EIC possède plusieurs sociétés d’aviation opérant dans les régions nordiques et éloignées telles que Calm Air, Perimeter Aviation, Keewatin Air et Custom Helicopters.
Par l’acquisition de Bradley Air Services Limited, exploité sous le nom de Canadian North, l’entreprise manitobaine promet que les services offerts aux collectivités du Nord seront améliorés.
Des offres complémentaires
Pam Plaster, vice-présidente au développement des investissements pour EIC que Canadian North exerce ses activités dans des secteurs adjacents et sur des liaisons très complémentaires à celles d’EIC : « Canadian North offre des services de transport de passagers et de fret dans les régions de l’est et de l’ouest du Nunavut, tandis que la filiale d’EIC, Calm Air, dessert la zone centrale. Canadian North est également présent dans les Territoires du Nord-Ouest, où EIC n’est pas ».
Réagissant à la conclusion de cette affaire, Canadian North affirme que ce changement apportera de nouvelles possibilités et une stabilité à long terme au Nord canadien, tout en préservant l’engagement envers les collectivités. L’entreprise tient du même coup à rassurer sa clientèle en mentionnant qu’il n’y aura aucune modification dans les opérations, les réservations ou le réseau d’itinéraires.
Alors que la demande dans la zone nordique est constante en raison de la nature essentielle de liens aériens, Pam Plaster estime que les perspectives de croissance y sont élevées. « Il existe une multitude de facteurs, comme la souveraineté dans l’Arctique et l’exploitation des ressources, qui créeront des possibilités économiques considérables dans le Grand Nord au cours des prochaines décennies afin d’élargir et d’améliorer les services dans la région ».
Selon les prévisions d’EIC, l’objectif de rendement du capital devrait être atteint d’ici la fin de la deuxième année de propriété.
Feu vert du Bureau de la concurrence
Geneviève Chassé, conseillère en communications à la direction des affaires publiques et de la sensibilisation au Bureau de la concurrence, confirme que l’examen de cette transaction a été réalisé.
Dans le cadre d’une telle démarche, l’organisation consulte une vaste gamme d’acteurs de l’industrie, de compétiteurs, d’associations sectorielles, de clients et de groupes d’acheteurs. Différents éléments, dont la concentration économique dans l’activité concernée et les parts de marché des entités qui fusionnent sont aussi considérés.
« Notre examen de cette transaction a pris en compte un large éventail de sources d’information, y compris des dossiers, des soumissions et des données provenant des parties; des entretiens avec des parties prenantes et les conseils d’experts indépendants ».
Une fois le processus terminé, une lettre de non-intervention (LNI) a été émise, confirmant que le Bureau ne contestera pas, pour le moment, cette opération devant le Tribunal de la concurrence. La loi prévoit toutefois une période d’un an durant laquelle une demande de rejet peut être réalisée.
Geneviève Chassé assure que son organisation continuera de surveiller la situation et sera prête à agir s’il déterminait que cet accord empêche ou diminue sensiblement la compétition dans le marché du transport aérien dans le Nord canadien.
Une transaction profitable pour les Nunavummiut ?
Pam Plaster évalue que l’achat de Canadian North permettra à EIC de desservir pour la première fois toutes les régions du Grand Nord.
L’entreprise acquéreuse souhaite contribuer à l’infrastructure communautaire, aux programmes d’enseignement comme celui de pilotage Atik Mason, à l’amélioration des possibilités d’emploi et dans des investissements généraux dans les collectivités.
EIC a d’ailleurs annoncé qu’elle doublerait la capacité de son initiative de cours d’aviation au Nunavut pour 2026 en espérant que beaucoup plus d’Inuit se joignent à eux. « Ce programme élimine les obstacles à la formation en vol auxquels sont confrontés les étudiants autochtones, notamment le coût et l’emplacement, et honore l’importance de maintenir un lien profond avec leur culture », souligne Pam Plaster. De sa création en 2022 jusqu’en 2024, 40 élèves ont été instruits via cette formation.
Un autre avantage mis en avant par Pam Plaster : la combinaison des ressources, des connaissances et des actifs en aviation qui permettra d’accroître l’efficacité et d’établir une compagnie aérienne plus résiliente. Par exemple, Canadian North bénéficiera d’une capacité d’achat de carburant et de pièces contribuant à améliorer les niveaux de service dans la région.
John Gradek, professeur à l’Université McGill spécialisé en gestion de la navigation, voit positivement cette vente, affirmant que d’un point de vue financier, ceci est une bonne affaire pour les deux entreprises et pour les Canadiens.
Il ajoute cependant que des éléments seront à suivre de près par le Bureau de la concurrence comme d’éventuelles réductions de services, des changements d’itinéraires ou des licenciements potentiels.