le Mardi 28 octobre 2025
le Mardi 28 octobre 2025 13:53 | mis à jour le 28 octobre 2025 13:57 Local

De nouveaux visages à l’Assemblée, forum des leaders … : tout ce que vous devez savoir sur cette 7e législature

Les Nunavummiut étaient appelés aux urnes ce lundi 27 octobre. — Crédit : Brice Ivanovic
Les Nunavummiut étaient appelés aux urnes ce lundi 27 octobre.
Crédit : Brice Ivanovic

Seulement 37% des Nunavummiut se sont rendus aux urnes pour ces élections territoriales. Une baisse importante par rapport aux 49,9% de 2021. Maintenant que nous connaissons les 22 députés qui représenteront chacune des circonscriptions au cours des quatre prochaines années, il faudra désormais patienter jusqu’au 18 novembre 2025 pour connaître l’identité du Premier ministre et des ministres qui constitueront cette 7e législature.

De nouveaux visages à l’Assemblée, forum des leaders … : tout ce que vous devez savoir sur cette 7e législature
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Bien que plusieurs députés aient réussi à conserver leur siège comme Janet Pitsiulaq Brewster à Iqaluit-Sinaa et George Hickes à Iqaluit-Tasiluk, de nouveaux visages s’ajouteront à la prochaine assemblée législative du Nunavut. C’est notamment le cas de Gwen Healey Akearok qui a remporté la circonscription d’Iqaluit-Manirajak contre l’ancien ministre des Finances Adam Arreak Lightstone avec 63,3 % des votes. D’autres changements ont eu comme à Iqaluit-Niaqunnguu, puisque le ministre sortant David Akeeagok occupera le fauteuil du Premier ministre P.J. Akeeagok. À Kugluktuk, Simon Kuliktana prend la place du député sortant Bobby Anavilok, Gordon Kautuk succède à Mary Killiktee dans Uqqummiut et Hannah Angootealuk a battu Solomon Malliki à Aivilik.  

Un recomptage devra avoir lieu dans trois circonscriptions. Tout d’abord à Aggu où la députée sortante Joanna Quassa conserve, pour le moment, son siège avec seulement trois voix d’avance sur l’ancien maire d’Igloolik, Erasmus Ivvalu. Ensuite à Pangnirtung où Johnny Mike a aussi trois votes de plus en sa faveur et à Quttiktuq où Steven Taqtu a une mince avance de quatre voix. 

Malgré parfois une longue file d’attente dans les bureaux de vote comme ici à Iqaluit, le taux de participation n’a pas décollé cette année avec seulement 37% de participation.

Crédit : Brice Ivanovic

Qui lèvera la main pour devenir premier ministre ? 

Habituellement, quelques semaines à la suite d’une élection générale territoriale, les nouveaux élus se réunissent lors du Forum des leader pour choisir le président de l’Assemblée, le premier ministre et les ministres. Ouvert au public, ce processus se déroule au moyen d’un vote secret après que les candidats ont prononcé un discours et répondu aux questions des représentants. Ce dernier se tiendra le 18 novembre prochain.  

Avec les Territoires du Nord-Ouest, l’Assemblée législative du Nunavut est l’une des deux seules au Canada à avoir adopté un mode de gouvernement fondé sur le consensus et dépourvu de partis politiques. L’unanimité n’y est pas requise pour que des décisions soient prises, des motions entérinées ou des lois promulguées et pour de nombreuses sujets, un simple vote majoritaire suffit. 

Graham White est spécialiste de la politique dans le Nord canadien. Il a notamment publié l’ouvrage « Made in Nunavut: An Experiment in Decentralized Government » qui aborde la création et le fonctionnement du gouvernement du Nunavut.   

Il explique que le système actuel du Nunavut est un héritage des Territoires du Nord-Ouest, après leur séparation en 1999. « Essentiellement, ils se sont dit : ce n’est peut-être pas la meilleure structure, mais on la connaît, elle marche, et on a des préoccupations plus urgentes que de chercher à la réformer ou à la changer », soulève l’expert.  

Graham White suit avec intérêt le processus électoral en cours au Nunavut.

Courtoisie

Un autre point important à retenir pour avoir une bonne compréhension de la politique sur le territoire selon Graham White est que le gouvernement sortant cesse d’exister. « Dans les provinces et à Ottawa, même après une élection, quand un gouvernement perd, il continue d’assurer le pouvoir jusqu’à ce qu’un nouveau soit mis en place », compare-t-il. 

La décision pour les 22 députés de faire partie du cabinet sera maintenant personnelle à chacun.

«Parfois, certains élus pour la première fois peuvent estimer qu’ils n’ont pas encore assez d’expérience pour se lancer. D’autres peuvent juger que c’est trop lourd à porter, qu’il faut s’absenter de la maison de façon fréquente, que la pression familiale est trop forte. Donc, ils ne vont pas tous viser ce rôle, mais un bon nombre d’entre eux le feront.»

— Graham White

Lors de la composition de la 6e Assemblée législative en 2021, 17 personnes étaient en lice pour rejoindre le cabinet, constitué de huit ministres. 

Bien que le pouvoir de choisir les ministres ne revient pas au Premier ministre, White estime que ce dernier peut quand même exercer une certaine influence, surtout s’il est un membre expérimenté. Il peut faire savoir, du moins en coulisses, qui il aimerait voir dans sa garde rapprochée. Une fois les ministres élus, le Premier ministre attribue ses portefeuilles et sélectionne par exemple qui sera ministre des Finances, de la Santé, etc. 

Le Président de l’Assemblée, le Premier ministre ainsi que les ministres seront élus lors du Forum des leaders le 18 novembre prochain.

Avantages et inconvénients du système gouvernemental 

Graham White estime que l’un des avantages du système gouvernemental au Nunavut est que n’importe quel député peut obtenir de plus grandes responsabilités :

« Tout le monde est éligible, et avec un peu de chance, le cabinet comptera les meilleurs parmi les 22 membres de l’Assemblée. Personne n’est exclu simplement parce qu’il appartient au mauvais parti. »

Alors que cinq femmes viennent d’être élues en tant que députée de leur circonscription, Graham White croit que la prochaine représentante du gouvernement pourrait bien être féminine comme cela a été le cas entre le 19 novembre 2008 au 14 novembre 2013 avec Eva Qamaniq Aariak. « Tout dépend des compétences des individus, ainsi que des relations et du soutien qu’elles ont parmi les autres membres ». 

Un élément supplémentaire facilitant de ce système pour l’expert est que la plupart des dirigeants politiques et économiques se connaissent. « Ce n’est donc pas comme si, soudainement, 22 personnes étrangères se retrouvaient à devoir travailler ensemble. La plupart d’entre elles ont l’habitude de se côtoyer et ont déjà beaucoup d’expérience commune ». 

Du côté des inconvénients, Graham White observe notamment que la reddition de comptes du gouvernement envers la population est très faible. «Si vous vivez au Nunavut et que vous allez voter en pensant que la législature des quatre dernières années a été mauvaise, que pouvez-vous faire? Eh bien, vous ne pouvez pas voter contre elle, car tous les candidats se présentent comme indépendants». Dans le même ordre d’idées, si le premier ministre sortant était à la recherche dun second mandat, rien ne garantit quil sera de nouveau choisi pour siéger à l’Assemblée. «Ainsi, les électeurs ne peuvent ni récompenser ni sanctionner directement le gouvernement précédent», conclut l’homme.

Découvrez les 22 députés de cette 7e législature

Aggu(Recomptage)
Joanna Quassa  

Aivilik 
Hannah Angootealuk 

Amittuq 
Abraham Qammaniq 

Arviat Nord-Whale Cove (Rapport de 3 des 5 scrutins) 
John Main 

Arviat Sud 
Jamie Kablutsiak  

Baker Lake 
Craig Simailak 

Cambridge Bay 
Fred Pedersen 

Gjoa Haven 
David Porter 

Baie d’Hudson 
Daniel Qavvik (Par acclamation)  

Iqaluit-Manirajak 
Gwen Healey Akearok  

Iqaluit-Niaqunnguu 
David Akeeagok 

Iqaluit-Sinaa 
Janet Pitsiulaaq Brewster  

Iqaluit-Tasiluk 
George Hickes  

Kugluktuk 
Simon Kuliktana  

Netsilik 
Cecile Nelvana Lyall 

Pangnirtung (Recomptage)
Johnny Mike 

Quttiktuq ((Recomptage)
Steven Taqtu 

Rankin Inlet North-Chesterfield Inlet 
Alexander Sammurtok  

Rankin Inlet Sud 
Annie Tattuinee  

Baffin Sud 
David Joanasie (Par acclamation) 

Tununiq 
Brian Koonoo  

Uqqummiut 
Gordon Kautuk 

 

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