Dans le cadre de son projet visant à renforcer ses capacités pour promouvoir les femmes francophones, l’AFN s’est appuyée sur l’organisation Impact On pour analyser la dynamique actuelle au Nunavut. Selon les données du recensement de la population de 2021 par Statistique Canada, 255 femmes vivant sur le territoire ont le français comme première langue officielle et 155 d’entre elles l’utilisent le plus souvent à la maison.
Pour tenter de dresser un portrait global des femmes francophones et francophiles du Nunavut, la firme Impact On a mené sept consultations individuelles et intégré les résultats d’un sondage de l’AFN ayant rejoint 18 répondants, soit 17 femmes et 1 homme. Des recherches statistiques et un groupe de discussion formé de quatre personnes sous le format « focus group » ont aussi été réalisés.
Avec ces données en main, l’AFN dispose de plusieurs pistes d’action pour mieux épauler et appuyer les femmes francophones du territoire.
L’isolement, un enjeu majeur
Le sondage mené par l’AFN a révélé que l’isolement social et l’éloignement géographique sont les deux critères ayant obtenu le plus de réponses à la question : « Quels sont vos défis socio-économiques ? »
Samia Salomon est chargée de projets, Femmes et Égalité des genres pour l’AFN. Elle souligne l’importance de renforcer le réseau des femmes francophones du Nunavut et de créer un comité qui permettra de coordonner l’ensemble des activités, de réfléchir et de dialoguer.
La mise en place d’un comité de femmes fait partie des recommandations du rapport et sera opérationnel très prochainement.
« Nous sommes en train de travailler pour renforcer le comité, encourager d’autres personnes à y participer et surtout faire des campagnes de sensibilisation pour renforcer le réseau des femmes. »

L’événement choco-jasette, qui s’est tenu en février dernier, a réuni 18 femmes francophones et francophiles. De quoi tisser des liens dans la bonne humeur.
À deux occasions lors d’événements ainsi qu’à travers le sondage, les femmes ont été consultées afin de comprendre leur vision de cette initiative et comprendre leurs attentes.
Le rapport souligne aussi des défis majeurs pour les femmes en lien avec la vie communautaire, le logement, le marché de l’emploi, la santé et la sécurité sur le territoire.
Sept répondants ont identifié les catégories « Services de soutien familial et communautaire » et « Initiatives pour améliorer l’accès au logement » comme besoins prioritaires des femmes francophones et francophiles du Nunavut, ce qui en fait les deux principaux enjeux répertoriés. Le document présente finalement des recommandations générales.
« Il y a des recommandations qui sont très spécifiques au projet comme de mettre en place le comité puis il y en a d’autres qui sont peut-être un petit peu plus larges comme le logement ou travailler l’identité franco-nunavoise. Les activités en lien avec le projet des femmes participent à ça, mais ce n’est pas juste à nous à porter ce chapeau-là », explique Marie-France Talbot, gestionnaire Centre de formation Qaujimaniq.
Elle soutient néanmoins que cette analyse est importante et utile pour toute la francophonie du territoire.
Continuer dans la même direction
Maintenant que la situation a été mise en lumière par le rapport, Samia Salomon indique que cela permettra de renforcer les actions de l’organisation, de créer du réseautage et d’aller rencontrer d’autres partenaires pour trouver des solutions plus adaptées aux divers problèmes.
« Le défi maintenant, c’est d’aller à la rencontre des femmes. Les femmes sont possiblement isolées, les femmes ont deux, trois emplois qui les empêchent d’avoir un peu de temps. Il faut trouver comment aller les rencontrer, comment les sensibiliser, comment les encourager à participer à des activités pour qu’elles ne soient pas juste des machines à travailler. »
Pour Marie-France Talbot, la lecture de ce rapport démontre que l’AFN était sur son « X » dans le sens où la lecture de l’environnement que l’organisation avait réalisée était assez juste. Elle conclut en encourageant les femmes à participer aux diverses activités proposées et à nommer leurs besoins.
« Si ça les gêne de venir toutes seules, elles peuvent venir accompagnées par une amie, une collègue de travail. Amenez quelqu’un avec vous ! ».
Des activités auront par ailleurs lieu ce 8 mars dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.