le Lundi 28 juillet 2025
le Mardi 22 juillet 2025 15:34 Communauté

Dix ans plus tard, le Nunavut déclare une nouvelle crise du suicide

Le ministre de la Santé John Main demande que les mesures prises prennent racine dans la communauté, la culture et la compassion. — Crédit : Courtoisie - Archives
Le ministre de la Santé John Main demande que les mesures prises prennent racine dans la communauté, la culture et la compassion.
Crédit : Courtoisie - Archives
Lors d’une conférence de presse tenue le 25 juin 2025 à Iqaluit, le gouvernement du Nunavut (GN) et Nunavut Tunngavik inc. (NTI) ont déclaré une nouvelle crise du suicide sur le territoire, dix ans après la déclaration initiale.
Dix ans plus tard, le Nunavut déclare une nouvelle crise du suicide
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En avril 2025, des recommandations ont été formulées à la suite d’une enquête du coroner qui a conclu à la mort par suicide d’un homme à Kimmirut en 2019. Parmi ces propositions, le jury demandait que soit déclarée une situation de crise au Nunavut en raison du taux de suicide élevé.

Les données du Bureau du coroner en chef indiquent qu’il y a eu 32 décès par suicide en 2024 au Nunavut, ce qui correspond à la moyenne des dix dernières années. Entre 1999 et 2023, ce nombre a fluctué entre 19 et 45 mortalités pour 100 000 personnes, soit le plus haut taux du Canada.

Prévenir pour guérir

John Main, ministre de la Santé du Nunavut, affirme que cette crise nécessite des mesures qui prennent racine dans la communauté, la culture et la compassion. « Grâce à notre plan d’action commun, Inuusivut Anninaqtuq, nous continuerons à prôner des solutions ancrées dans la réalité locale et dirigées par des Inuit qui reflètent la force et la résilience des Nunavummiut ».

Lancée en 2024, la stratégie représente le quatrième document produit pour la prévention du suicide. Le ministère de la Santé, NTI, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le conseil Saisis la vie Isaksimagit Inuusirmi Katujjiqatigiit (IIKELC) interviendront dorénavant en misant sur cette approche.

Pour Cécile Guerin, directrice générale de l’IIKELC, cette stratégie repose sur une promesse collective : protéger la vie, nourrir l’espoir et avancer main dans la main dans les moments difficiles : « Ce qui rend ce plan d’action si spécial est le fait qu’il n’a pas simplement été créé pour les jeunes, il a été créé par les jeunes ».

Selon les données de la Division de la santé mentale et des dépendances et de l’administratrice en chef de la santé publique, plus de 80 % des décès par suicide sont attribués aux hommes et plus de 80 % de ces hommes sont âgés entre 15 à 39 ans.

Augmenter les ressources en matière de bien-être psychologique dans les écoles et une représentation accrue des mineurs autour des tables de leadership font partie des interventions mises de l’avant par Inuusivut Anninaqtuq.

Charmaine Deogracias, gestionnaire des communications au ministère de la Santé du Nunavut indique que le suicide chez les Inuit du Nunavut est une crise de santé publique persistante, enracinée dans la colonisation, les pensionnats et les réinstallations forcées :

« Ces préjudices historiques, combinés aux défis continus en matière de logement, d’éducation, de soins de santé et de justice, perpétuent l’impact sur la santé mentale. »

Le gouvernement n’a toutefois pas souhaité déclarer l’état d’urgence qui lui aurait notamment permis de conclure de nouvelles ententes avec Ottawa et obtenir davantage d’aide. Bien que le ministère de la Santé confirme que cette solution a été envisagée, l’administrateur en chef de la santé publique a statué que ce n’était pas l’approche à préconiser.

Les principaux facteurs de risque comme les traumatismes intergénérationnels, l’adversité durant l’enfance, les troubles psychiatriques, la consommation de substances et la pauvreté sont demeurés pratiquement inchangés au cours de la dernière décennie selon le ministère de la Santé. Les médias sociaux et la pénurie de professionnels en santé mentale représenteraient cependant de nouveaux enjeux.

La communauté de Pond Inlet secouée

Plus tôt ce mois-ci, Dr Michael Foote, coroner en chef du Nunavut confirmait qu’une enquête avait lieu concernant le décès de trois personnes dans la collectivité, spécifiant « qu’il n’est pas approprié à ce stade-ci de publier des détails et que ceci serait fait une fois le rapport terminé ».

De son côté, le ministère de la Santé indique que le gouvernement répond à cette situation par « une approche coordonnée avec la collaboration d’organismes multiples ». Des travailleurs de la santé, du support virtuel en santé mentale et du soutien logistique ont été mis en place pour assurer la sécurité et le bien-être des jeunes et des familles.

P.J. Akeeagok, premier ministre du Nunavut a commenté en affirmant que tout le territoire était aux côtés de Pond Inlet : « Vous n’êtes pas seuls. Nous vous accompagnerons dans cette tragédie et dans votre guérison dans les jours et les semaines à venir ».

Des éléments d’amélioration

Si le Nunavut présente le plus haut taux de suicide au pays, Charmaine Deogracias affirme que la faculté à avoir une vue d’ensemble, c’est-à-dire qui sont les personnes à risque, quand et comment ces gens accèdent aux soins, et quels types de soutien sont en place s’est quant à elle perfectionnée.

« Nous travaillons à l’amélioration de nos systèmes de surveillance pour suivre les comportements suicidaires, y compris les tentatives non mortelles. Ces systèmes augmentent notre capacité à réagir plus rapidement et à organiser des services en fonction de données en temps réel, ce qui n’était pas possible auparavant » commente la gestionnaire des communications du ministère de la santé.