Aussi nommé le « bruant des neiges », le plectrophane des neiges est connu dans le Nord comme étant l’oiseau qui amène le printemps.
Composée de six étudiantes en 2025, l’équipe de recherche présente à Iqaluit en juin et juillet étudie les raisons d’une grande concentration de cette espèce en ville et l’impact des structures urbaines sur ses habitudes de nidification.
De nombreux nids recensés à Iqaluit
Est-ce que les oiseaux qui vont nicher dans des endroits plus perturbés sont plus courageux, plus braves, que ceux qui vont dans la toundra ? Est-ce que le bruit urbain impacte les sites de nidification ? Pourquoi ces oiseaux décident-ils de s’installer dans la ville plutôt que dans un milieu plus naturel ?
Justine Grimard-Spalding, étudiante à la maitrise en biologie à l’Université du Québec à Rinouski (Uqar), qui se joint pour la première année à cette équipe de recherche, affirme que ce ne sont là que quelques exemples de questions que se posent les chercheurs.
Des données issues des recherches scientifiques publiées dans la revue « Ecologic and Evolution— Anthropogenic Nest Cavities Used by Snow Buntings in an Urban Arctic Landscape » indiquent que 160 nids de plectrophanes des neiges ont été trouvés en 2023 et 2024 à Iqaluit, dont 45 % dans des cavités d’origine anthropique.
« Malgré la disponibilité de sites de nidification dans les bâtiments, le bois, le métal, 77 % des cavités de nidification anthropiques se trouvaient dans la roche, le même substrat que tous les nids naturels de la ville », peut-on lire dans la publication scientifique du 23 mai 2025. Toujours selon ces résultats, ce sont environ 10 % des cavités qui se trouvaient dans d’autres matériaux, tels que le bois, le métal ou les bâtiments.
Justine Grimard-Spalding souligne que ces recherches ont déterminé que les villes comme Iqaluit offrent davantage de cavités pour nicher qu’elles soient naturelles ou anthropogéniques, ce qui permettrait une plus grande abondance du plectrophane des neiges en ville.

160 nids de plectrophanes des neiges ont été trouvés en 2023 et 2024 à Iqaluit.
« Compte tenu de cette flexibilité dans l’utilisation des cavités de nidification, les bruants des neiges pourraient être moins limités dans les cavités de nidification en milieu urbain que dans un paysage naturel, bien que l’impact des cavités de nidification anthropiques sur le succès reproducteur reste à étudier », confirme la publication.
En attente de publication, un autre rapport souligne un fait que les chercheurs à Iqaluit sont les premiers à avoir observé au Canada. « Double Duty: First Record of double brooding in Snow Buntings in the Canadian Arctic » informe d’une plus longue saison de reproduction, commençant plus tôt et finissant plus tard, permettant à certains plectrophanes des neiges d’avoir deux portées par année.
L’apport de la communauté
Depuis le 7 juin dernier et jusqu’au 26 juillet 2025, les Iqalummiut sont invités chaque samedi au point de rencontre devant Iqaluit Valupharm Drugs dès 9h30 pour une sortie de deux heures afin d’observer les plectrophanes des neiges et tout autre oiseau sur leur chemin. Une vingtaine de personnes de tous âges et de différents niveaux de connaissances étaient présentes lors du premier événement.

Jusqu’au 26 juillet, les Iqalummiut sont invités à se joindre à une marche hebdomadaire pour observer les oiseaux.
Selon Justine Grimard-Spalding, il est important d’intégrer la communauté à ce projet. Elle mentionne d’ailleurs que les participants des marches leur en apprennent généralement beaucoup.
Au cours des dernières semaines, la communauté a eu l’occasion de découvrir le travail de l’équipe lors d’une réunion à l’Institut de recherche du Nunavut. Les résidents ont été invités à s’impliquer entre autres en assistant à des démonstrations de baguage, en se joignant aux chercheuses sur le terrain et en signalant des observations d’oiseaux bagués.
Des activités ont aussi été réalisées dans les écoles pour stimuler l’intérêt des jeunes envers la science. Les étudiants ont notamment exploré les techniques de manipulation et de mesure des oiseaux, ont appris à évaluer les sites de nidification en fonction des perturbations telles que les prédateurs et le bruit, et se sont entraînés à utiliser des jumelles ou encore des microphones pour observer et enregistrer les oiseaux en action. « L’objectif au long terme, c’est de ne plus avoir besoin de se déplacer et que ce soit une recherche autonome », conclut l’étudiante.
Une page Facebook est par ailleurs dédiée aux activités de l’équipe de recherche.