le Mardi 16 Décembre 2025
le Mardi 16 Décembre 2025 10:53 Arts et culture

Iqaluit sous le charme de Pan-Arctic Vision

Relooké pour l’occasion, le Cadet Hall a fait salle comble à chaque événement. — Crédit : Brice Ivanovic
Relooké pour l’occasion, le Cadet Hall a fait salle comble à chaque événement.
Crédit : Brice Ivanovic

Réunissant une dizaine d’artistes venus des quatre coins de l’Arctique en solo, duo ou en groupe, la troisième édition du rassemblement musical Pan-Arctic Vision s’est conclue le 29 novembre dernier à Iqaluit. Selon l’organisation, ce rassemblement a une fois de plus été couronné de succès, qualifiant la foule de « complètement folle » au moment final où tous les participants se sont regroupés sur la scène.

Iqaluit sous le charme de Pan-Arctic Vision
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Sans pouvoir donner de chiffres officiels, Amund Sjølie Sveen, directeur artistique de Pan-Arctic Vision, affirme que l’événement, qui était aussi diffusé sur de nombreuses plateformes en plus des chaines de télévision Uvagut et KNR, a connu un excellent succès.  

 Se tenant pour la première fois en Amérique du Nord, le rassemblement a notamment mis en scène l’artiste et rappeuse originaire de Baker Lake qui réside maintenant à Iqaluit, Shauna Seeteenak, qui a reçu un accueil fort chaleureux du public.  

NTÏV, originaire du nord de Laponie dans le nord de la Suède, a ouvert le grand concert du samedi soir au Cadet Hall.

Crédit : Brice Ivanovic

Les trois gagnants de l’édition 

Trois artistes ont été couronnés au terme de ce rendez-vous arctique dont le groupe Geðbrigði qui a reçu le prix de «chanson la plus révolutionnaire» avec son titre « Móðir Vor ». «On y parle de misogynie et de la manière dont certaines personnes utilisent leurs croyances religieuses pour excuse afin dadopter un comportement haineux. Elle a été écrite en pensant à diverses sociétés anciennes où les femmes n’étaient pas considérées comme des êtres inférieurs», explique Ásthildur Emma, bassiste du groupe. 

Il affirme que de pouvoir visiter et se produire dans une communauté aussi belle qu’Iqaluit a été une expérience incroyable.

«Pan-Arctic Vision nous a permis, à nous, un petit groupe islandais, de montrer notre art et nos émotions à un public extérieur à notre pays. Nous avons également pu rencontrer tant d’artistes talentueux venus de tout l’Arctique»

— Ásthildur Emma - Geðbrigði

Saina-Savvinova Ekaterina Arkadievna, venue de la république de Sakha en Russie, a remporté le prix de la « chanson la plus arctique » pour « Nyolten Sedyen » qui parle de la Sedye, une danse traditionnelle évenke. « Cette chanson a une âme puissante qui me guide depuis 20 ans, m’ouvrant la voie vers le monde, et elle m’a menée à la victoire », mentionne la femme.  

Pour l’artiste, il s’agit d’un miracle d’être revenue sur scène à Iqaluit 12 ans plus tard. Elle y avait alors, en 2013, produit une prestation dans le cadre de la Journée nationale des peuples autochtones. 

J’ai attendu cette reconnaissance pendant 20ans et j’ai éclaté en sanglots après ma performance, comme un petit enfant qui reçoit un cadeau qu’il espérait depuis longtemps, un présent dont il avait toujours rêvé.»

— Saina-Savvinova Ekaterina Arkadievna

S’exprimant en 36langues, elle était très fière de s’illustrer en inuktitut. «S’il y a une langue, il y a un peuple. S’il n’y a pas de langue, il n’y a pas de peuple»soulève Saina-Savvinova Ekaterina Arkadievna. 

Saina-Savvinova Ekaterina Arkadievna, lauréate prix de la « chanson la plus arctique ».

Crédit : Brice Ivanovic

Cette année, l’organisation a été en mesure de diffuser deux heures et demie de télévision en direct, avec des artistes de tout l’Arctique. Des clips vidéo ont aussi été créés pour mettre en lumière les vedettes de l’événement.

« Nous voulions décrire différentes facettes de la vie dans l’Arctique. Nous souhaitions présenter les artistes dans leurs communautés, dépeindre comment ils vivent et ce qui les intéresse, leur permettre de parler des enjeux urgents dans leurs collectivités. Il s’agit de partager et d’apprendre les uns des autres, et de montrer que même si nous demeurons dans plusieurs fuseaux horaires et dans différents États-nations, nous avons beaucoup en commun. »

— Amund Sjølie Sveen, directeur artistique

Il estime d’ailleurs que la production télévisuelle pour cette édition a été la meilleure jusqu’à présent.  

Le directeur artistique tient à souligner deux succès importants, affirmant que l’organisation a réussi à construire davantage un esprit de festival, en partageant la musique des artistes invités lors de nombreux concerts dans la communauté avant l’événement principal. Puis, il souhaite mentionner le travail impeccable de l’animatrice locale Laakkuluk Williamson.  

Si vous étiez de l’événement, vous avez certainement pu apercevoir la « Bête Arctique », cette mascotte vêtue d’un justaucorps rouge « Ce personnage pourrait être perçu comme une manifestation du non-humain : la nature, les animaux, les poissons, etc., qui sont si importants pour les habitants du Nord. Et elle ajoute aussi une dose d’imprévisibilité », lance Amund Sjølie Sveen. 

Déjà un pied dans la nouvelle édition 

Encore une fois cette année, la destination de l’année prochaine a été sélectionnée par un vote populaire et le choix s’est arrêté sur les Îles Féroé. « Ce lieu sera encore un endroit formidable, mais différent. Les îles Féroé partagent un statut politique similaire à celui du Groenland, ayant leur propre langue et culture tout en faisant partie du Royaume du Danemark. Nous sommes impatients d’en apprendre davantage sur ce qui s’y passe », déclare Amund Sjølie Sveen.  

Il ajoute que, pour être honnête, il s’agit pour l’instant de la seule chose confirmée, mais que des contacts sont déjà entamés pour trouver des partenaires locaux solides, essentiels à la réussite du Pan-Arctic Vision. Il tient d’ailleurs à souligner que l’édition d’Iqaluit n’aurait pas été possible sans l’apport du Festival des arts Alianait et d’Uvagut TV. 

 « Notre souhait est que Pan-ArcticVision continue comme un événement nomade voyageant à travers le Nord, travaillant à promouvoir ce que nous appelons le « panarcticisme », toujours en contact avec la communauté où il se déroule », conclut le directeur artistique.