le Vendredi 24 octobre 2025
le Jeudi 23 octobre 2025 14:25 Francophonie

Un francophone en campagne à Sanirajak et Igloolik

Installé depuis 30 ans au Nunavut, Roger Beaudry parle également inuktitut. Ce francophone souhaite s'attaquer à l'insécurité alimentaire dans sa circonscription, mais également faire valoir la francophonie minoritaire à l'Assemblée législative s'il est élu. — Courtoisie
Installé depuis 30 ans au Nunavut, Roger Beaudry parle également inuktitut. Ce francophone souhaite s'attaquer à l'insécurité alimentaire dans sa circonscription, mais également faire valoir la francophonie minoritaire à l'Assemblée législative s'il est élu.
Courtoisie

Dans la circonscription d’Amittuq, qui comprend Sanirajak et une partie de la communauté d’Igloolik, quatre candidats rivalisent pour un fauteuil à l’Assemblée législative. Parmi eux, un francophone : Roger Beaudry, franco-ontarien résidant du territoire depuis plus de 30 ans.

Un francophone en campagne à Sanirajak et Igloolik
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De nouveaux visages ont fait leur apparition dans la course électorale à Amittuq alors que Joelie Kaernerk, député sortant après deux mandats, a pris la décision de ne pas se représenter. Paul Haulli, Reena Irqittuq et Abraham Qammaniq convoitent donc le même siège que Roger Beaudry, francophone bien connu à Sanirajak, étant depuis 5 ans le directeur du développement économique du hameau.

La circonscription d’Amittuq englobe la partie sud d’Igloolik et le hameau de Sanirajak.

Élections Nunavut

L’insécurité alimentaire comme enjeu prioritaire

Arrivé au Nunavut pour sa carrière professionnelle, Roger Beaudry est rapidement tombé amoureux du territoire qui lui permet notamment de pratiquer l’une de ses passions en été : la pêche. Maintenant bien enraciné à Sanirajak, il avoue qu’il trouve à présent difficile de retourner quelques jours dans sa ville natale pour un séjour. En plus de son coup de cœur pour l’endroit, l’homme est également marié une Inuk et a fondé une famille.

« Ce lien témoigne de mon engagement de longue date envers la culture inuit et la vie dans le Nord. »

— Roger Beaudry

Avant de devenir directeur du développement économique, l’aspirant au poste de député a aussi été conseiller municipal du hameau ainsi que coordonnateur des loisirs. Il a également été membre du comité de justice pour la jeunesse dans la communauté. Il estime que ce bagage lui apporte une expérience directe et concrète de la gouvernance locale et des besoins sociaux.

Au cours des dernières années, ce francophone a promu plusieurs initiatives, dont la réalisation et le financement d’un Makerspace (un atelier de fabrication collaboratif) dans la collectivité. Il a aussi supervisé et soutenu la construction d’une nouvelle garderie et a collaboré à l’organisation de l’arrivée d’un conteneur de plus de 7000 kg de denrées pour la banque alimentaire.   

Il travaille à l’heure actuelle sur un projet de garage à six places et à la création d’un centre d’hébergement pour les femmes et les hommes sans-abris. Alors qu’il estime que ceci prendra environ deux ans à se concrétiser, il a récemment participé à l’aménagement de deux cabanes pour les personnes sans domicile fixe, considérant que cet enjeu est prioritaire. « Je suis partout », rigole-t-il.

Beaudry croit qu’il est primordial pour un député d’être présent pour les résidents et indique qu’il y a eu des manquements à ce niveau dans le passé. « Moi, je vais être là, je vais être impliqué et je vais poser des questions. Je veux faire une différence pour ma communauté », affirme-t-il. Il souhaite partir avec la prémisse que tout est réalisable et est prêt à écouter les commentaires et suggestions de tous. Tout au long de sa campagne, qu’il juge par ailleurs très satisfaisante, il dit avoir été à la rencontre des gens et avoir fait des passages à la radio.

Le candidat trouve que la priorité absolue dans la circonscription d’Amittuq est la sécurité alimentaire.

« Si tu penses qu’à Iqaluit, c’est cher, tu n’as rien vu. Quand on va à Iqaluit, on n’y croit pas comment les prix sont bas. »

— Roger Beaudry

Il considère qu’il faut davantage de programmes pour soutenir l’alimentation et souligne l’importance de l’Initiative Les enfants inuit d’abord.

Une place pour la francophonie à l’Assemblée

Au quotidien, Beaudry ne parle pas français et discute plutôt en inuktitut à la maison. Dans son emploi, il est appelé à servir les membres de sa communauté en anglais ou en inuktitut.

Questionné sur la façon qu’il vit sa francophonie à Sanirajak, il déclare qu’il entend parfois des commentaires désobligeants envers les personnes d’expression française de la part de travailleurs provenant hors du territoire.  

Selon lui, il n’en demeure pas moins que la francophonie a pleinement sa légitimité dans la vie publique au Nunavut : 

« Le français a de la place en politique dans toutes les parties du Canada. Si je gagne, je serai le premier francophone à intégrer l’Assemblée législative. »

S’il devient député, Roger Beaudry compte faire en sorte que les francophones soient davantage reconnus sur le territoire. « J’aimerais donner la chance à l’Assemblée législative d’entendre des discours en français ». Il considère d’ailleurs que son bilinguisme est un atout précieux pour la communication et la collaboration avec le premier ministre, les ministres et les députés ainsi qu’avec les partenaires fédéraux.