le Samedi 19 avril 2025
le Mercredi 19 février 2025 8:00 Francophonie

Une nouvelle stratégie pour l’intégration des immigrantes francophones

L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) a lancé à Toronto et en ligne sa Stratégie pancanadienne des femmes immigrantes francophones en milieu minoritaire.  — Crédit : Capture d’écran AFFC
L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) a lancé à Toronto et en ligne sa Stratégie pancanadienne des femmes immigrantes francophones en milieu minoritaire.
Crédit : Capture d’écran AFFC
Les femmes immigrantes francophones font face à un plus grand nombre d’obstacles dans leur intégration. Les données recueillies par l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) lui ont permis d’élaborer une stratégie pancanadienne, qui recommande, entre autres, des services d’établissement plus adaptés.
Une nouvelle stratégie pour l’intégration des immigrantes francophones
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La Stratégie pancanadienne des femmes immigrantes francophones en milieu minoritaire : Briser les barrières pour une intégration équitable, comptant une centaine de pages, a été dévoilée à Toronto, le 30 janvier.

« Nous voulons donner aux femmes immigrantes francophones en situation minoritaire les moyens de s’intégrer, nous voulons renforcer leurs droits et leur autonomie pour qu’elles puissent s’épanouir pleinement », a affirmé la présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), Nour Enayeh, lors du lancement.

L’organisme a été mandaté par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et travaille sur ce document depuis plus d’un an, en partenariat avec la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et le Réseau de développement économique et d’employabilité Canada (RDÉE).

« Les femmes portent la charge mentale du projet dimmigration »

Après avoir réalisé des recherches sur la situation au Canada et sur différentes pratiques exemplaires à l’étranger, les auteurs du rapport ont mené une série de consultations publiques auprès d’organismes et de 343 immigrantes partout au pays.

Environ 72 % des répondantes qui ont participé à un sondage en ligne étaient responsables de la demande d’immigration. Qu’elles suivent leur conjoint ou fuient leur pays d’origine, qu’elles viennent de façon volontaire pour améliorer leurs conditions de vie ou suivre des études, « les femmes portent la charge mentale du projet d’immigration et des responsabilités familiales qui en découlent », relève Soukaina Boutiyeb en entrevue.

D’après les résultats de l’enquête, l’accès au logement et aux soins de santé en français restent les plus importants obstacles auxquels sont confrontées les nouvelles arrivantes. Arrive ensuite l’accès à des services d’aide à l’emploi, à de la formation professionnelle et à des garderies.

Seul point positif, la majorité des répondantes ne rencontre aucune difficulté en ce qui concerne l’inscription de leurs enfants dans une école francophone.

Les femmes évoquent également les difficultés d’accéder au marché de l’emploi à cause de leur méconnaissance de l’anglais et de la non-reconnaissance de leur acquis, ou encore les défis d’intégration dans leurs communautés d’accueil liés au racisme systémique.

Par conséquent, les risques d’isolement, de précarisation économique et de violence sont réels, rappelle Soukaina Boutiyeb.

Soukaina Boutiyeb de l’AFFC regrette le manque de données disponibles sur les femmes francophones immigrantes en situation minoritaire.

Crédit : Courtoisie

Sensibiliser et réseauter

Pour lever les freins à l’intégration, l’AFFC a élaboré 11 recommandations. L’organisme insiste sur l’importance d’avoir une offre de services en français plus visible et cohérente, accessible aux femmes qui préparent leur départ vers le Canada.

La stratégie recommande notamment la création de nouvelles formations prédéparts, qui offriraient des informations claires et détaillées en amont sur les conditions de vie et de travail au Canada.

La stratégie veut aussi faciliter l’accès à de l’information juridique, à des services de santé en français et à des services d’aide adaptés à la vie familiale, avec l’intervention de travailleurs sociaux. Des logements de transition à l’arrivée seraient aussi une aide précieuse.

Pour favoriser l’insertion économique et communautaire, le rapport préconise de renforcer le réseautage, le marrainage et le mentorat; de promouvoir et de financer davantage l’entrepreneuriat au féminin; de multiplier les campagnes de sensibilisation sur la diversité culturelle et l’inclusion auprès des employeurs; de simplifier la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger.

Dans les trois territoires du Nunavut, Yukon et des TNO, les plus grandes difficultés rencontrées concernent le logement. 19% des femmes consultées ont répondu avoir « beaucoup de difficultés ». Suivent ensuite les services d’aide à l’emploi (17%), l’accès à des soins de santé reproductive (17%), les services  d’aide à la famille (17%) et les services de formation professionnelle (13%).

Un tableau d’obstacles plus modérés est également dressé, avec 44% des immigrantes francophones sondées soulevant des difficultés dans l’accès aux soins. 33% disent avoir des difficultés modérées avec les informations prédépart, 27% dans les services d’aide à l’emploi et enfin 25% pour l’accès au logement. 

Une nouvelle plateforme

Afin de vulgariser la stratégie et de mobiliser le public le plus large possible, l’AFFC a lancé le site Web immigration.affc.ca. La plateforme, «ludique et informative», selon Soukaina Boutiyeb, réunit des fiches explicatives, des capsules vidéos et des balados enrichis de témoignages de nouvelles arrivantes et de pratiques exemplaires.

À partir du 25 février, l’AFFC proposera également une série de cinq formations en ligne pour appuyer les acteurs de l’immigration francophone dans la mise en application de la stratégie.