Un nouveau rapport de Statistique Canada, intitulé « Les langues au Nunavut, 2021 » brosse un portrait détaillé de la connaissance et de l’utilisation des quatre langues officielles du Nunavut soit l’inuktitut, l’inuinnaqtun, l’anglais et le français, et ce, à partir des données du Recensement de la population de 2021 et de l’Enquête auprès des peuples autochtones de 2017.
La forme de bilinguisme utilisée inuktut-anglais se veut une donnée distinctive pour le Nunavut alors que 62,4 % des résidents du territoire peuvent soutenir une conversation dans ces deux langues. Dans les autres provinces et territoires, il s’agit plutôt du bilinguisme français-anglais qui est le plus répandu.
Le double de la moyenne canadienne
« Le taux de bilinguisme élevé au Nunavut est le reflet du plurilinguisme de la population du territoire », indique Maryse Carrière, agente de communications principale pour l’équipe des Relations avec les médias chez Statistique Canada
Selon les données récoltées, 40,6 % des résidents du Nunavut parlaient plus d’une langue à la maison sur une base régulière en 2021, ce qui représente environ le double de la moyenne canadienne qui est établie à 18,6 %.
Le plurilinguisme était encore plus marqué au travail tandis que 39,7 % des travailleurs du Nunavut utilisaient plus d’une langue au moins régulièrement dans leur milieu de travail, comparativement à 11,7 % des travailleurs dans l’ensemble du Canada.
En 2021, 94,1 % des résidents du territoire ont affirmé pouvoir soutenir une conversation en anglais.
Depuis plusieurs recensements, Statistique Canada note qu’une plus forte proportion de la population du Nunavut peut soutenir une conversation en anglais qu’en inuktut.
Selon l’organisation, l’une des raisons qui expliquent ce phénomène est que davantage de jeunes Inuit peuvent converser en anglais, mais pas en inuktut.
Des différences entre les communautés et les régions expliquent aussi cette situation.
« Par exemple, la quasi-totalité des résidents de la région de Kitikmeot et d’Iqaluit peut soutenir une conversation en anglais, alors que la proportion qui peut converser en inuktut est nettement plus faible. À l’inverse, dans plusieurs communautés des régions de Kivalliq et de Qikiqtaaluk, l’inuktut est connu par une plus forte proportion de résidents que l’anglais », affirme Maryse Carrière.
Baisse de l’inuktut comme langue maternelle
Les plus récentes données révèlent aussi que la proportion de résidents du Nunavut qui possède l’inuktut comme langue maternelle, seule ou avec une autre langue, suit une tendance à la baisse depuis le tournant du millénaire, passant de 71,2 % en 2001 à 62, % en 2021. Chez les Inuit qui ont déclaré l’inuktut comme langue maternelle, il y avait un écart générationnel notable avec des proportions de 65,6 % des Inuit de moins de 15 ans comparativement à 90,9 % de ceux de 55 ans et plus.
« En fait, la proportion d’Inuit ayant l’inuktut comme langue maternelle diminue au profit de l’anglais, particulièrement chez les jeunes, entre autres car la transmission intergénérationnelle de l’anglais est plus forte que celle de l’inuktut »
Le rapport « Les langues au Nunavut, 2021 » met également en lumière le fait que la transmission de la langue de la mère à l’enfant est un indicateur clé de la vitalité d’une langue entre les générations. En 2021, 86,4 % des enfants âgés de moins de 15 ans dont la mère était de langue maternelle inuktitut avaient également l’inuktitut comme langue maternelle. La grande majorité des enfants de mères parlant l’inuktitut qui ont été élevés dans une autre langue maternelle ont appris l’anglais comme première langue durant la petite enfance.
Les connaissances et l’utilisation de l’inuktut varient aussi selon les différentes régions du Nunavut alors que près de trois résidents sur quatre de Qikiqtaaluk et un peu plus de quatre résidents sur cinq de Kivalliq pouvaient soutenir une conversation en inuktut. Cette proportion est nettement moins élevée pour les résidents de Kitikmeot avec un taux de 38,8 %.

21% des Nunavummiut se disent bilingues anglais-français.
Concernant Iqaluit, il s’agit de la communauté au Nunavut où la proportion de résidents ayant une langue maternelle autre que l’anglais, le français ou l’inuktut est la plus élevée, à savoir 9,6 %, ce qui équivaut à plus de trois fois la moyenne territoriale qui se situe à 2,9 %.
Il s’agit également de la collectivité où la proportion de résidents ayant le français comme seule langue maternelle était la plus élevée au Nunavut avec 5,9 % par rapport à 1,4 % pour l’ensemble du territoire.
Sollicités pour commenter ces chiffres, Nunavut Tunngavik Inc ainsi que le Commissaire aux langues officielles du Nunavut n’ont pas donné suite à nos demandes.