le Samedi 19 avril 2025
le Mercredi 19 février 2025 8:00 Santé

La qualité de l’eau de Cambridge Bay sous la loupe de chercheurs

Caroline Duncan à l’usine de traitement de l’eau de Cambridge Bay. — Crédit : Victoria Carroll
Caroline Duncan à l’usine de traitement de l’eau de Cambridge Bay.
Crédit : Victoria Carroll
Ayant débuté leur travail en avril 2024, une équipe de recherche souhaite améliorer la qualité de l’eau potable à Cambridge Bay. Pour y parvenir, une approche combinant des données scientifiques et la contribution des membres de la communauté est utilisée.
La qualité de l’eau de Cambridge Bay sous la loupe de chercheurs
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Sous la direction de la Dre Stephanie Gora, directrice du groupe de recherche sur l’eau saine et durable de l’Université York, des échantillons pour évaluer la qualité de l’eau à différents endroits du réseau d’eau potable de Cambridge Bay ont été recueillis au cours de la dernière année.

L’étude a aussi mené à des discussions avec de nombreuses personnes de la collectivité qui travaillent avec le système d’eau comme les travailleurs de l’usine de traitement de l’eau, des chauffeurs de camions-citernes et des membres de la communauté qui utilisent l’eau du robinet.

Casey Egotak, Felicity Klengenberg et Caroline Duncan ont réalisé des prélèvements d’échantillons d’eau à la station de pompage du lac Water.

Credit : Victoria Carroll

Près de 60 bâtiments testés

Selon Dre Stephanie Gora, il est raisonnable de vouloir le même niveau de service en matière d’eau que n’importe qui au Canada. En plus d’effectuer des prélèvements de métaux dans les bâtiments, un programme pilote appelé « Nunavut Youth Water Operator Training », financé par l’Association des municipalités du Nunavut (NAM) a été lancé lors de la première visite de recherche en avril 2024.

Les étudiants ont travaillé sur un projet d’échantillonnage d’eau en se concentrant sur la matière organique naturelle et les trihalométhanes (THM), permettant du même coup d’alimenter la recherche doctorale de Caroline Duncan, chercheuse diplômée à l’Institut Dahdaleh pour la recherche en santé mondiale. « Cette première visite a été principalement un exercice de cadrage, car il y avait peu de données sur la qualité de l’eau », explique l’étudiante doctorale.

Tout au long du travail sur le terrain, des prélèvements d’échantillons d’eau de la source jusqu’aux robinets des gens ont été réalisés pour tester les contaminants de l’eau, principalement le plomb, le cuivre, le carbone organique et les THM. Pour le plomb et le cuivre, environ 50 bâtiments ont été échantillonnés en plus de la source d’eau, l’usine de traitement et les camions. Concernant le carbone organique et les THM, des prélèvements ont eu lieu sur environ neuf bâtiments, y compris des robinets et des citernes.

« Nous avons cherché à suivre les changements saisonniers de la quantité et de la composition de la matière organique pour voir comment ces facteurs influencent la formation de THM », explique Caroline Duncan.

Des ateliers communautaires permettant d’évaluer les risques liés aux réseaux d’eau et les facteurs ayant une incidence sur la qualité de l’eau ont aussi été organisés dans la communauté.

Parmi les principaux points à retenir de cette étude, Caroline Duncan note que les opérateurs de l’usine de traitement de l’eau étaient curieux de connaître l’impact de la crue printanière dans le lac sur le traitement de l’eau.

« Nous avons vérifié la turbidité, le chlore libre et les niveaux d’Adénosine Triphosphate (ATP). Alors que la turbidité du lac et l’ATP augmentaient, l’usine de traitement a réussi à réduire la turbidité et à tuer l’activité microbiologique avant que l’eau n’entre dans les camions », affirme-t-elle.  

Sur 50 bâtiments, six présentaient des concentrations de plomb supérieures à la limite permise (5 μg/L) et 14 dépassaient la limite de cuivre (2000 μg/L).

Cette constatation rejoint les résultats des recherches menées par la Dre Stephanie Gora à Pond Inlet en 2018, ce qui porte Caroline Duncan à croire que d’autres communautés du Nunavut pourraient avoir des problèmes similaires de corrosion du plomb et du cuivre dans la plomberie plus ancienne.

L’importance d’impliquer la communauté

Avant de commencer sa recherche, Caroline Duncan a effectué plusieurs visites à Cambridge Bay pour établir des contacts. Elle estime que de travailler en étroite collaboration avec la communauté locale a été la clé du succès de ses recherches.

« Je me suis appuyée sur les commentaires de nombreuses personnes pour comprendre les dangers potentiels pouvant nuire à la qualité de l’eau dans la région. Sans leurs connaissances locales, je n’aurais qu’une partie de l’image, car les échantillons d’eau ne peuvent pas tout capturer », explique-t-elle.

« Les habitants sont essentiels parce qu’ils ont une expérience directe avec des défis qui peuvent ne pas être évidents pour un étranger. Leurs points de vue fournissent un contexte important, et sans eux, la recherche ne serait pas aussi pertinente pour répondre aux préoccupations de la communauté en matière de qualité de l’eau. »

— Caroline Duncan, chercheuse diplômée à l’Institut Dahdaleh pour la recherche en santé mondiale

En janvier dernier, tous les résidents ayant participé à l’échantillonnage des métaux ont été informés de leurs résultats individuels. En juin 2025, Stephanie Gora et Caroline Duncan retourneront à Cambridge Bay pour tenir une séance communautaire pour partager les résultats de l’échantillonnage de la qualité de l’eau et tenir des ateliers. Il est ensuite prévu que les recherches se poursuivent.