le Mercredi 8 octobre 2025
le Mercredi 8 octobre 2025 12:16 | mis à jour le 8 octobre 2025 12:28 Société

Élections territoriales : quelles sont les préoccupations des Nunavummiut ?

Les panneaux de campagne ont commencé à fleurir partout au Nunavut, comme ici à Iqaluit. 58 personnes sont candidates à travers les 22 circonscriptions du territoire.  — Crédit : Brice Ivanovic
Les panneaux de campagne ont commencé à fleurir partout au Nunavut, comme ici à Iqaluit. 58 personnes sont candidates à travers les 22 circonscriptions du territoire.
Crédit : Brice Ivanovic

La toute dernière intervention officielle de P.J. Akeeagok en tant que premier ministre le 18 septembre 2025 marquait le tournant vers les élections. Avec six députés sur 22 sièges disponibles qui ont aussi signalé leur retrait de la vie politique, les Nunavummiut verront le visage de leur prochaine Assemblée législative se renouveler significativement. Au total, 58 candidats sont en lice pour ce scrutin.

Élections territoriales : quelles sont les préoccupations des Nunavummiut ?
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Le rapport final du mandat Katujjiluta 2021-2025 marque la conclusion de la Sixième Assemblée législative et aborde les principaux enjeux de ces quatre années tels que le logement, la souveraineté dans l’Arctique, l’éducation et le soutien aux aînés. Des Nunavummiut ont accepté de partager les dossiers qu’ils jugent maintenant prioritaires pour ceux qui deviendront bientôt leurs représentants.   

À quoi s’attendent les électeurs ?

Le logement représente un défi de taille pour les Nunavummiut dont Brandon Villeneuve, qui vit à Iqaluit. Il pense en fait qu’il s’agit d’une priorité absolue bien qu’il mentionne trouver encourageant de voir de plus en plus d’unités en construction. L’homme invite à analyser cette crise d’un point de vue plus large et de s’attarder sur les liens avec l’emploi, la santé mentale et l’éducation. « Il faut soutenir les jeunes dès le début, s’assurer qu’ils sont nourris, habillés et qu’ils ont des occasions de grandir. Il est nécessaire de les aider à réussir à l’école et à faire carrière dans des métiers spécialisés essentiels à la construction de ces maisons » poursuit M. Villeneuve.

Dans la jeune vingtaine, Raymonde Lonla habite actuellement à Cambridge Bay dans le cadre de ses études et s’intéresse à la politique depuis plusieurs années. Elle considère également la crise du logement comme un problème majeur. Avec l’insécurité alimentaire, elle affirme que ce sont les deux enjeux qui sont au cœur des principales difficultés du Nunavut. Elle avance d’ailleurs une corrélation entre ces problèmes et les taux de suicide inquiétants. 

Préférant garder l’anonymat, une résidente du Nunavut espère que les critères de l’« Initiative pour les enfants inuit d’abord » soient révisés : « C’est triste d’entendre que non seulement des familles et leurs petits sont refusés, mais que des fonds déjà préapprouvés sont retirés pour des services touchant la parole et l’audition ». Elle émet également des craintes face à l’éventualité d’une guerre en raison de l’administration Trump et croit que le territoire doit être plus que jamais autonome. Sur une note plus positive, la femme déclare que l’Assemblée législative a pris ses responsabilités ces quatre dernières années au niveau du logement, de l’emploi et de l’éducation.

Pour Delaney Drachenberg, l’ouverture d’un centre pour les jeunes de la communauté 2SLGBTQIA+ et leurs alliés doit être priorisée : « J’aimerais aussi voir un projet de recherche dédié à en apprendre plus sur l’histoire inuit 2SLGBTQIA+ et à le cataloguer dans des livres bien conservés ». Iel applaudit la décision du gouvernement du Nunavut du 18 septembre dernier de rendre possible l’option « non-binaire » sur les certificats de naissance.

Davantage de ressources en santé mentale, le racisme envers les Noirs et le manque d’intervention des autorités, le prix élevé des services aériens et la modification des déductions pour la vie dans le Nord sont d’autres éléments prioritaires rapportés par les personnes questionnées

Les attentes des Nunavummiut sont nombreuses pour la prochaine législature.

Crédit : Brice Ivanovic

Les francophones veulent être reconnus

En tant que Nunavummiuq d’expression française, Collins Tagnigou souhaite que le futur Premier ministre et les députés soutiennent l’importance de renforcer les services et programmes en français, afin de permettre aux familles de s’épanouir pleinement dans leur langue, que ce soit à l’école, dans le domaine de la santé ou dans la vie communautaire.

Un avis partagé par Raymonde Lonla qui s’attend à une meilleure reconnaissance de la communauté francophone :

« Il faut considérer la francophonie comme quelque chose qui contribue au développement du Nunavut. »

Elle rêve aussi d’un meilleur accès et d’une plus grande disponibilité aux services gouvernementaux en français et pas seulement à Iqaluit, mais également à Rankin Inlet et Cambridge Bay. Elle songe qu’il serait notamment profitable que le Collège arctique du Nunavut intègre le français dans son offre de cours.

Mis à part l’accord entre le gouvernement du Nunavut et celui du Canada pour soutenir les services officiels en français et pour favoriser les initiatives pour la langue inuit, Raymonde Lonla estime n’avoir observé très peu d’avancées ces dernières années pour la francophonie. « Je ne vois pas d’actions concrètes qui se font sur le territoire à partir de la Chambre du Sénat et je pense aussi que c’est parce qu’on n’a pas vraiment de représentation ». Le financement de l’accord de 34,3 millions de dollars au total prévoyait 13,9 millions de dollars pour les services francophones, ce qui, selon la jeune femme, n’est pas suffisant pour répondre à toutes les nécessités.

Collins Tagnigou abonde dans le même sens et avoue que les avancées du dernier mandat ont été limitées. « Beaucoup d’engagements sont pris, mais leur mise en œuvre demeure lente, et les besoins des familles francophones restent trop souvent relégués au second plan », se désole-t-il.

Découvrez les 58 candidats sur l’ensemble du territoire

Aggu

Erasmus Ivval ;  Joanna Quassa

Aivilik

Hannah Angootealuk ; Solomon Malliki

Amittuq

Roger Beaudry ; Paul Haulli ; Reena Irqittuq ; Abraham Qammaniq

Arviat Nord-Whale Cove

John Main ; Tony Uluadluak

Arviat Sud

Jamie Kablutsiak ; Alana Kuksuk

Baker Lake

Simeon Mikkungwak ; Craig Simailak

Cambridge Bay

Pamela Hakongak Gross ; Peter Ohokak ; Fred Pedersen

Gjoa Haven

David Akoak ; Agoakteak Gregory Nahaglulik ; David Porter ; Megan Porter; Sonny Porter

Baie d’Hudson

Daniel Qavvik

Iqaluit-Manirajak

Gwen Healey Akearok ; Adam Arreak Lightstone

Iqaluit-Niaqunnguu

David Akeeagok ; Tatanniq Lucie Idlout ; Jacopoosee Peter ; Walter Picco

Iqaluit-Sinaa

Robin Anawak ; Janet Pitsiulaaq Brewster

Iqaluit-Tasiluk

George Hickes ; Malaiya Lucassie

Kugluktuk

Stanley Anablak ; Bobby Anavilok ; Simon Kuliktana

Netsilik

Cecile Nelvana Lyall ; Mary Anaumiq Neeveacheak ; Johnny Qilluniq ; Emiliano Qirngnuq ; Joseph Quqqiaq

Pangnirtung

Nathaniel Julai Alikatuktuk ; Johnny Mike ; Andrew Nakashuk

Quttiktuq

Philip Kalluk ; Andrew Taqtu ; Steven Taqtu

Rankin Inlet North-Chesterfield Inlet

Alexander Sammurtok ; Cathy Q Towtongie

Rankin Inlet Sud

Gerry Anawak ; Tagak Curley ; Annie Tattuinee

Baffin Sud

David Joanasie

Tununiq

Brian Koonoo ; David Qamaniq ; Verna Strickland

Uqqummiut

Gordon Kautuk ; Mary Killiktee