Dirigée par des membres de chacune des associations inuit régionales et de deux représentants de NTI, Igluvut Corporation se donne comme mission de bâtir entre 150 et 160 logements abordables en cinq ans avec un début des travaux prévu d’ici avril 2026.
NTI dispose d’un financement initial de 135 millions de dollars, dont 72 millions proviennent du budget 2022 du gouvernement fédéral et 63 millions du remboursement, par Ottawa, du prêt ayant servi à la négociation de l’Accord sur le Nunavut.
Des bâtiments adaptés
« C’est une étape importante dans la construction des systèmes, des partenariats et de la responsabilité nécessaires pour garantir que le logement au Nunavut reflète les priorités et valeurs inuit », a déclaré le vice-président de NTI, Paul Irngaut, par voie de communiqué de presse.
« Il s’agit de l’autodétermination des Inuit en action, de la création de solutions de logement abordable qui répondent aux besoins des Inuit et renforcent nos communautés. »
Cette annonce représente pour NTI un moment charnière dans la mise en œuvre de l’Angirratsaliulauqta, le tout premier Plan d’action pour le logement inuit du Nunavut, élaboré par les Inuit. Selon ce document, la priorité en matière d’habitation doit être accordée aux aînés, aux femmes et enfants fuyant la violence, ainsi qu’aux jeunes en crise, tout en prenant compte du besoin urgent pour les inuit qui sont à la recherche d’options non liées à l’emploi.
La Kitikmeot Inuit Association (KIA) affirme avoir joué un rôle majeur dans le développement et la création de ce projet et se dit maintenant prête à trouver des solutions pour aider le plus de personnes possibles. L’organisation soutient que leur conception de logement assurera le bien-être des familles inuit :
« Nos logements ne seront pas des modèles standardisés comme ceux réalisés par la Société d’habitation du Nunavut (SHN). Nous voulons innover et bâtir des maisons que les Inuit réclament depuis de nombreuses années et qui reflètent véritablement leur culture et leur mode de vie. »
L’objectif de planification d’Igluvut est d’offrir des logements locatifs accessibles de trois chambres à environ 1 800 $ par mois, un tarif délibérément situé entre les deux principaux programmes de logement sur le territoire. Aucun détail relatif aux montants alloués à chaque communauté n’est connu pour le moment.
En avril 2025, le gouvernement du Canada a lancé l’initiative Maisons Canada, un effort national visant à accélérer la construction de logements abordables. Dans cette annonce, 700 unités étaient réservées au Nunavut, en reconnaissance du besoin aigu en ce domaine. Alors que la nouvelle initiale faisait référence à un partenariat avec la SHN, la mise en œuvre se poursuit maintenant par une négociation tripartite qui inclut NTI.
« Nos partenaires inuit nous ont fait savoir qu’il fallait trouver des solutions de logements abordables et durables pour aider les Inuit de l’Inuit Nunangat à avoir une vie plus saine, plus sûre et à vivre dans de meilleures conditions, et qu’ils étaient les mieux placés pour déterminer quelles étaient ces solutions », déclare Jacinthe Goulet des relations avec les médias pour Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada. Elle confirme que NTI décidera de manière indépendante de l’utilisation des fonds alloués.
Des solutions sur la table
KIA explique que les projets de logement de la SHN s’inscrivant dans le cadre de la Stratégie Nunavut 3000 ont occupé la majorité des réservations de cargaison. L’organisation songe maintenant à faire appel à leur propre entreprise maritime à partir de l’Ouest canadien pour expédier vers la région de Kitikmeot, ou encore à contracter une société distincte de l’Est canadien.
« Le transport maritime a toujours été un problème pour la région de Kitikmeot, qui n’est desservie que par une seule traversée depuis le Québec. Une autre option serait de posséder notre compagnie maritime afin de mieux soutenir nos communautés », affirme l’organisation.
L’Association confirme par ailleurs que les compagnies inuit qui placent les ressources humaines et la formation inuit au premier plan auront la priorité pour effectuer les travaux. Une attention particulière sera aussi accordée afin que tout bénéficiaire inuit ait la possibilité de s’inscrire comme apprenti, de recevoir l’enseignement nécessaire et de devenir un ouvrier qualifié dans le domaine de son choix. « Le fait d’avoir nos propres entreprises inuit pour construire ces projets sera très profitable, tant pour elles-mêmes que pour la main-d’œuvre inuit, et permettra également de conserver les retombées économiques dans la région de Kitikmeot », conclut la KIA.