le Dimanche 7 septembre 2025
le Vendredi 5 septembre 2025 15:32 | mis à jour le 5 septembre 2025 15:33 Actualités

Annie Larocque, directrice de la CSFN : « La Commission scolaire doit aussi participer à la construction identitaire de ces jeunes »

Les élèves ont fait leur retour en classe le 2 septembre.  — Crédit : Archives - Brice Ivanovic
Les élèves ont fait leur retour en classe le 2 septembre.
Crédit : Archives - Brice Ivanovic
La cloche a sonné pour les 110 élèves de l’École des Trois-Soleils (ÉTS) qui ont effectué leur retour en classe le 2 septembre dernier. Annie Larocque, directrice générale de la Commission scolaire francophone du Nunavut (CSFN) effectue sa première rentrée à la tête de l’organisation. Défis, priorités et objectifs : tour d’horizon des enjeux pour cette année scolaire 2025-2026... et au-delà.
Annie Larocque, directrice de la CSFN : « La Commission scolaire doit aussi participer à la construction identitaire de ces jeunes »
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Qu’est-ce qui vous a motivé à endosser le rôle de directrice de la CSFN pour l’année 2025-2026 ?

Je suis arrivée à Iqaluit en octobre 2024 alors que l’année scolaire était déjà commencée. J’ai 11 ans d’expérience à la direction d’une école dont trois en milieu minoritaire, donc je me sentais prête. Puis le Nunavut avait tout le temps été un endroit où je souhaitais travailler pour découvrir la culture, les valeurs inuit et la nature avec un grand « N ».

« Nous venions de passer une année durant laquelle il y avait eu deux DG par intérim et la communauté était craintive. »

Quelles sont vos priorités à la tête de la CSFN ?

L’an dernier, avec le conseil d’administration, nous avons bouclé notre plan stratégique qui représente nos priorités pour les cinq prochaines années. Nous allons œuvrer sur quatre fronts, dont l’engagement des élèves, alors que nous allons nous assurer de mettre tout en place pour que chacun puisse atteindre son plein potentiel dans un environnement sécuritaire et inclusif. Le deuxième élément concerne les compétences du personnel afin que celui-ci dispose de tous les outils pour évoluer et accompagner nos étudiants. La troisième priorité est de poursuivre le développement de la collaboration avec la communauté et d’aller vers elle en faisant preuve de transparence. Enfin, nous souhaitons nous positionner pour être un employeur de choix et que ceux qui viennent travailler chez nous y demeurent.

À quels défis avez-vous été confrontée ?

À l’école, j’ai une équipe qui est stable et complète malgré quelques petits défis. Quand je suis arrivée, c’était vraiment le manque de personnel à la CSFN qui était problématique. J’étais seule avec l’agente de finance, ce qui veut dire qu’il n’y avait personne pour les ressources humaines et pour le secrétariat. Nous venions de passer une année durant laquelle il y avait eu deux DG par intérim et la communauté était craintive.

Quelles ont été les pistes de travail privilégiées pour y remédier ?

Nous avons travaillé avec le gouvernement du Nunavut pour nous assurer que les choses avancent, que les affichages aient lieu et que tranquillement, je puisse bâtir mon équipe. Ça a été un exercice de collaboration et de réseautage avec eux pour dire que la CSFN est là, qu’elle existe et qu’elle a besoin de personnel pour pouvoir donner des services aux élèves.

« Offrir une éducation de qualité en plaçant l’étudiant au coeur de nos préoccupations »

La Commission scolaire se fixe comme objectif d’aller reconquérir les élèves francophones qui ont fait le choix d’une éducation en anglais.

Crédit : Archives - Ivanovic

Combien y a-t-il d’enseignants regroupés sous la Commission ? Il y a-t-il des encore postes à pourvoir ?

En ce moment, j’ai douze enseignants et un poste en éducation artistique était affiché jusqu’au 5 septembre. Pour le personnel de soutien, j’ai neuf employés et deux postes en affichage. À la CSFN, mon coordonnateur des ressources humaines arrive le 15 septembre et viendra compléter l’équipe.

Au niveau du nombre d’élèves, êtes-vous dans un objectif de croissance ou de stabilité ?

De croissance, même si nous savons que nous sommes restreints par la pénurie de logements à Iqaluit. Par contre, il y a des élèves francophones qui ont fait le choix de fréquenter les écoles anglophones pour plein de raisons et on se donne comme mandat d’aller les chercher en offrant une éducation de qualité et en plaçant l’étudiant au cœur de nos préoccupations. L’objectif de la Commission scolaire est aussi de se développer dans d’autres collectivités.  Il y a eu une rencontre en mai dernier à Rankin Inlet, en compagnie de l’Association des francophones du Nunavut (AFN), auprès de la communauté francophone. Nous allons démarrer les discussions avec le ministère si le groupe de parents désire aller dans ce sens-là pour mettre sur pied un programme d’éducation en français. Il est certain que nous ne pouvons pas rêver à une école tout de suite, mais c’est un début.

Avez-vous de nouveaux partenariats éducatifs, pédagogiques ? Est-ce que de nouveaux outils ont été mis en place ?

Nous avons la chance d’accueillir dans notre équipe une nouvelle conseillère pédagogique qui a passé les quatre dernières années en Colombie-Britannique. Comme nous avons adopté le curriculum de cette province depuis trois ans et que c’est la première année que nous l’implantons au secondaire, elle va pouvoir accompagner les enseignants en les aidant à s’approprier le programme, les valeurs, la philosophie et le cadre pédagogique. Nous continuons à travailler avec l’AFN qui est vraiment un grand partenaire pour nous et avec Carrefour Nunavut qui est en mesure de nous référer des employés au besoin.

« La Commission scolaire doit aussi participer à la construction identitaire de ces jeunes qui grandissent sur un territoire avec des valeurs inuit mais également avec une culture francophone. »

Quel regard portez-vous sur la francophonie dans son ensemble sur le territoire ?

Nous sommes porteurs d’une langue et d’une culture qui représentent une richesse pour notre pays et c’est notre mandat en tant que Commission scolaire en milieu francophone de les faire vivre. Il faut donner le goût aux élèves de parler français et leur transmettre l’amour de cette langue. Ce n’est pas toujours facile parce que souvent à la maison et avec les amis, ça va se passer en anglais. C’est vraiment un gros défi auquel les enseignants doivent faire face. La Commission scolaire doit aussi participer à la construction identitaire de ces jeunes qui grandissent sur un territoire avec des valeurs inuit mais également avec une culture francophone. Ici, je suis étonnée de voir comment le français est présent et je sens qu’il y a une belle ouverture. Je ne considère pas qu’il y ait une rivalité entre l’anglais, le français et l’inuktitut. J’ai l’impression qu’on vit tous en harmonie et j’ai un regard très positif sur le rôle que nous pouvons jouer.