Conformément à l’article 6.7 de l’Entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuit (ERAI) concernant les réserves nationales de faune et les refuges d’oiseaux migrateurs dans la région du Nunavut, le Canada s’est engagé à attribuer des appellations en inuktitut aux endroits situés dans la région.
Sélectionnés en comité composé de représentants des zones protégées et d’un membre du Service canadien de la faune, les noms choisis étaient déjà ceux utilisés par les Inuit pour désigner ces lieux.
Un geste de réconciliation
Maryéva Métellus, porte-parole de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada mentionne que le fait de renommer les refuges d’oiseaux avec leur désignation traditionnelle en inuktitut contribue à la mise en œuvre des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation sur la langue et la culture. L’appel à l’action 79 est aussi exécuté en honorant l’histoire et la culture autochtones grâce aux noms de lieux.
« Ce travail permet de maintenir l’inuktitut dans l’usage quotidien, renforce l’identité culturelle et garantit que ces aires protégées reflètent les récits, les connaissances et le patrimoine des Inuit ».
Lisa Pirie, conservatrice des zones protégées chez Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) estime que de reconnaître ces noms est un acte important pour la réconciliation. Ella Nathanael Alkiewicz qui n’habite pas le territoire, mais qui œuvre comme artiste travaillant avec des matériaux et techniques traditionnels inuit abonde dans le même sens : « Il s’agit d’une excellente façon d’honorer les Inuit et leurs terres ».
Hannah Boonstra, porte-parole des relations avec les médias pour ECCC explique que le nom en inuktitut de chaque refuge a été choisi par le comité de cogestion concerné ; le premier ayant été déterminé en 2012 et le dernier à la fin de 2023. Le processus réglementaire s’est conclu en mars 2025.
Anciennement Dewey-Soper, le refuge d’oiseaux migrateurs maintenant connu sous le vocable Isulijarniq est situé sur la côte sud de l’île de Baffin. Ayant été le premier à voir le jour dans l’Arctique le 20 juin 1957, sa création visait à protéger la petite oie des neiges.
D’autres nouvelles appellations comprennent Qaqsauqtuuq, autrefois nommé East Bay ; Ikkattuaq, qui était dans le passé Harry Gibbons et Kuugaarjuk aussi reconnu comme la Rivière McConnell.
Akpaqarvik, jadis l’île du Prince Léopold ; Ahiak précédemment Golfe de la Reine-Maud et Naujavaat, qui correspond à l’île Seymour complètent cette liste.

Le refuge d’oiseaux migrateurs Kuugaarjuk couvre 368 km2.
Pas d’implication du gouvernement territorial
La désignation des refuges d’oiseaux relève de la compétence fédérale. Le ministère de la Culture et du Patrimoine du Nunavut administre le Programme de toponymie, qui est chargé d’examiner et de reconnaître officiellement les appellations de lieux géographiques soumis sur le territoire. Il confirme ne pas avoir contribué à l’initiation ou à la coordination des récents ajustements : « Nos dossiers montrent que nous n’avons pas été consultés au sujet de ces changements et que nous n’avons pas participé au processus ».
Une vérification sur le site Web d’ECCC démontre que la nouvelle dénomination est maintenant utilisée pour la description des réserves ornithologiques concernées.