le Mercredi 22 octobre 2025
le Mardi 21 octobre 2025 14:54 | mis à jour le 21 octobre 2025 14:55 Local

Études postsecondaires au Nunavut : l’aide répond-elle aux besoins?

Le développement de l’identité inuit représente un facteur qui semble soutenir la persévérance scolaire.  — Crédit : Kathy Snow
Le développement de l’identité inuit représente un facteur qui semble soutenir la persévérance scolaire.
Crédit : Kathy Snow

Le ministère de l’Éducation du Nunavut a récemment procédé à la bonification des allocations versées dans le cadre du Programme d’aide financière aux étudiants du Nunavut (FANS). Au cours de l’année scolaire 2024-2025, un total de 458 élèves s’y sont inscrits, soit 346 Inuit et 112 non Inuit.

Études postsecondaires au Nunavut : l’aide répond-elle aux besoins?
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Le programme FANS offre un soutien financier aux résidents inuit et non inuit pour l’inscription dans un établissement postsecondaire à temps plein ou à temps partiel. Au cours de la dernière année scolaire, le montant total déboursé par le ministère s’est élevé à environ 14,78 millions de dollars, soit près de 11,5 millions de dollars en bourses et approximativement 1,25 millions de dollars en prêts versés à des étudiants non inuit. La somme restante a été utilisée à des fins administratives.

Plusieurs changements en vigueur et à venir

Le ministère de l’Éducation du Nunavut a décidé de renforcer son programme FANS à la suite de recommandations fournies en 2024.

« L’examen a révélé que le programme n’avait pas suivi le rythme du coût de la vie et ne répondait pas adéquatement à l’ensemble des besoins des étudiants. Ces améliorations ont été introduites pour favoriser l’accessibilité, réduire le stress financier des élèves et garantir que l’enseignement postsecondaire soit plus abordable aux Nunavummiut. »

— John Manzo, gestionnaire des communications au ministère de l'Éducation

Le ministère de l’Éducation a récemment instauré une première phase de modifications incluant des éléments tels qu’une exigence simplifiée de résidence du Nunavut, des changements à la politique d’inadmissibilité et de suspension, l’augmentation des allocations mensuelles de subsistance et du supplément de loyer pour les apprenants à temps plein et à temps partiel et une hausse de la subvention d’invalidité.

Amare Castillo a obtenu son diplôme secondaire au printemps 2025 et travaille actuellement afin d’économiser de l’argent et d’acquérir de l’expérience avant d’intégrer le programme en soins infirmiers au Collège de l’Arctique du Nunavut. Il explique que cette décision n’est pas en lien avec les coûts d’études postsecondaires, mais qu’il a plutôt vu une opportunité d’enrichir son curriculum vitae et d’approfondir ses compétences.

Pour sa part, il indique que le FANS serait en mesure de le soutenir adéquatement, mais est conscient que chaque situation est différente. « Je pense que le programme est une excellente initiative et j’ai constaté qu’il a aidé les élèves et mes camarades lorsqu’ils ont fait leur transition vers l’enseignement postsecondaire », précise Amare Castillo.

L’an prochain, le ministère prévoit l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur le soutien aux étudiants postsecondaires, qui offrira des avantages supplémentaires.

Des objectifs à long terme

Alors que le programme bonifié est maintenant en place, le ministère de l’Éducation indique qu’un suivi et une évaluation concernant l’impact de l’augmentation du financement et du soutien seront réalisés. « Nous reconnaissons l’importance de l’assistance monétaire pour promouvoir la participation et la persévérance des étudiants dans l’enseignement postsecondaire, et qu’une contribution insuffisante pourrait nuire à leur capacité de s’inscrire et de compléter leur scolarité », explique John Manzo.

Le FANS aide à l’objectif plus large du gouvernement du Nunavut de développer une main-d’œuvre qualifiée et instruite dans le territoire et de renforcer l’emploi inuit. « En épaulant davantage d’Inuit à obtenir la formation requise pour les postes gouvernementaux et professionnels, le programme soutient l’emploi à long terme des Inuit et, par conséquent, la stabilité et la rétention du personnel au Nunavut », ajoute John Manzo.

Chaque année, la QIA offre pour sa part 205 000 $ en bourses aux Inuit de la région de Qikiqtani poursuivant un parcours postsecondaire. Sur ce montant, 200 000 $ sont distribués par 80 enveloppes de 2 500 $ chacune et la bourse John Amagoalik de 5 000 $ est remise à un étudiant méritant qui entre dans le domaine du journalisme ou des programmes qui promeuvent la langue et la culture inuit. Contactée afin d’obtenir davantage d’informations sur l’impact de ces bourses, la QIA a décliné notre invitation évoquant un manque de temps.

De multiples facteurs à prendre en compte pour de meilleurs résultats

Kathy Snow, professeure et coordonnatrice aux études supérieures à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (UPEI) a mené des études de cas à travers l’Inuit Nunangat dans le cadre de plusieurs projets de recherche axés sur l’éducation des Inuit.

Par le biais de discussions menées avec 100 personnes provenant de différents milieux, elle s’est notamment intéressée aux facteurs les plus importants pour soutenir la persévérance des élèves. Alors que son travail supposait que la graduation était un résultat souhaité pour tous, elle a rapidement découvert que ce n’était pas la réalité : « Pour la plupart, l’objectif premier était simplement d’être une bonne personne et un bon soignant pour sa famille, être en santé et heureux ».

Elle a aussi appris que pour certains jeunes, le départ du secondaire était une forme de résilience, représentant une façon de protéger son mode de vie et sa santé mentale.

Au fil de son travail, Kathy Snow a détecté de nombreux facteurs qui semblent soutenir universellement le bien-être et l’engagement des élèves, notamment un nombre suffisants d’éducateurs inuit, une éducation basée sur le territoire, le développement de la langue et de l’identité inuit et enfin avoir l’occasion de voir ce qui se fait ailleurs, via des voyages sportifs ou académiques.

La professeure tient à souligner que les établissements scolaires ont été un lieu de souffrances par le passé, et pour certains, elle le demeure toujours. « Ainsi, la restauration de l’école en tant qu’espace communautaire, que ce soit en ouvrant ses portes pour utiliser le gymnase le soir, en l’offrant comme endroit de festivités, ou encore, par un leadership centré sur les Inuit qui modifie la nature de la relation de l’école avec les jeunes et la communauté, est cruciale », détaille-t-elle.