Dirigé par Nunavut Nukkiksautiit Corporation (NNC), ce premier projet d’hydroélectricité détenu à 100 % par les Inuit du Nunavut promet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de plus de 130 000 tonnes chaque année, de stabiliser les coûts de l’énergie et d’apporter des avantages à long terme aux communautés. Évaluée entre 400 et 500 millions de dollars, la construction prévue pour 2028 permettrait de réduire l’importation annuelle d’environ 15 millions de litres de diesel.
Après un processus de consultation, le site de la rivière Kuugaluk situé à une soixantaine de kilomètres au nord-est d’Iqaluit est celui retenu.
Un projet structurant
Cette annonce se produit alors que le premier ministre Mark Carney a présenté sa stratégie nationale incluse dans le « Budget 2025 : Un Canada fort » qui vise à transformer l’économie canadienne pour que celle-ci ne relève plus principalement d’un seul partenaire commercial, mais devienne plus forte, autosuffisante et résiliente aux chocs planétaires.
Rebecca Alty, ministre des Relations Couronne-Autochtones, déclare que dans un monde de plus en plus concurrentiel et incertain, Ottawa prend des mesures décisives pour renforcer le Canada et libérer tout son potentiel économique.
« Le projet hydroélectrique Iqaluit Nukkiksautiit a été choisi parce qu’il répond à plusieurs des priorités les plus importantes de notre gouvernement et parce qu’il en est à un stade avancé de développement, ce qui en fait un candidat idéal pour être soumis au Bureau des grands projets. »
Dans une déclaration officielle, P.J. Akeeagok, premier ministre sortant du Nunavut, dit accueillir favorablement l’engagement du fédéral d’inclure la centrale hydroélectrique parmi les chantiers de construction nationale supportés par le BGP. « Cette décision reconnaît ce que les Nunavummiut savent depuis longtemps : investir dans les infrastructures du Nunavut est essentiel à la force, à la durabilité et à la souveraineté du Canada dans l’Arctique », souligne-t-il.
Un propos que le président et chef de la direction de la NNC Harry Flaherty soutient : « C’est un signal que les Nunavummiut sont indispensables à l’économie canadienne unifiée et que les Inuit, unis, peuvent prendre en main leur propre avenir », affirme-t-il.
Pierre-Alain Bujold des relations avec les médias au Bureau du Conseil privé révèle que Mark Carney a énoncé que les propositions d’envergure nationale ne peuvent être réalisées qu’en pleine consultation avec les peuples autochtones, afin d’accroître la participation et les partenariats, et de supporter des opportunités financières durables pour les générations futures dans leurs communautés.
Une fois qu’un projet est soumis au BGP, Pierre-Alain Bujold indique que celui-ci se concentre sur la résolution des défis liés aux politiques ou à la réglementation, la structuration du financement ou la réduction des risques, dans le but d’accélérer les décisions et d’assurer que les initiatives demeurent compétitives, de la mise en œuvre à l’exploitation.
Pour éviter d’influencer de potentiels choix et de respecter la sensibilité des discussions en cours, le gouvernement du Canada dit s’abstenir de commenter publiquement l’état d’avancement de la centrale hydroélectrique.
Pas une garantie d’être construit, une analyse environnementale à venir
La première année d’analyse de base vient de se terminer pour NNC et Jess Puddister qui y agit comme gestionnaire stratégie et engagement affirme que rien ne garantit pour le moment que le projet sera construit.
« Nous savons, grâce aux Inuit, que le caribou, l’omble chevalier, les plantes, les oiseaux et la qualité de l’eau sont tous des éléments d’une importance cruciale », énonce-t-elle. « Nous offrirons un accès complet et transparent à toutes les données provenant des études menées à Kuugaluk. Nous proposerons également des activités d’engagement public accessibles et interprétatives afin d’examiner ces informations ensemble en tant que communauté et d’intégrer les savoirs traditionnels inuit. »
Dionne Filiatrault, directeur général pour la Commission d’examen des répercussions du Nunavut (NIRB) explique que l’organisation dispose de peu de renseignements pour le moment sur les conséquences potentielles. « Le projet en est à ses premières étapes et les enjeux environnementaux ne sont pas connus à ce stade, car aucun dossier ne nous a encore été soumis pour une évaluation des impacts », déclare-t-il.
Une fois le document reçu, Dionne Filiatraut mentionne que le NIRB procédera à son analyse en tenant compte de l’ensemble des volets écologiques, notamment les milieux terrestres, atmosphériques et aquatiques ainsi que les dimensions humaines et sociales. La commission transmet ensuite toutes les propositions à de vastes listes de distribution, incluant les organisations de chasseurs et trappeurs.
Le directeur général souligne que les décideurs sont encouragés à engager des discussions avec les groupes communautaires et avec les associations inuit et fauniques régionales, dès les premières phases du développement ou de la conception. Ainsi, leurs inquiétudes peuvent être intégrées par les promoteurs directement dans leur proposition, en indiquant comment elles seront considérées ou atténuées.
Pour le moment, le NIRB autorise des analyses de base, des recherches archéologiques et des études d’ingénierie préliminaires pour évaluer la faisabilité du projet. Ces actions comprennent notamment la collecte d’échantillons de sol, d’eau de surface et d’eau souterraine pour les investigations géophysiques préalables ; la réalisation d’inventaires d’oiseaux dans les zones susceptibles d’être perturbées et la mise en place de camps temporaires.