Alors âgé de 37 ans au moment des élections territoriales en 2021, P.J. Akeeagok était devenu le plus jeune premier ministre en fonction. Il avait affirmé vouloir s’attaquer à plusieurs problèmes prioritaires durant son mandat Katujjiluta notamment la crise du logement, les soins en santé mentale et la prévention du suicide.
Député de la circonscription Iqaluit-Niaqunnguu, P.J. Akeeagok exprime ne pas quitter son poste pour un autre et se dit profondément engagé à l’égard des services publics, de l’avenir du territoire, et a hâte de poursuivre de manière nouvelle et significative.
« Je m’en vais parce que c’est le bon moment pour passer plus de temps avec ma jeune famille, du temps que la vie publique nous oblige souvent à mettre de côté », peut-on lire dans son message, commenté par près de 300 personnes de partout au pays.
« Servir la population de ce territoire a été l’honneur de toute une vie. »
Contactée pour réagir à cette annonce, la députée néo-démocrate du Nunavut Lori Idlout a remercié le premier ministre pour ses accomplissements : « Prendre la décision de ne pas se représenter est important. Je suis sûr que P.J réussira comme il le souhaite, où qu’il aille ».

Une photo du premier ministre entouré de sa famille accompagnait l’annonce de son départ prochain.
Des moments marquants
Au cours de son mandat, P.J. Akeeagok a fait face à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, il mentionne la gouvernance de l’une des régions les plus uniques et les plus vastes du monde, la pandémie de COVID-19, les changements sociaux, politiques et économiques rapides, comprenant les menaces à la souveraineté et la crise de l’eau à Iqaluit survenue en 2021.
« J’ai été touché chaque jour par la confiance que les Nunavummiut m’ont accordée, et je suis profondément fier de ce que nous avons accompli ensemble » a également déclaré le futur ex-premier ministre.
L’accord historique sur le transfert des responsabilités, qui redonne le contrôle des terres et des ressources naturelles au Nunavut, l’Entente nationale sur l’éducation de la petite enfance et le renouvellement de 1,5 milliard de dollars sur 10 ans du contrat de mise en œuvre de l’Accord du Nunavut font partie, selon lui, de ces plus grandes réalisations.
À cela, il ajoute l’affirmation de l’engagement commun à l’égard de l’autodétermination des Inuit et le lancement de la Stratégie Nunavut 3000 qui porte comme mission de bâtir 3 000 nouveaux loyers sur l’ensemble du territoire d’ici 2030. « Pour la première fois de notre histoire, la construction de logements est en cours dans toutes les communautés du Nunavut, ce qui constitue une étape sans précédent vers la résolution de cette crise et l’édification de collectivités plus saines et plus dynamiques ».
Dans un communiqué, le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest R.J Simpson a souhaité souligner le leadership, l’amitié et l’engagement indéfectible de son homologue envers les résidents du Nunavut et du Nord.
Une action saluée par Mark Carney
Dès le début de son mandat, le premier ministre se souvient avoir jugé primordial d’œuvrer avec Nunavut Tunngavik Inc (NTI) pour faire progresser les priorités des Inuit. Jeremy Turnaluk, président de NTI estime que le point culminant de ces collaborations est sans aucun doute la signature de l’entente de transfert des responsabilités.
L’homme tenait à féliciter et remercier personnellement P.J. Akeeagok ainsi que son gouvernement pour son travail acharné et son engagement : « Je vous souhaite bonne chance dans vos projets, PJ, et pendant que vous prenez le temps de vous reposer et de vous ressourcer avec votre famille, j’espère que vous aurez l’opportunité de réfléchir et d’apprécier les succès de votre mandat de premier ministre du Nunavut ».
Quelques heures après la nouvelle, Mark Carney, premier ministre du Canada a également réagi sous la publication d’Akeeagok, le remerciant pour ses réalisations au Nunavut et au Canada :
« Au cours du peu de temps que nous avons travaillé ensemble, vous avez été une voix inébranlable pour le Nord et un véritable partenaire dans la construction d’une région arctique forte et résiliente; une région prête à relever les défis à venir. »
En novembre 2024, le leadership de P.J. Akeeagook avait cependant été remis en question. Solomon Malliki, président du caucus des députés ordinaires de l’Assemblée législative du Nunavut, avait à ce moment déposé une motion de censure visant à démettre l’homme de ses fonctions, évoquant notamment un manque de transparence. À la suite d’un vote serré de dix contre huit, le premier ministre aura finalement pu poursuivre son mandat.