les Inuit. Selon ce document, la priorité en matière d’habitation doit être accordée aux aînés, aux femmes et enfants fuyant la violence, ainsi qu’aux jeunes en crise, tout en prenant compte du besoin urgent pour les inuit qui sont à la recherche d’options non liées à l’emploi.
La Kitikmeot Inuit Association (KIA) affirme avoir joué un rôle majeur dans le développement et la création de ce projet et se dit maintenant prête à trouver des solutions pour aider le plus de personnes possibles. L’organisation soutient que leur conception de logement assurera le bien-être des familles inuit :
« Nos logements ne seront pas des modèles standardisés comme ceux réalisés par la Société d’habitation du Nunavut (SHN). Nous voulons innover et bâtir des maisons que les Inuit réclament depuis de nombreuses années et qui reflètent véritablement leur culture et leur mode de vie. »
L’objectif de planification d’Igluvut est d’offrir des logements locatifs accessibles de trois chambres à environ 1 800 $ par mois, un tarif délibérément situé entre les deux principaux programmes de logement sur le territoire. Aucun détail relatif aux montants alloués à chaque communauté n’est connu pour le moment.
En avril 2025, le gouvernement du Canada a lancé l’initiative Maisons Canada, un effort national visant à accélérer la construction de logements abordables. Dans cette annonce, 700 unités étaient réservées au Nunavut, en reconnaissance du besoin aigu en ce domaine. Alors que la nouvelle initiale faisait référence à un partenariat avec la SHN, la mise en œuvre se poursuit maintenant par une négociation tripartite qui inclut NTI.
« Nos partenaires inuit nous ont fait savoir qu’il fallait trouver des solutions de logements abordables et durables pour aider les Inuit de l’Inuit Nunangat à avoir une vie plus saine, plus sûre et à vivre dans de meilleures conditions, et qu’ils étaient les mieux placés pour déterminer quelles étaient ces solutions », déclare Jacinthe Goulet des relations avec les médias pour Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada. Elle confirme que NTI décidera de manière indépendante de l’utilisation des fonds alloués.
Des solutions sur la table
KIA explique que les projets de logement de la SHN s’inscrivant dans le cadre de la Stratégie Nunavut 3000 ont occupé la majorité des réservations de cargaison. L’organisation songe maintenant à faire appel à leur propre entreprise maritime à partir de l’Ouest canadien pour expédier vers la région de Kitikmeot, ou encore à contracter une société distincte de l’Est canadien.
« Le transport maritime a toujours été un problème pour la région de Kitikmeot, qui n’est desservie que par une seule traversée depuis le Québec. Une autre option serait de posséder notre compagnie maritime afin de mieux soutenir nos communautés », affirme l’organisation.
L’Association confirme par ailleurs que les compagnies inuit qui placent les ressources humaines et la formation inuit au premier plan auront la priorité pour effectuer les travaux. Une attention particulière sera aussi accordée afin que tout bénéficiaire inuit ait la possibilité de s’inscrire comme apprenti, de recevoir l’enseignement nécessaire et de devenir un ouvrier qualifié dans le domaine de son choix. « Le fait d’avoir nos propres entreprises inuit pour construire ces projets sera très profitable, tant pour elles-mêmes que pour la main-d’œuvre inuit, et permettra également de conserver les retombées économiques dans la région de Kitikmeot », conclut la KIA.
Le troisième « Café politique » organisé par l’Association des francophones du Nunavut a réuni des membres de la communauté francophone et Statistique Canada, à l’approche du prochain recensement. L’objectif de l’organisme francophone était de débattre autour des chiffres qui concernent la francophonie au Nunavut, dans un contexte nordique où la collecte de données régulières et fiables est un réel enjeu. Statistique Canada a également présenté diverses possibilités d’emploi en français et en anglais au Nunavut pour la prochaine campagne de recensement qui se tiendra en mai, 5 ans après la dernière.
En plus des quatre communautés du Nunavut, les autres finalistes nommées par l’ITK sont Inuvik, dans la région désignée des Inuvialuit, Nain, au Nunatsiavut ainsi que Puvirnituq et Kuujjuaq, au Nunavik. Toutes ces municipalités avaient jusqu’au 30 octobre 2025 pour signifier leur intérêt à poursuivre le processus de sélection. Au moment d’écrire ces lignes, ITK n’était pas en mesure de nous confirmer qui demeurait en lice.
L’organisation inuit prévoit choisir son campus principal plus tard cette année dans le but d’ouvrir en 2030. Il est anticipé que l’école accueille une centaine d’étudiants et 80 membres du personnel.
Une offre de formation pour les Inuit
L’Université Inuit Nunangat a pour objectif d’autonomiser les étudiants grâce à une éducation ancrée dans la culture inuit, de favoriser la collaboration régionale et mondiale et de défendre la liberté intellectuelle. Elle s’engage à former les futurs dirigeants et chercheurs inuit qui incarnent et font progresser les valeurs et traditions inuit. Dans une déclaration récente, le maire d’Iqaluit Solomon Awa a affirmé que la capitale serait un « endroit idéal » pour l’établissement.
Le maire du hameau d’Arviat prône également pour que sa collectivité en ressorte gagnante. Joe Savikataaq Jr croit que sa communauté serait un lieu tout à fait approprié pour accueillir cet établissement en raison de sa richesse au niveau de la culture, de la langue et des modes de vie inuit. Il estime que ce projet profiterait à toute la région : « Avec l’augmentation de la population, davantage de services seront nécessaires, ce qui permettra à d’autres secteurs de se développer », poursuit-il.
Selon lui, Arviat répond à tous les critères de sélection :
« Nous disposons des terrains, nous sommes en position de nous agrandir et sommes en mesure de fournir ce qu’il faut en matière d’eau, d’eaux usées, de gestion des déchets et d’électricité. »
Joe Savikataaq Jr souligne que le conseil municipal soutient unanimement cette initiative et qu’à ce jour, aucun désaccord n’a été signalé à la municipalité qui entrevoit pour le moment quelques sites potentiels.
Également contactées pour commenter, les autres communautés du Nunavut impliquées dans le processus, soit Cambridge Bay et Rankin Inlet n’ont pas donné suite à notre courriel. La ville d’Iqaluit n’avait pour sa part aucune remarque à formuler à ce moment-ci.
Jean-Luc Ratel est professeur régulier en fondements de l’éducation et approches culturelles au département des sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Il considère que la présence d’un tel établissement dans l’Inuit Nunangat est nécessaire et croit que ce sera une excellente manière de favoriser le mieux-être inuit en formant des professionnels dans tous les domaines et plus particulièrement dans ceux associés aux besoins en enseignement, dans les services sociaux et plus largement, au développement économique et culturel des collectivités inuit.
« Nous savons déjà que la plupart des étudiants inuit souhaitent retourner dans leurs communautés après leurs études pour y vivre et y travailler, mais le plus grand défi consiste actuellement à développer une offre de formation accessible géographiquement et culturellement dans l’Inuit Nunangat. »
Ratel estime qu’il est essentiel de former davantage d’enseignants inuit, les mieux placés pour valoriser le savoir traditionnel auprès de leurs apprenants, ce qu’une initiative comme l’Université de l’Inuit Nunangat pourra certainement contribuer à améliorer.
Le professeur Jean-Luc Ratel soulève que les étudiants inuit font encore face à plusieurs obstacles lorsqu’ils poursuivent leurs études dans le sud.
Les défis au sud pour de nombreux jeunes
Malgré qu’il juge que des avancées considérables ont été réalisées au fil des dernières décennies, Jean-Luc Ratel soutient que les étudiants inuit doivent encore composer avec plusieurs obstacles lorsqu’ils se dirigent vers le sud pour poursuivre leur cheminement scolaire. Il cite notamment des défis en lien avec la période de transition nécessaire pour faire face au métier d’apprenant, à la vie en ville et à un certain choc culturel.
À cela, il ajoute l’important enjeu de la conciliation études-travail-famille, et plus spécialement celle des études et de la famille, puisque les élèves sont souvent eux-mêmes parents et doivent alors choisir entre quitter avec leur famille ou le faire seuls. « Pour ceux qui déménagent avec leur famille, une grande contrainte concerne la recherche d’un logement abordable, un phénomène qui s’est accentué dans toutes les grandes villes et qui touche plus particulièrement les étudiants en raison de leurs revenus moindres et de leurs déménagements plus fréquents », affirme le professeur, qui souligne au passage des obstacles supplémentaires liés au racisme et à la discrimination dans la quête d’un loyer.
Jean-Luc Ratel mentionne également la discrimination associée à la maîtrise de l’anglais. Une enquête réalisée auprès d’étudiants inuit à laquelle il a participé en 2021, Postsecondary Inuit Students From Nunavut Pathways: When Students’ Satisfaction Meets Language Discrimination révèle que les élèves qui conversaient principalement anglais à la maison étaient généralement, mieux préparés et plus satisfaits de leurs études postsecondaires que ceux qui parlaient majoritairement une langue inuit. « C’est aussi une grande injustice de constater que les étudiants inuit doivent se conformer à une logique d’intégration à un système scolaire d’une autre culture plutôt qu’une logique d’inclusion pourtant souvent défendue par les établissements postsecondaires », conclut le professeur qui mentionne finalement des embûches liées aux coûts et à l’éloignement.
Pan-Arctic Vision est un rendez-vous pour les populations de tous les territoires arctiques, autochtones ou non, pour chanter, construire une communauté panarctique ainsi que pour renforcer ensemble l’autonomisation locale.
Pour Amund Sjølie Sveen, directeur artistiqe de l’événement, l’un des grands objectifs de Pan-Arctic Vision est de favoriser « un changement positif dans le monde ».
Une grande fête arctique
Contacté à quelques semaines du grand jour, Amund Sjølie Sveen qui est également musicien, mentionne que l’excitation est à son comble pour le comité organisateur qui finalise actuellement les derniers détails : « Un million de petits défis à relever », avoue-t-il.
Pour l’homme originaire du nord de la Norvège, cet événement est plus que nécessaire dans le climat géopolitique actuel. Il souhaite que ce moment en soit un de cohésion et de solidarité, mais aussi un lieu de réflexion. « Nous devons nous unir, et nous voulons nous unir ! », clame-t-il.
« Pan-Arctic Vision, c’est une manière de reprendre le pouvoir, de faire en sorte que les peuples du Nord décident eux-mêmes de l’avenir de leurs communautés, que les décisions soient prises ici et que les histoires soient racontées d’ici »
Le choix du Nunavut en tant que destination pour le rendez-vous de 2025 s’était déterminé par télévote lors du dernier rassemblement tenu à Nuuk, au Groenland l’année dernière. Étant un projet nomade, il est nécessaire pour l’organisation d’ancrer la programmation dans la région visitée et de laisser une grande place aux Nunavummiut. « Nous voulons nous assurer que le Nunavut soit présent dans tous les aspects de l’événement, sur scène comme en coulisses, à travers à la fois l’art traditionnel et contemporain du territoire », explique le directeur.
Quinn, auteure-compositrice-interprète originaire d’Alaska, et Saina, chanteuse de la république de Sakha en Russie, sont parmi les artistes qui se déplaceront à Iqaluit. Le Nunavut sera représenté par Shauna Seetenak, une rappeuse de Baker Lake sélectionnée à la suite d’auditions tenues au Festival des arts Alianait ; un festival qui joue un rôle important pour Pan-Arctic Vision.
Uvagut TV sera un autre partenaire crucial pour assurer la réussite de l’événement. La chaîne de télévision diffusera le rassemblement en direct et dans son intégralité et sera aussi présente à Iqaluit pour filmer les concerts communautaires ainsi que des entrevues avec tous les artistes. « Nous sommes extrêmement enthousiastes à l’idée de collaborer avec Pan-Arctic Vision et de présenter cet événement aux Inuit de tout le pays ainsi qu’à l’ensemble des Canadiens », déclare Maia Iotzova, productrice exécutive du contenu créatif pour Nunavut Independant Television Network (NITV) | Uvagut TV.
Beaucoup plus que de la musique
Yungmiqu, un rappeur en langue sámi du nord de la Finlande, est très enthousiaste. « Pour être honnête, je ne sais pas vraiment grand-chose sur les autres peuples autochtones, à part les Sámis. J’ai hâte d’en apprendre davantage sur leur mode de vie et leur culture en général. De plus, je ne suis jamais allé au Canada et n’ai jamais pris l’avion pour traverser l’océan, alors c’est très excitant ! »
Originaire du Danemark, Súsanna Herálvsdóttir, connue sous le nom de scène Dóttir, évolue dans un univers rock alternatif. En compagnie de son guitariste Aske, elle exprime son enthousiasme à l’idée de découvrir une nouvelle culture et une autre région. Elle souhaite y rencontrer des artistes, s’enrichir de leurs créations et trouver de l’inspiration sur le plan musical.
Au-delà d’une célébration en chansons, Amund Sjølie Sveen considère que Pan-Arctic Vision permet une cohésion communautaire, qui favorise la valorisation des voix locales et des perspectives nordiques sur des questions importantes telles que l’autonomie et les changements climatiques.
Rachel Flanagan, entraîneuse adjointe des Spectres de Toronto, ainsi que Kali Flanagan, Emma Woods et Allie Munroe, qui évoluent toutes au sein de cette équipe, de même que Stephanie McKeough, entraîneuse adjointe des Fleet de Boston, sont des figures importantes du hockey féminin au Canada.
Les cinq femmes étaient réunies à Iqaluit pour encadrer les jeunes, sur la glace comme à l’extérieur, à l’occasion d’une première activité conjointe entre l’Association de hockey amateur d’Iqaluit (IAHA), dans laquelle progresse une cinquantaine de filles, et la PWHL.
S’épanouir dans le sport
Nancy Pellerin est la vice-présidente opérations à l’IAHA. Elle souligne que dans le monde du hockey, les ressources disponibles ne sont habituellement pas les mêmes pour les garçons que pour les filles :
« Nous nous rendons compte qu’en général, les filles jouent moins longtemps. Des recherches indiquent qu’à partir de 14 ans, les filles ont tendance à arrêter de faire ce sport à un rythme environ deux fois supérieur à celui des garçons. »
Cette initiative a été possible grâce au financement de la fondation communautaire d’Annauma; un organisme de bienfaisance que tient à remercier chaleureusement l’IAHA. Le montant octroyé pour concrétiser ce projet ne nous a toutefois pas été dévoilé.
Danielle Gibbie, directrice exécutive de la fondation, affirme que ce camp s’inscrit pleinement dans leur mission d’appuyer les Inuit afin qu’elles soient en santé, confiantes et qu’elles disposent des moyens nécessaires pour s’épanouir. « Créer des occasions pour les jeunes filles inuit de pratiquer un sport en fait partie intégrante. Grâce au hockey, ces jeunes développent la confiance en soi, le leadership et un sentiment d’appartenance, tant sur la glace qu’à travers les liens qu’elles tissent entre elles », souligne-t-elle.
Elle exprime que les membres de la communauté ont confirmé à la fondation à quel point cette initiative était attendue et appréciée, et qu’il était extraordinaire de constater de quelle façon cet exercice a permis aux joueuses de grandir, de se rapprocher et de ressentir de la fierté envers elles-mêmes et leurs équipes.
: Seulement âgée de 7 ans, Mik’ngayaq Sallaffie-Mike a pu profiter des enseignements des professionnelles du hockey.
De jeunes filles admiratives
En plus des entraînements sur la glace et au gymnase, les participantes, surtout les plus âgées qui connaissaient bien le quintette, en ont profité pour demander des autographes. Elles ont également eu de belles périodes d’échanges, notamment sur la réalité d’être professionnelle dans ce sport.
« Maintenant, les filles peuvent se dire “Je peux être une joueuse professionnelle de hockey”. Avant, ce n’était même pas une option », souligne Nancy Pellerin.
Elle rigole d’ailleurs en indiquant que l’initiative a fait des jaloux parmi les garçons qui auraient aussi souhaité chausser leurs patins.
Un enthousiasme partagé par les jeunes participantes, ravies de cette expérience unique. « C’était amusant d’avoir des femmes qui jouent au hockey professionnel venir nous enseigner », dit Olivia Pellerin, 10 ans. « J’ai beaucoup appris. C’était très inspirant de voir toutes les joueuses de la PWHL », raconte pour sa part Veronica Mossey, 12 ans.
Installée à Iqaluit depuis 2009, Nancy Pellerin a constaté que le programme de hockey féminin a pris de l’ampleur au fil des ans. Aujourd’hui, les filles bénéficient de séances qui leur sont spécialement réservées, alors qu’auparavant, elles devaient s’entraîner avec les garçons.
Elle espère maintenant que les deux glaces d’Iqaluit soient opérationnelles afin de permettre à tous les hockeyeurs de pratiquer leur sport préféré.
Cette nouvelle espèce découverte, nommée Epiaceratherium itjilik, fait l’objet d’une étude publiée dans la revue scientifique Nature Ecology and Evolution qui actualise l’arbre généalogique des rhinocérotidés. Elle démontre notamment qu’un corridor terrestre reliait encore à ce moment l’Europe et l’Amérique du Nord via le Groenland. Des études précédentes suggéraient plutôt que ce pont terrestre n’avait pu servir de corridor de dispersion que jusqu’à environ 56 millions d’années.
Cette découverte expose également que l’écosystème arctique était bien différent d’aujourd’hui. Durant la période géologique du Miocène précoce, le climat au Nunavut était semblable à celui du sud de l’Ontario et la forêt y était tempérée avec la présence de pins et de mélèzes.
Un animal qui a su s’adapter
La découverte des ossements qui forment environ 75 % du squelette a permis de procéder à la reconstitution de l’Epiaceratherium itjilik en le décrivant comme petit et svelte, de la taille du rhinocéros indien actuel, mais sans corne. Selon les études, le spécimen arctique avait atteint le début ou le milieu de l’âge adulte puisque ses dents jugales montrent une usure modérée. En raison de la faible taille de sa dentition inférieure, les chercheures sont portées à croire qu’il s’agirait d’une femelle.
Le nom de « Itjilik » qui signifie « givré » ou « gel » en inuktitut a été trouvé en collaboration avec Jarloo Kiguktak, aîné inuk et ancien maire de Grise Fiord, qui a participé à plusieurs expéditions dans le Grand Nord et qui était présent lors des recherches sur le terrain.
« Décrire une nouvelle espèce constitue toujours un moment passionnant et instructif. Mais l’identification d’Epiaceratherium itjilik recèle davantage : nos reconstructions de l’évolution des rhinocéros démontrent que l’Atlantique Nord a joué un rôle bien plus crucial dans leur évolution qu’on ne le pensait. »
Ce qui est vraiment incroyable selon Marisa Gilbert, paléobiologiste au musée et coauteure de la recherche, c’est que l’animal a dû s’adapter au même régime de lumière que nous vivons actuellement, ce qui inclut les nuits polaires. « Nous n’avons pas de fossile de sa peau; nous avons seulement les os, mais nous avons pensé que les chevaux qui existent aujourd’hui ont un pelage qui les aide à conserver leur chaleur pendant l’hiver. C’est pour cette raison que nous l’avons imaginé avec ces poils ».
Elle ajoute que les arbres qui étaient jadis présents en abondance ont définitivement favorisé la survie de l’herbivore. « La mâchoire n’était vraiment pas large, ce qui est une indication que l’animal mangeait les feuilles », enchaine la chercheure.
À la fin des années 2000, Marisa Gilbert a participé à plusieurs expéditions au cratère Haughton, menant également à la découverte d’une autre nouvelle espèce, le Puijila darwini, un ancêtre des phoques modernes.
« C’est un animal qui vivait dans le lac qui a été créé dans le cratère et qui cohabitait dans l’eau fraîche à côté du rhinocéros. C’est assurément un temps unique dans l’histoire de notre Arctique, puis du Canada »
Autre fait étonnant : la coauteure indique qu’il y avait aussi des chameaux et des éléphants au cours de cette période et aimerait bien faire l’identification de leurs ossements fossiles lors de prochaines missions.
L’imposant cratère d’Haughton possède un diamètre de 23 kilomètres, mais la paléobiologiste déclare qu’il y a seulement un petit coin où il reste encore des dépôts du lac. « On le connait bien, mais on ne le connait pas complètement. Il y a de bonnes chances d’y retrouver des fossiles », s’enthousiasme-t-elle.
Cette scène reconstitue fidèlement la faune et la flore fossiles découvertes sur le site du cratère d’Haughton.
Près de 40 ans plus tard…
Cette histoire a débuté en 1986 quand Mary Dawson, paléontologue spécialisée en mammifères fossiles et reconnue pour ses recherches dans le Grand Nord a récolté des dents, des mandibules et des fragments crâniens sur le site du cratère. Travaillant sur plusieurs autres projets en même temps, la femme qui savait à ce moment qu’il s’agissait d’un rhinocéros n’a pas poursuivi ses investigations pour identifier l’espèce.
Puis, entre 2007 et 2010, l’équipe du musée est retournée sur l’île Devon, parfois accompagnée de Mary Dawson, alors âgée de plus de 80 ans et y ont découvert de nouveaux ossements. Toutes ses trouvailles ont été réalisées sur une superficie d’environ cinq à sept mètres carrés.
Les chercheurs ont récupéré environ 75 % des ossements de l’animal, avec d’importants éléments diagnostiques tels que dents, mandibules et fragments crâniens.
Ce n’est qu’en 2023 qu’une analyse a débuté par les coauteures de la recherche, Natalia Rybczynski, Danielle Fraser et Marisa Gilbert. « On a travaillé longtemps, mais c’est vraiment une histoire unique », lance Marisa Gilbert. En raison de sa contribution, Mary Dawson a été ajoutée comme quatrième auteure de l’étude à titre posthume.
Comme les fossiles de l’Arctique ne sont pas entièrement remplacés par des minéraux, en raison du climat froid et sec qui agit comme un véritable « congélateur », il est possible d’y retrouver d’autres matériaux organiques et donc, d’envisager des analyses supplémentaires.
Le fossile d’Epiaceratherium itjilik repose aujourd’hui au centre de recherche du Musée canadien de la nature qui n’est pas ouvert au public. Numérisé en trois dimensions, il est toutefois dans les projets de le présenter éventuellement aux visiteurs. « C’est l’histoire du Canada et de l’Arctique. C’est fascinant », conclut Marisa Gilbert.
Un fonds d’un milliard de dollars sur quatre ans pour l’amélioration des infrastructures telles que des aéroports, des ports de mer et des routes ; le développement d’un Fonds souverain pour les minéraux critiques et la création de 700 logements abordables figurent parmi les annonces d’intérêt du budget fédéral touchant les Nunavummiut.
Des financements encourageants
Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) dit accueillir ce budget avec un « optimisme prudent ». Parmi les points positifs, l’organisation mentionne le soutien à l’Université de l’Inuit Nunangat, la limitation à 2 % de la réduction des dépenses imposée à Relations Couronne-Autochtones et Services aux Autochtones Canada ainsi que le Fonds d’infrastructure de l’Arctique. Une dernière annonce qui est également applaudie par le premier ministre du Nunavut sortant, P.J. Akeeagok :
« Pendant trop longtemps, la différence entre le Nord et le Sud du Canada en matière d’infrastructures a limité les possibilités économiques et le bien-être des communautés. La création du nouveau Fonds d’infrastructure pour l’Arctique est la reconnaissance longtemps attendue que les infrastructures de l’Arctique sont des infrastructures nationales essentielles à la souveraineté, à la croissance économique et à la santé et sécurité de nos communautés. »
Le gouvernement du Nunavut se réjouit aussi de la confirmation de son partenariat avec la Société d’habitation du Nunavut (SHN) pour la construction de 700 logements qui constitue, à leur avis, une étape clé pour répondre à la crise actuelle et soutenir l’essor des communautés.
Autres points positifs selon P.J. Akeeagok : le développement d’un Fonds souverain pour les minéraux critiques et le lancement d’un Bureau des grands projets (BGP) qui représentent des avancées majeures vers la valorisation du potentiel minier du Nunavut en collaboration avec les Inuit.
Karen D. Costello est directrice générale à la Chambre des Mines des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. Parmi les annonces qui l’interpellent spécifiquement, elle note la prolongation du Crédit d’impôt pour l’exploration de minéraux critiques (CIEMC) jusqu’au 31 mars 2027, avec l’ajout de nouveaux métaux qui pourraient profiter au Nord du Canada, particulièrement aux Territoires du Nord-Ouest.
« Cependant, le budget ne prévoit pas la mise en place d’un Crédit d’impôt pour l’exploration minérale au nord du 60e parallèle, pourtant réclamé par tous les gouvernements territoriaux et les Chambres des mines afin d’assurer une concurrence équitable », indique-t-elle. « Avoir un potentiel minéral élevé ne suffit plus : les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut doivent désormais rivaliser à la fois à l’échelle nationale et internationale pour attirer les capitaux d’exploration », soulève la directrice.
L’organisation Inuit Tapiriit Kanatami, présidée par Natan Obed, se dit préoccupée par le non-renouvellement du financement pour éliminer la tuberculose.
Des craintes bien présentes
« Bien que le budget d’aujourd’hui reflète certains progrès, le succès dépendra de l’ampleur, de la conception et de la transparence de sa mise en œuvre, ainsi que de l’engagement envers les priorités du Comité de partenariat Inuit–Couronne, notamment la revitalisation de l’inuktut, l’autodétermination en matière de recherche et la mise en œuvre des droits », peut-on lire dans un communiqué de l’ITK.
L’organisation se dit préoccupée par le non-renouvellement du financement pour l’élimination de la tuberculose dans l’Inuit Nunangat, et ce malgré la promesse du gouvernement fédéral d’éradiquer la maladie d’ici 2030, tout en réduisant de moitié les taux d’ici 2025. ITK s’inquiète également du manque de référence explicite aux Inuit dans la section du document portant sur la souveraineté arctique et la sécurité nationale, ainsi que de l’absence de reconnaissance de l’autodétermination et des droits des Inuit dans cette région. « Le partenariat Inuit–Couronne n’est pas symbolique ; c’est une condition essentielle à une gouvernance efficace de l’Arctique », déclare Natan Obed, président de l’ITK.
Un élément crucial « oublié » ?
L’ITK exprime être profondément préoccupé par le fait qu’Ottawa ait choisi de ne pas allouer de fonds supplémentaires à l’Initiative « Les enfants inuits d’abord » (ICFI). Le financement actuel prend fin le 31 mars 2026, et l’organisation s’inquiète que si les fonds ne sont pas renouvelés, les membres les plus vulnérables de la société seront privés de la possibilité de vivre dans la dignité et d’accéder aux services dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin.
« L’ITK et les organisations considéraient l’ICFI ainsi que l’engagement fédéral à élaborer une solution politique durable, comme une alternative bienvenue à des recours juridiques coûteux. Les Inuit examineront toutes les options, y compris juridiques, afin de garantir que leurs enfants puissent accéder aux services essentiels dont ils ont besoin. »
Même son de cloche pour Lori Idlout qui déclare analyser attentivement ce budget, car il comporte selon elle, de nombreuses zones d’ombres. « Par exemple, il semble que l’ICFI soit en train de prendre fin, sans être remplacée », s’inquiète-t-elle.
Un « oubli » qu’a également relevé le Premier ministre sortant. « Bien que nous remarquions l’absence de référence à l’ICFI dans le budget de cette année, nous demeurons déterminés à collaborer avec nos partenaires fédéraux afin de garantir que les enfants inuit continuent de bénéficier d’un accès équitable aux soins et aux services, conformément à l’esprit du Principe de Jordan », déclare P.J. Akeeagok.
Le gouvernement Carney sauvé d’un fil
Le budget du gouvernement Carney a été adopté in-extremis lundi 17 novembre, avec 170 voix pour et 168 voix contre. Il survit de peu au vote de confiance et évite ainsi le déclenchement de nouvelles élections fédérales. Lori Idlout, députée NPD du Nunavut, s’est abstenue.
Contactée par Le Nunavoix, Lori Idlout s’est refusée à tout autre commentaire que la publication diffusée mardi 18 novembre sur sa page Facebook.
Mention ajoutée le 19 novembre 2025.
Depuis la fin des années 1990, l’ancienne aréna d’Inuvik, qui a été transformé en serre, offre un lieu tout à fait unique dans le Nord. L’objectif initial de renforcement du sentiment d’appartenance communautaire grâce au jardinage récréatif, à la production alimentaire, au partage des connaissances et aux possibilités de bénévolat a été largement acquis. Au tournant de l’an 2000, près de 100 personnes étaient adhérentes de l’organisme Inuvik Community Greenhouse (ICG). On en compte aujourd’hui 150.
En 2021, une unité hydroponique achetée auprès de Coldacre a été installée à côté de la serre. Financé grâce à une subvention de l’Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor), l’ajout de cette unité devait permettre « d’étendre les activités de la serre et, éventuellement, d’en faire une source de financement en permettant la culture de produits pendant l’hiver », explique Peter Clarkson, maire d’Inuvik et membre du conseil d’administration de ICG.
Des légumes frais, notamment des salades, épinards, choux frisés et herbes ont été vendus durant l’été, à l’image d’un micromarché communautaire.
Des salades, épinards, choux frisés et herbes aromatiques ont été vendus aux membres de la communauté durant la saison estivale 2025.
Le coût énergétique
Cependant, le conseil d’administration a dû faire face à plusieurs obstacles dont le coût énergétique nécessaire pour faire fonctionner la ferme. En effet, c’est au Nunavut et aux TNO que le coût de l’électricité est le plus élevé au Canada. Selon l’agence canadienne de l’énergie renouvelable, les tarifs résidentiels d’électricité varient d’une collectivité à l’autre, mais à Inuvik, le kilowattheure coute plus de 0,80 $.
Pour réduire ces coûts, des panneaux photovoltaïques ont été installés mais des retards dans les permis ont empêché leur utilisation pendant plusieurs années. Et bien que les panneaux permettent maintenant d’accumuler des heures de production énergétique durant l’été, cela n’a pas suffi pour maintenir l’activité lors de l’hiver dernier.
M. Clarkson estime que sans l’énergie solaire, l’unité hydroponique serait trop couteuse et impossible à faire fonctionner.
« Dans un monde idéal, la ferme aurait donc fonctionné d’octobre à mars, soit pendant six mois. Mais cette année, en raison d’un autre problème avec les panneaux solaires, nous ne la ferons pas fonctionner du tout cet hiver, car nous n’avons pas pu accumuler les heures nécessaires. De plus, le personnel que nous avions formé pour la faire fonctionner n’est plus à Inuvik. »
En plus des problèmes de rétention du personnel, M. Clarkson ne se dit pas convaincu par l’isolation du conteneur qui, selon lui, ajoute au cout de la facture d’électricité. Lorsque la température chute à moins 40 degrés, la consommation d’énergie grimpe, car il faut maintenir la chaleur à l’intérieur afin de créer un environnement propice à la croissance des légumes.
Avec la fermeture de ColdAcre, plus aucun soutien technique n’est disponible, laissant la communauté seule face aux éventuels problèmes du système. La durabilité économique des fermes hydroponiques dans l’Arctique canadien reste à prouver selon M. Clarkson :
« La faisabilité de ce type de culture dans le Nord est donc difficile en raison de nos coûts énergétiques élevés, mais aussi, même si l’énergie n’était pas en cause, le temps consacré par le personnel pour s’en occuper est un autre défi. »
Une approche globale
Malgré ces obstacles, Peter Clarkson estime que le projet a eu le mérite de tester une solution alternative pour améliorer la sécurité alimentaire hivernale. Toutefois, selon lui, l’approche la plus réaliste reste l’agriculture estivale.
Grâce à la serre communautaire et aux jardinières individuelles, les résidents peuvent cultiver assez de pommes de terre, légumes racines et verdures pour plusieurs mois. C’est durant l’été qu’une différence en matière de souveraineté alimentaire peut être faite. Pour Peter Clarkson, l’avenir passe par une approche holistique, mêlant initiatives communautaires, éducation au jardinage, technologies adaptées au climat nordique, et soutien financier ciblé.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.
Le chercheur principal et coordonnateur de l’enquête, Abdoul-Malik Ahmad, a défini les barrières systémiques ainsi : « L’effet combiné d’orientation, de structure et de biens individuels et collectifs inscrits dans les politiques migratoires et les pratiques administratives qui produisent des effets différents selon l’origine nationale, la race, le genre, etc. ».
L’OIFC a pour mission de diffuser, d’analyser et de diffuser les savoirs liés à l’immigration francophone, à partir des communautés locales jusqu’au niveau national. Il est affilié à l’Université de l’Ontario français à Toronto.
Les cinq barrières systémiques et leur impact
Lors du webinaire, l’équipe de l’OIFC a présenté les résultats de l’enquête compris dans un rapport publié récemment et qui détaille les fruits de leurs recherches. L’équipe de recherche a identifié cinq principaux obstacles systémiques. Il s’agit des barrières linguistiques, administratives, juridiques, financières et pour la reconnaissance des acquis professionnels.
Un total de 76 % des personnes qui ont répondu ont dit avoir été servis en français par le personnel du ministère Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) lors d’échanges électroniques. Abdoul-Malik Ahmad identifie cependant l’absence de contact humain direct comme un problème.
Les personnes immigrantes d’expression française (PIEF) interagissent principalement avec des plateformes et des formulaires.
Les barrières administratives et juridiques ralentissent aussi le processus, selon la chercheuse associée qui a aussi contribué au rapport, Eya Benhassine. Plus de la moitié des répondants, soit environ 54 %, ont passé six mois ou plus à collecter des informations. De plus, 44 % ont attendu six mois ou plus pour une réponse finale d’IRCC. Ces retards peuvent affecter la stabilité professionnelle et personnelle des immigrants : 47 % des répondants ont indiqué que le délai de décision d’IRCC les affecter négativement.
D’après la même chercheuse, les biais dans la structure administrative responsable de la mise en œuvre des politiques d’immigration rendent les décisions institutionnelles opaques. Quarante-deux pour cent des sondés n’ont pas reçu d’explication pour les retards et 17 % n’ont pas compris les raisons du refus.
Abdoul-Malik Ahmad a constaté que des barrières existent aussi pour la reconnaissance des compétences professionnelles. Seulement 43 % des répondants ont demandé l’équivalence de leurs diplômes étrangers. Le chercheur pense que cela montre que les immigrants, principalement des pays du Sud, s’attendent à ce que leurs diplômes soient remis en question.
Les obstacles financiers sont, selon Abdoul-Malik Ahmad, une « barrière systémique qui est invisible ». Selon lui, 23 % des répondants ont eu du mal à trouver des informations sur les coûts du processus d’immigration sur les sites gouvernementaux.
Sous la surface du système d’immigration
Le chercheur principal indique que la recherche se concentre sur le recrutement, y compris la promotion, la sélection et la communication avant l’arrivée des candidats au Canada. Les barrières systématiques identifiées se trouvent tout au long du continuum de l’immigration. Elles ne sont pas le fruit du hasard, mais résultent d’instruments et d’outils mis en place par l’administration publique, indique Abdoul-Malik Ahmad.
Il affirme que les instruments du gouvernement influencent les décisions des acteurs pour atteindre leurs objectifs. Un immigrant francophone peut rencontrer des obstacles liés à la langue et à la communication lorsqu’il remplit des formulaires, comme l’a montré l’expert de l’OIFC durant le webinaire.
À travers une analyse intersectionnelle, Abdoul-Malik Ahmad a montré comment les contraintes se combinent pour compliquer encore plus le parcours des PIEF.
Vers des démarches adaptées
Les PIEF, selon Abdoul-Malik Ahmad, relancent souvent les plateformes d’IRCC et s’appuient sur leur réseau de soutien – comme leurs proches, les forums ou les médias sociaux – pour obtenir de l’aide.
Les répondants demandent « humanisation du traitement des dossiers en permettant quelque part un contact direct », indique le chercheur principal. Les PIEF souhaitent aussi une simplification des démarches administratives et une réduction des délais de traitement.
Le coordonnateur de la recherche évoque qu’ils voudraient d’ailleurs une meilleure accessibilité géographique et linguistique aux services d’IRCC, notamment par l’ouverture de bureaux en Afrique francophone.
La directrice générale à l’OIFC, Kimberly Jean Pharuns, a ajouté que d’autres intervenants, comme les services qui suivent le recrutement et l’arrivée des personnes immigrantes, peuvent contribuer à l’humanisation.
Abdoul-Malik Ahmad a observé que les instruments publics, supposément neutres, renforcent les inégalités de pouvoir entre les candidats et ont tendance à privilégier certains groupes socioéconomiques par rapport à d’autres.
Profil des participants
Eya Benhassine a souligné que l’échantillon de cette première phase de l’enquête est trop petit pour généraliser les résultats à toutes les PIEF. Elle a été diffusée au printemps 2025 auprès des PIEF récentes. Lors de cette phase, 133 personnes y ont répondu, dont 81 ont fourni des réponses complètes. La méthode de distribution pourrait aussi avoir favorisé des personnes qui étaient plus au fait des services.
La plupart des personnes interrogées ont entre 30 et 49 ans, de plus, environ 56 % s’identifient comme femmes. Eya Benhassine précise que ces dernières sont entrées au Canada principalement via un programme d’immigration économique et vivaient avec leur famille lors de leur demande de résidence permanente.