Réalisé en collaboration avec des Nunavummiut handicapés, des experts et des partenaires dans le domaine, le document de 216 pages « Promouvoir les normes d’accessibilité à travers l’Inuit Qaujimajatuqangit » a été lancé lors de la Journée internationale des personnes handicapées.
À travers des discussions individuelles et en groupe de 3 à 25 personnes, les participants des 25 collectivités ont partagé leurs expériences personnelles et leurs points de vue sur la façon de rendre le territoire plus inclusif et accessible.
D’une durée de trois ans, cette étude a été réalisée avec la contribution financière de Normes d’accessibilité Canada (NAC).
Des lacunes identifiées
Selon Alyson Colón, associée de recherche à la Nunavummi Disabilities Makinnasuaqtiit Society et l’une des six auteurs du rapport, il existe très peu de recherches sur les expériences des personnes handicapées au Nunavut.
« Certaines études portent sur un type particulier de handicap, mais nous voulions avoir une idée générale des expériences de tous les types de handicap dans les trois régions. Pour nous, il était important de comprendre les obstacles auxquels les Nunavummiut sont confrontés dans leurs communautés et les interventions potentielles nécessaires pour améliorer l’accessibilité »
Les projets de recherche financés par NAC doivent inclure les personnes concernées à chaque étape.
« Cette approche favorise l’élaboration de solutions pour éliminer les obstacles d’accessibilité basées sur leur expérience. En intégrant les perspectives des personnes en situation de handicap ainsi que celles issues de groupes méritant l’équité, les recherches bénéficient de perspectives diversifiées », affirme Stefany Chénier, gestionnaire des communications pour Normes d’accessibilité Canada.
L’étude de la NDMS s’articule autour des sept axes de recherche prioritaires de NAC soit l’emploi, l’environnement bâti, la communication, l’approvisionnement, les programmes et services, les technologies de l’information et de la communication ainsi que le transport.
Avec 81 % des personnes interrogées qui ont mis en lumière des problématiques liées au transport dans leur collectivité, cela en fait l’enjeu le plus important selon les Nunavummiut.
« Dans chaque communauté, les participants nous ont dit que leur communauté bénéficierait grandement d’un véhicule accessible. La plupart des communautés n’ont pas de transport en commun ou de taxis, et il est très difficile pour les personnes confrontées à des obstacles physiques de se déplacer », souligne Alyson Colón.
La chercheuse mentionne que les programmes et les services accessibles et de qualité ont aussi été un domaine d’intérêt important lors des entrevues avec 80 % des répondants qui ont mentionné cet aspect comme un problème.
« Les Nunavummiut aimeraient voir plus de programmes dans leurs communautés, axés particulièrement sur des activités culturellement pertinentes et le renforcement des compétences, comme la chasse, la couture et le perlage », poursuit-elle.
Pour appuyer le personnel de recherche à travers le territoire, des « champions communautaires » ont été embauchés dans chaque communauté.
Ces contacts locaux se sont entre autres rendus à la radio pour promouvoir le projet et les visites à venir, ont affiché des annonces dans leur collectivité, fourni des renseignements aux participants intéressés et aidé l’équipe de recherche en leur communiquant des informations pertinentes au sujet de leur collectivité.
Des changements souhaités
Le rapport de la NDMS met en évidence des obstacles spécifiques au Nunavut en ce qui a trait à l’accessibilité tels que l’isolement géographique, les ressources limitées et les contraintes financières, rendant la mise en œuvre des normes d’accessibilité particulièrement difficile comparativement à d’autres régions du Canada.
Bien qu’Alyson Colón estime que beaucoup de changements sont nécessaires pour améliorer l’accessibilité au Nunavut, elle constate que de nombreuses personnes sont prêtes à aborder le sujet, ce qui donne de l’espoir que des changements positifs peuvent se produire. La NDMS souhaite maintenant que les décideurs soient disposés à lire ce rapport et à apporter des améliorations.
De son côté, Stefany Chénier souligne que le rapport de recherche révèle que le Nunavut se distingue par ses forces et ses approches axées sur la communauté. Elle estime que le projet dénote les progrès tangibles réalisés ces dernières années en matière d’accessibilité, y compris une meilleure reconnaissance du handicap comme un élément essentiel du bien-être communautaire.
Bien que la Loi canadienne sur l’accessibilité ne s’applique pas aux territoires ni à aucune entité territoriale, NAC collabore avec le Nunavut pour atteindre des objectifs communs en matière d’accessibilité en dirigeant par exemple une table ronde pancanadienne sur le sujet, dont le territoire fait partie.