Selon des données fournies par le ministère du Développement économique et des Transports du Nunavut, le territoire comptait 41 572 résidents au 1er avril 2025 dont 12 180 étaient titulaires d’un permis de conduire, ce qui équivaut approximativement à 46 % de la population.
L’Association Kakivak, qui dispose de fonds pour soutenir les organisations et entreprises dans la formation liée à l’emploi, collabore financièrement à ce programme afin que le fait de ne pas avoir de permis en poche devienne un frein à l’obtention d’un travail.
Réduire les obstacles à la conduite
D’une durée de 240 heures sur 12 semaines, la formation offerte par des instructeurs certifiés est destinée aux classes de permis 3, 5 et 7. Tout le matériel requis est disponible en inuktitut et en anglais.
William Hopkins, gestionnaire des communications, du marketing et de la sensibilisation à l’Association Kakivak indique que le programme met l’accent sur les scénarios spécifiques au Nunavut, la conduite défensive, l’intégration culturelle, le mentorat et les principes de l’Inuit Qaujimajatuqangit. Il ajoute que les objectifs de l’initiative comprennent le développement d’instructeurs afin que les participants s’éduquent en tant que formateurs de conduite certifiés. Des résultats au niveau du travail incluant des liens directs avec les employeurs dans le domaine du transport en commun, l’exploitation minière, les services municipaux et les déplacements privés sont aussi visés.
Ken Kolb, directeur des politiques et de la planification au ministère du Développement économique et des Transports du Nunavut, soulève que les obstacles à l’obtention d’un permis sont nombreux pour les Inuit. Parmi ceux-ci, il dénote un manque d’accès aux véhicules de pratique ainsi que pour passer l’examen de conduite. Il estime également que le coût d’une voiture associé aux frais supplémentaires pour la livraison dans les communautés éloignées est un enjeu important.
William Hopkins ajoute que plusieurs Inuit ont besoin d’un soutien à la pédagogie approprié :
« Dans certains cas, les participants peuvent aussi ne pas avoir les habiletés en littératie et de base requises pour réussir dans un cadre traditionnel d’éducation à la conduite. Une initiative comme celle-ci aide à combler ces lacunes en offrant des apprentissages adaptés à la culture et accessibles »
Le gouvernement du Canada, par l’entremise d’Emploi et Développement social Canada (ESDC), finance l’Association Kakivak dans le cadre du Programme de formation pour les compétences et l’emploi destiné aux Autochtones.
Chaque année, l’Association Kakivak collabore également avec la Qikiqtani Inuit Association (QIA) et Arctic Training Ltd. pour proposer de l’enseignement aux conducteurs dans toute la région de Qikiqtani.
Un programme qui suscite l’intérêt
Grâce à cette collaboration, William Hopkins souligne que de nouvelles opportunités pour les Inuit qui auraient manqué des sessions précédentes ou qui préfèrent accéder à la formation à Iqaluit sont créées. « Ensemble, ces partenariats nous permettent de répondre plus efficacement à la forte demande en éducation à la conduite ».
De son côté, Ken Kolb soutient que le gouvernement du Nunavut appuie à 100 % cette initiative et travaille pour fournir des examinateurs afin de tester les élèves sur tout le territoire à la fin du cours, assurant la continuité et aidant à améliorer les taux de réussite des participants. « Nous avons constaté une augmentation du nombre de candidats. Nous essayons d’offrir des évaluations dès que la formation est terminée », poursuit le directeur ministériel.
Sous la publication annonçant l’initiative sur Facebook, l’engouement est important et plusieurs personnes ont démontré leur intérêt. D’autres, comme Matty Amarualik n’en voit pas l’utilité. Habitant tout près de son lieu de travail et n’ayant ni enfant ni animal, l’homme affirme que dans sa situation actuelle, une voiture ne lui est pas nécessaire.