Pour une seconde fois, des artistes inuit de la West Baffin Cooperative partagent leurs œuvres à la Biennale, illustrant ainsi la relation grandissante entre Kinngait Studios et ses homologues de Gwangju.
Fondée en 1995 et se déroulant tous les deux ans, la Biennale de Gwangju se donne comme objectif la mondialisation de l’art et le respect de la diversité plutôt que l’uniformité.
Ma maison…
L’exposition Home and other places se retrouve dans le pavillon officiel du Canada et peut être visitée jusqu’au 1er décembre prochain.
On peut y admirer des dessins à l’encre noire et blanche sur papier de six artistes originaires de Kinngait, qui avaient reçu comme instruction que leurs œuvres seraient appliquées sur les murs de l’espace de la galerie comme des peintures murales grandeur nature.
Le thème proposé a mené les artistes à réfléchir aux nombreux aspects de l’endroit où ils vivent, y compris la vie quotidienne, les interactions familiales et communautaires, le paysage et les traditions.
«Ce processus créatif a donné aux artistes l’occasion de communiquer leurs interprétations de ce qui fait de leur place dans le monde leur maison, pour un public largement ignorant de la vie dans l’Arctique canadien. Dans le même temps, les artistes étaient également confrontés au défi d’envisager le passage d’une page de papier à un format d’installation à grande échelle», informe William Huffman, directeur commercial à la West Baffin Cooperative.
Saimaiyu Akesuk, Shuvinai Ashoona, Qavavau Manumie, Pitseolak Qimirpik, Ooloosie Saila et Ningiukulu Teevee sont les six artistes de Kinngait représentés dans l’exposition.
Sae-woong Ju, Joheum Lee et Seol-a Kim sont les trois artistes contemporains qui représentent la Corée.
C’est la troisième année que les artistes de Kinngait et de la West Baffin Cooperative ont une présence significative en Corée.
«Cette exposition est spéciale parce que nous avons eu la chance de rencontrer nos collègues coréens, de partager et d’apprendre les uns des autres. Elle est importante parce qu’elle ne se contente pas de célébrer l’art inuit de Kinngait; elle renseigne également le public sur les relations et les amitiés qui se sont développées entre les deux endroits», indique Juumi Takpaungai, directeur adjoint du studio à la West Baffin Cooperative.
La première présence de la West Baffin Cooperative en Corée s’est réalisée dans le cadre de la Biennale de Busan en 2022, qui a mené à l’exposition de treize dessins de Qavavau Manumie.
Alors que William Huffman avoue qu’il n’avait aucune idée de la façon dont l’œuvre serait accueillie par le public coréen, la réponse fut enthousiaste.
Cette présentation a conduit à la première présence au pavillon à la Biennale de Gwangju, puis à des expositions à Séoul et à Busan.
«En peu de temps, nous avons été en mesure d’établir une solide présence pour l’art inuit grâce à des expositions qui ont mené à la vente d’œuvres d’art à d’importants collectionneurs et institutions. Des relations continues et durables sont importantes pour le succès des artistes de Kinngait à l’échelle internationale et nous espérons une expansion continue de nos réseaux en Corée», affirme William Huffman.
L’art pour unir les cultures
En 2023 et 2024, la West Baffin Cooperative a accueilli deux délégations culturelles coréennes à Kinngait. Lors de ces séjours, les participants ont pu en apprendre davantage sur les pratiques culturelles de chacun et ont découvert une véritable fascination pour les lieux dans lesquels ils vivent respectivement.
Des observations sur le paysage, le climat et les vêtements traditionnels étaient au cœur des échanges.
D’autres conversations plus nuancées sur la linguistique et les spéculations autour de la migration ancienne de l’Asie et de l’Arctique se sont aussi tenues.
Les deux groupes ont également réalisé des démonstrations d’identité à travers la cuisine et ont entretenu des discussions politiques sur les relations encore complexes et souvent tendues entre le gouvernement du Canada et les Inuit ainsi que sur ces histoires parallèles en Corée.
Malgré la grande distance qui sépare la Corée du Nunavut et les différences culturelles évidentes entre les deux communautés, William Huffman souligne que les artistes partageaient une profonde curiosité l’un pour l’autre.
«L’unificateur était l’art visuel et l’atelier est devenu un lieu d’échange et d’exploration mutuelle. Même si l’un des côtés parlait l’inuktitut et l’autre le coréen, leur langage visuel s’est avéré universel, ce qui signifie que les artistes de Kinngait sont capables de créer des conversations significatives avec n’importe qui, n’importe où», conclut-il.