Pour Geneviève Latour, vice-présidente de l’AFFC, cette compression de budget serait « un recul historique pour les droits des femmes. »
Ces coupes figurent dans le plan ministériel, mais n’apparaissent pas encore dans le budget officiel. Le budget fédéral sera publié le 4 novembre, soit le lendemain des élections territoriales au Yukon.
« On veut s’assurer qu’il y a des investissements pour qu’on ne voit pas ces compressions-là de 80 % d’ici 2027-2028 », ajoute-t-elle.
« Donc, la pétition, c’est de rappeler le rôle crucial que les femmes jouent dans les communautés, puis comment ces compressions-là vont avoir un impact à court terme au niveau de la santé, au sein des communautés, mais aussi à très long terme. »
Impacts sur les organismes
Pour Rae Lamache, directrice du Conseil de la condition féminine du Yukon, il s’agit d’une situation d’urgence.
« Nous savons que, selon Statistique Canada, la violence entre partenaires intimes est plus élevée dans le Nord que partout ailleurs au Canada. […] Parallèlement, non seulement au Canada, mais aussi à l’étranger, nous voyons les droits des femmes et l’égalité des sexes menacés par des gouvernements et des mouvements politiques rétrogrades. Le retour à l’austérité de l’ère Harper, que provoquerait cette réduction budgétaire de 80 %, est un coup dur pour notre secteur », constate-t-elle.
Selon cette dernière, ces coupes auraient un impact sur les femmes, les personnes bispirituelles, les personnes transgenres, les familles, les parents et toutes les personnes victimes de violence conjugale, entre autres.
« Nous pensons simplement que les réductions fédérales pourraient effacer des décennies de progrès. Pour le Yukon, il s’agit de la vie et des moyens de subsistance des gens », constate-t-elle.
« Si ces compressions sont appliquées, les femmes et les organismes francophones seront encore plus affectés dans les années à venir, et à très long terme », affirme Geneviève Latour.
« Ça va se traduire directement par une réduction de services pour les femmes », constate-t-elle. « Les femmes francophones vont être encore plus affectées. Les femmes francophones, ce n’est pas un groupe homogène. On est à l’intersection de plusieurs identités vulnérables. Nos services en français sont déjà rares et sous-financés, donc des coupes à ce titre-là, ça aggraverait les inégalités, puis ça invisibiliserait nos réalités. »
Charlie-Rose Pelletier, coordonnatrice des projets en égalité des genres aux Essentielles, abonde dans le même sens. Selon elle, ces compressions augmenteraient la compétition entre les organisations communautaires qui défendent les droits des femmes et des personnes queers. « Il faudra qu’on se batte pour le même pot d’argent. Ça vient effriter la complémentarité des services qu’on peut offrir. »
Selon l’employée des Essentielles, organisme qui représente les femmes francophones du Yukon, ces réductions auront un impact non seulement sur la prévention, mais aussi sur la santé mentale des personnes qui demandent ces services et sur le personnel employé des organismes.
« Il va falloir qu’on offre des services et des projets qui ne seront pas nécessairement adaptés aux besoins. Parce que là, on veut, au minimum, que notre organisation survive. C’est très incohérent », dit-elle.
Actions
En plus du lancement de la pétition, les Essentielles prévoient lancer une campagne de revendication pour les droits des femmes francophones et acadiennes au Canada, en collaboration avec l’AFFC.
« Nos initiatives sont de rencontrer des partenaires fédéraux pour faire du lobbying. Il va y avoir une campagne de communication qui va sortir aussi. Une lettre en ligne va être envoyée aux parlementaires », informe Mme Pelletier.
Les Essentielles prévoient également des activités pour le 8 mars. « Ce seront des activités plus revendicatrices et qui vont nous faire voir au niveau fédéral. »
« On compte sur nos membres, sur nos partenaires, et on compte surtout sur nos organismes alliés. Finalement, ça touche 50 % de la population yukonnaise. Ça a un plus gros impact que l’on pense », constate la coordonnatrice.
L’AFFC a mis sur pied un comité de mobilisation et un plan d’action. L’organisme a également mené des rencontres avec des député·e·s, des sénateurs et des sénatrices. Geneviève Latour encourage la population à contacter directement ses député·e·s.
En date du 20 octobre, la pétition a recueilli plus de 520 signatures.