L’ultime session de travail précédent la dissolution de l’Assemblée législative, fixée au 21 septembre 2025, s’est tenue du 8 au 18 septembre dernier. En plus des dépenses préliminaires pour budgétisées pour les projets en cours, les dossiers concernant le logement étaient également au cœur des discussions. Désormais, les regards se tournent vers les prochaines élections territoriales, dont la période de campagne est officiellement lancée, qui permettront d’élire 22 députés et donc le nouveau premier ministre au Nunavut.
Les aspirants aux postes de députés ont maintenant jusqu’au 26 septembre 2025 pour déposer leur candidature. Une fois les résultats du scrutin dévoilés, les élus choisiront par vote secret, le président de l’Assemblée, le premier ministre ainsi que les ministres qui composeront cette 7e législature.
« Dire ce que nous voulons que notre député fasse pour nous »
Œuvrant sur la scène politique depuis plus de 40 ans, Paul Quassa a représenté la circonscription d’Aggu à l’Assemblée législative de 2013 à 2021. Il est aussi l’un des négociateurs et signataires de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut.
Il estime que tous les Nunavummiut devraient se sentir concernés : « C’est le moment de dire ce que nous voulons que notre député fasse pour nous ». L’homme qui a été premier ministre du Nunavut pendant près d’un an trouve que le respect de la culture et de la langue inuit est primordial dans ce rôle et considère que P.J. Akeeagok l’a très bien fait durant son mandat. Pour lui, il est impératif que le nouveau premier ministre parle l’inuktitut afin que ce langage demeure fort et utilisé au sein du gouvernement.
Paul Quassa (au centre) estime que le Nunavut devrait miser sur ses ressources pour de moins en moins dépendre du gouvernement fédéral.
L’ancien élu rappelle que la prochaine Assemblée législative devra gérer le transfert des responsabilités au Nunavut, dont l’entrée en vigueur sera officielle au 1er avril 2027. Il estime qu’il s’agit donc d’un bon moment pour travailler à rendre le territoire autosuffisant et économiquement sain.
« La seule façon pour nous d’y parvenir, c’est d’avoir de l’argent provenant de nos terres plutôt que de toujours dépendre du fédéral. Nous avons tellement de ressources au Nunavut.»
Logement, chômage, infrastructures et coût de la vie au centre des attentes
Cathy Towtongie a œuvré comme députée à l’Assemblée législative du Nunavut pour la circonscription de Rankin Inlet North-Chesterfield Inlet de 2017 à 2021. De son point de vue, plusieurs enjeux sont prioritaires actuellement dont le logement et l’itinérance, la prévention du suicide et le coût de la vie. Elle dénonce au passage les modifications récentes des critères d’admissibilité au principe de Jordan qui ont de lourdes conséquences pour les enfants.
Elle déclare qu’après avoir tant lutté pour avoir un territoire, les Inuit à travers le Nunavut sont malheureusement marginalisés :
« Beaucoup d’Inuit sont au chômage pendant que des travailleurs arrivent en avion. »
Elle croit que le prochain premier ministre devra absolument avoir une vision claire d’où sera le Nunavut dans 5 à 10 ans.
Bien que la Kitikmeot Inuit Association (KIA) n’appuiera pas de candidat, elle encourage chacun à concentrer leurs programmes sur des domaines qui profiteront à tous les Inuit du Nunavut : « Nous espérons que tous ceux qui se présentent, ainsi que ceux qui seront éventuellement élus, s’attaqueront à la situation actuelle du logement, aux problèmes et aux lacunes des infrastructures municipales, ainsi qu’aux améliorations des aéroports, y compris le pavage de la piste à Cambridge Bay et le travail au renforcement des capacités d’entreposage pour le fret dans toutes les communautés », indique l’organisation via une déclaration. Toujours selon KIA, les politiciens devraient s’intéresser à l’importance des ports pour petites embarcations, aux questions de logement à travers le territoire et à la bonne gestion du processus de dévolution.
Le Nunavoix a contacté onze députés par courriel pour commenter les enjeux du territoire et de leur circonscription. Seul George Hickes, représentant d’Iqaluit-Tasiluk, a donné suite, indiquant ne pas souhaiter répondre à nos questions avant la dissolution de la 6e législature.
Treize députés ont d’ores et déjà annoncé leur intention de se représenter pour cette 7e législature.
Des modifications pour certains électeurs
Le 22 septembre 2025, de nouvelles limites des circonscriptions sont entrées en vigueur et correspondent aux recommandations qu’avait émises la Commission de redécoupage formée en 2022. Ces transformations incluent des modifications majeures dans la région de Kivalliq, des ajustements à Arviat et une réorganisation mineure à Iqaluit. Si le nombre de circonscriptions territoriales demeure inchangé pour un total de 22, ce processus vise à assurer une meilleure représentativité selon la croissance démographique.
En plus de la façon traditionnelle de voter le jour du scrutin, plusieurs autres méthodes sont mises à la disposition des Nunavummiut inscrits sur la liste électorale. Le suffrage par anticipation, l’accès spécial pour tout votant séjournant à l’extérieur du Nunavut et le bureau mobile destiné aux personnes qui ne peuvent pas se mobiliser facilement sont offerts. Enfin, une formule d’urgence est aussi disponible pour ceux qui se trouvent dans des lieux éloignés tels que des campements miniers.
Comment voter aux prochaines élections territoriales ?
– Être inscrit sur la liste électorale;
– Détenir sa citoyenneté canadienne;
– Être âgé de 18 ans ou plus;
– Être résident du Nunavut et ne pas être considéré comme inhabile à voter.
Vous êtes résident du Nunavut si :
- Vous résidez au Nunavut depuis au moins un an avant le jour du scrutin;
- Vous séjournez temporairement à l’extérieur du Nunavut, tout en conservant votre résidence au Nunavut (étudiants, patients recevant des soins médicaux, personnes emprisonnées).
Méthodes pour voter :
-Le jour du scrutin entre 9 h et 19 h;
-Vote par anticipation disponible un jour seulement (7 jours avant le scrutin) entre midi et 19 h;
-Bulletin de vote par la poste pour tout électeur séjournant à l’extérieur de sa résidence lors de l’élection, comme les étudiants, les patients ou les personnes emprisonnées;
-Bureau de scrutin mobile à la maison pour les électeurs qui ne peuvent se déplacer facilement, comme les aînés, les personnes handicapées ou les personnes offrant des soins à des proches;
-Méthode d’urgence pour les électeurs qui se trouvent dans des lieux éloignés comme des campements miniers.
