le Lundi 21 avril 2025
le Mercredi 5 mars 2025 8:00 Communauté

L’aréna et l’espace dédié aux arts de la scène à Igloolik ravagés par les flammes

Le feu s’est déclaré aux premières heures du matin. Les services de secours n’ont malheureusement pas pu venir à bout du sinistre. — Crédit : Facebook – Gendarmerie Royale du Canada
Le feu s’est déclaré aux premières heures du matin. Les services de secours n’ont malheureusement pas pu venir à bout du sinistre.
Crédit : Facebook – Gendarmerie Royale du Canada
Un incendie majeur, qui s’est déclaré le 12 février dernier, a complètement détruit l’aréna Kipsigak ainsi que le Blackbox d’Artcirq. Ce centre visait la promotion de l’art et du spectacle sur le territoire en combinant les pratiques artistiques modernes et la culture inuit traditionnelle.
L’aréna et l’espace dédié aux arts de la scène à Igloolik ravagés par les flammes
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Igloolik s’est réveillé dans la peine au lendemain de l’incendie qui a détruit l’aréna Kipsigak, qui abritait également le Blackbox d’Artcirq.

Fondé en 1998, Artcirq a été créé par un groupe de jeunes d’Igloolik et du Sud qui rêvaient d’un avenir meilleur et qui souhaitaient faire une différence pour réduire le taux de suicide chez les jeunes de la communauté. Onze ans après, en 2009, Artcirq construisait le Blackbox dans l’aréna.

En plus d’offrir un espace sécuritaire, l’endroit a permis la création et la présentation de spectacles et de performances musicales, la tenue d’ateliers pour transmettre des connaissances traditionnelles aux jeunes générations et la création d’emploi.

Alors que l’Unité des crimes majeurs de la GRC du Nunavut et le Bureau du commissaire des incendies du Nunavut ont annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’incendie, la cause de celle-ci n’était toujours pas connue au moment d’écrire ces lignes.  

Un endroit sécuritaire

Guillaume Saladin, cofondateur d’Artcirq, se trouvait à Montréal lorsqu’une personne l’a contacté en pleine nuit pour lui apprendre la terrible nouvelle.

« C’est le coup de téléphone que tu ne veux jamais recevoir dans une vie. »

— Guillaume Saladin, cofondateur d'Artcirq

Depuis 2014, Guillaume Saladin laisse la gestion quotidienne de l’endroit aux jeunes de la communauté et se déplace à Igloolik trois à quatre fois par année. Il estime que cet incendie représente une perte majeure et ajoute que cet espace était essentiel.  « C’était comme un cœur à Igloolik ».

Ouvert sept jours sur sept, le Blackbox était un lieu pour produire de la musique, pratiquer les arts du cirque et faire des jeux inuit où tous les cours étaient donnés en inuktitut. Des jeunes d’autres communautés s’y rendaient aussi à l’occasion de tournois de hockey.

« Ce sont des endroits qui sont gratuits pour se retrouver ensemble. Au Nunavut, il n’y en a pas beaucoup. C’est super important de préserver ces places-là puis que ça soit des “safe spaces”. Nous, le Blackbox c’est ça, c’est un “safe space” qui est ouvert à tous où on prône la tolérance, le respect, l’écoute puis où les jeunes peuvent apprendre », affirme Guillaume Saladin. Le Blackbox employait sept Inuit à temps partiel.

« C’est horrible parce que tout l’amour qui est mis dans ce projet-là. Tous les jours, ce sont eux qui gardent le phare. Toute notre musique qu’on a créée était sur les ordinateurs, tous nos costumes depuis 20 ans étaient là, tous nos drapeaux qu’on a ramenés et qu’on a accroché sur le mur … ».

— Guillaume Saladin

Depuis 2005, une trentaine de pays ont été visités par Artcirq. Plus de 150 artistes professionnels en provenance du monde entier se sont aussi produits au Blackbox depuis 2009.

De l’aide réclamée

Au moment de l’entretien téléphonique, il était encore trop tôt pour Guillaume Saladin pour donner des détails sur une possible reconstruction : « Je n’ai pas pensé encore à ça. Je suis encore en train de “dealer” avec aujourd’hui ».

Une chose est certaine, il se déplacera bientôt à Igloolik pour retrouver son groupe d’amis.

« On se mettra ensemble, on aura le temps de partager notre tristesse. Puis de là, on pensera à la prochaine étape qui est : “qu’est-ce qu’on fait” », affirme-t-il.

« Partager la peine, c’est ça qu’il faut faire pour laisser de la place après à être heureux ».

Pour le moment, les gymnases des écoles et le centre communautaire ont été désignés comme des lieux temporaires.   Une semaine après l’événement, Joanna Quassa, député d’Aggu, a pris la parole pour demander au gouvernement du Nunavut de contribuer financièrement à la construction d’un nouveau bâtiment.

Une campagne de financement GoFundMe a été lancée afin de remplacer les instruments et les équipements personnels des artistes. Les fonds amassés serviront également à la reconstruction de cet espace. En date du 24 janvier 2025, un montant de 14 414 $ sur un objectif de 16 000 $ avait été amassé.