Comment résoudre les problèmes liés à la pénurie de logements et à la surpopulation dans les logements actuels du territoire ?
Le logement doit être dirigé par les résidents du Nord, refléter nos réalités et créer des possibilités à long terme. J’appuie l’engagement de Mark Carney de construire 500 000 nouveaux logements par année au Canada et je m’attends à travailler avec les organisations inuit et le gouvernement du Nunavut pour fournir des logements rapides, abordables et adaptés à la culture.
Je suis également passionnée par la construction modulaire. Il y a une usine de logements en construction à Arviat, ce qui permettra de former des travailleurs spécialisés Inuit et de réduire les coûts de construction. Ces projets, ainsi qu’un financement fédéral constant et à long terme, réduiront le surpeuplement et renforceront les capacités dans nos collectivités.
« J’ai vu comment le manque d’infrastructures freine notre économie et notre population. »
Quelles sont vos priorités en matière de développement des infrastructures ?
Les infrastructures au Nunavut devraient favoriser l’équité, afin que notre niveau de vie reflète ce que les autres Canadiens tiennent pour acquis. Cela signifie investir dans l’énergie propre, la fibre optique, les ports, le traitement de l’eau et les systèmes de gestion des déchets, ce qui réduit également le coût de la vie.
J’ai participé à l’analyse des lacunes en matière d’infrastructure en 2020 avec Nunavut Tunngavik Inc. (NTI), et j’ai vu comment le manque d’infrastructures freine notre économie et notre population. Je veux être présente pour m’assurer que les nouveaux fonds fédéraux consacrés aux infrastructures profitent au Nunavut grâce à la formation, aux contrats locaux et à la conception à double usage qui fonctionne à la fois pour la population et pour les services gouvernementaux.

Une collecte de fonds a été organisée par la candidate libérale au Nunatta Sunakkutaangit Museum à Iqaluit la semaine dernière.
Le Nunavut présente des taux de pauvreté importants. Des programmes fédéraux permettent de combler des besoins vitaux, comme l’Initiative pour Les Enfants Inuit D’abord (ICFI) par exemple. Mais quelles politiques à long terme sont à mener pour lutter contre la pauvreté, mais aussi l’insécurité alimentaire ?
L’Initiative pour Les Enfants Inuit D’abord, communément appelée le principe de Jordan, est le plus important programme fédéral au Nunavut. Il doit être prolongé au-delà du renouvellement actuel d’un an. Je demande une prolongation de quatre ans et, en fin de compte, un financement permanent, afin que les communautés puissent planifier et que les familles puissent s’y fier.
Pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire à long terme, nous avons également besoin de meilleurs emplois, d’une formation locale et d’une baisse du coût de la vie. Nous devons également réformer Nutrition Nord pour soutenir les aliments traditionnels, la récolte communautaire et les systèmes alimentaires locaux, et pas seulement le fret.
« Toute réforme doit être responsable, transparente et menée par les personnes qui en dépendent. »
Il faut donc réformer Nutrition Nord ?
Le programme n’a pas suivi le rythme de la réalité sur le terrain. Les prix sont élevés, l’accès est inégal et de nombreuses communautés se sentent exclues.
C’est pourquoi j’appuie le processus de représentation ministérielle en cours, mais il doit mener à des changements réels et éclairés par la communauté. Je continuerai également à plaider pour des soutiens pratiques comme le programme de soutien aux chasseurs qui fournit des bons d’essence, afin que les gens puissent accéder directement à la nourriture traditionnelle.
Toute réforme doit être responsable, transparente et menée par les personnes qui en dépendent.
Quels projets soutenez-vous pour renforcer la défense et la souveraineté dans l’Arctique ?
Le Canada est une nation arctique en raison de son utilisation historique et de son occupation continue. Notre présence est la base de notre souveraineté.
C’est pourquoi j’appuie les investissements dans les pistes d’atterrissage, les ports et les communications, ainsi que la formation et l’équipement des Rangers canadiens. La souveraineté, c’est aussi réduire le coût de la vie pour s’assurer que les gens restent et s’épanouissent ici. La sécurité doit être au service de nos communautés, et pas seulement des institutions.
Quelle position doit tenir le Canada face à Donald Trump ?
Quel que soit le dirigeant des États-Unis, le Canada doit rester concentré sur la protection de ses intérêts et le respect de ses valeurs. Nous devons nous engager avec respect, travailler ensemble là où nous le pouvons et rester fermes là où nous le devons.
Mon travail consistera à veiller à ce que la voix du Nunavut soit entendue dans ces conversations, car ce qui se passe à l’échelle mondiale peut nous affecter profondément ici.

Pour Kilikvak Kabloona, « La souveraineté, c’est aussi réduire le coût de la vie pour s’assurer que les gens restent et s’épanouissent ici. La sécurité doit être au service de nos communautés, et pas seulement des institutions. »
Comment accompagner les communautés du territoire pour s’adapter aux changements climatiques ?
Les Inuit sont déjà en train de s’adapter. Nous voyons l’impact sur la terre, la glace de mer et la faune. Maintenant, nous avons besoin d’un véritable investissement à la hauteur de ce que nous vivons.
Cela comprend des infrastructures capables de gérer le dégel du pergélisol, un soutien aux cueilleurs pour s’adapter aux nouvelles conditions météorologiques et des systèmes d’énergie propre qui rendent les collectivités plus autonomes. Nous avons les connaissances nécessaires, nous avons besoin de partenariats, de ressources et de planification à long terme.
Quels investissements sont prioritaires pour réduire la dépendance au diesel ?
Je travaille à soutenir l’énergie renouvelable dirigée par les Inuit au Nunavut, comme le projet de fibre hydroélectrique de Kivalliq, les plans d’Iqaluit Hydro, l’énergie solaire à Sanikiluaq et la planification de sources d’énergie de substitution dans le Kitikmeot. Pendant des années, j’ai également plaidé en faveur d’une politique de producteurs d’électricité indépendants afin que ces projets puissent être partiellement financés par la dette sur la base d’un flux de revenus prévisible à long terme.
Des investissements fédéraux sont en place et des plans sont en cours d’élaboration. Nous avons besoin de plus de financement. Nous devons également former les Inuit à l’utilisation et à l’entretien de ces systèmes. Ce n’est pas seulement bon pour l’indépendance énergétique ; c’est bon pour l’emploi, le coût de la vie et l’environnement.
« Nous sommes plus forts lorsque tout le monde a un sentiment d’appartenance. C’est le Nunavut auquel je crois. »
Pénurie de main-d’œuvre : quel plan pour former, attirer et retenir le personnel ?
J’ai supervisé l’équipe de négociation du Contrat de mise en œuvre de l’Accord du Nunavut, qui comprend près de 650 millions de dollars au cours des neuf prochaines années pour la formation préalable à l’emploi dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la justice et du logement. C’est un investissement majeur.
Des programmes comme Pilimmaksaivik préparent les Inuit à des emplois intéressants, mais nous devons aussi retenir le personnel. Cela signifie le logement, l’accès à des services de garde d’enfants et des milieux de travail respectueux sur le plan culturel. Nous avons besoin d’une main-d’œuvre qui se sent enracinée et prête.
Quelle est votre vision pour la francophonie sur le territoire ?
Les Nunavummiut francophones contribuent à la richesse de notre territoire. Ma vision est un Nunavut où les francophones peuvent accéder à des services et participer pleinement, aux côtés des autres. En même temps, l’inuktut est le fondement de ce que nous sommes. Soutenir les deux langues, c’est bâtir un territoire ancré dans le respect, l’inclusion et l’équité, où chacun se reconnaît dans notre avenir. Nous sommes plus forts lorsque tout le monde a un sentiment d’appartenance. C’est le Nunavut auquel je crois.