le Samedi 31 mai 2025
le Mercredi 28 mai 2025 8:00 Arts et culture

Une œuvre d’Annie Pootoogook dans un prestigieux palmarès

Un portrait de la regrettée Annie Pootoogook, décédée en 2016, lors d’une précédente exposition de la Collection McMichael. — Courtoisie : Collection McMichael
Un portrait de la regrettée Annie Pootoogook, décédée en 2016, lors d’une précédente exposition de la Collection McMichael.
Courtoisie : Collection McMichael
Réalisé en 2002, le dessin de la défunte artiste Annie Pootoogook intitulé « Man Abusing His Partner » a été sélectionné comme l’une des 100 meilleures œuvres d’art du 21e siècle par la revue d’art américaine ARTnews.
Une œuvre d’Annie Pootoogook dans un prestigieux palmarès
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L’œuvre sur papier « Man Abusing His Partner » illustre un souvenir personnel de la vie d’Annie Pootoogook au début des années 1990, alors qu’elle était en relation avec un homme au Nunavik. Une scène violente et menaçante montrant un personnage masculin tenant un morceau de bois au-dessus de sa tête, dirigé vers une femme allongée sans défense sur un lit y est représentée.

ARTnews, reconnue comme étant l’une des sources d’information les plus fiables dans le domaine des arts au niveau mondial, considère cette création artistique comme l’une des plus grandes réalisée au cours des vingt-cinq dernières années.

L’œuvre d’Annie Pootoogook « Man Abusing His Partner » illustre un souvenir personnel de la vie de l’artiste.

Courtoisie : Collection McMichael

Une œuvre autobiographique

Pauloosie Kowmageak, président de la West Baffin Cooperative (WBC) affirme que cette nomination est importante pour son organisation. « Le fait qu’Annie Pootoogook soit reconnue aux côtés de certains des créateurs les plus importants du 21e siècle renforce certainement le fait que l’art de Kinngait a une notoriété de plus en plus grande aux proportions internationales ».

Connue pour son travail artistique qui documente ses expériences de vie dans l’Arctique, le quotidien et sa banalité ainsi que certains des défis de la vie inuit, Annie Pootoogook est d’abord demeurée silencieuse sur ses expériences personnelles. Elle a ensuite commencé à partager son histoire de survie en tant que femme inuk, utilisant ses œuvres d’art comme un puissant moyen de communiquer ses luttes contre la toxicomanie, la santé mentale et la violence conjugale.

« Alors que nous nous souvenons de ses contributions importantes, nous avons également l’occasion de regarder vers l’avenir, sachant que sa résilience personnelle et son innovation artistique inspirent les nouvelles générations », poursuit le président.  

Qualifiant le travail d’Annie Pootoogook de brut, direct et honnête, Anne Doran, la rédactrice en chef d’ARTnews indique que l’un des critères qui a permis à cette œuvre de faire partie de cette prestigieuse liste est que celle-ci propose quelque chose de surprenant soit l’incorporation de contenu autobiographique.

Pauloosie Kowmageak souligne qu’il s’agit de la première fois qu’un artiste de Kinngait est identifié comme créant l’une des œuvres d’art les plus importantes du 21e siècle, mais certainement pas la première fois qu’un des artistes apparaît dans ARTnews.

« Chaque fois qu’un de nos artistes est célébré ou présenté d’une manière ou d’une autre, cela signifie que ses contemporains et les générations précédentes font également partie de cette discussion. Tous les artistes de Kinngait bénéficient de la reconnaissance d’un seul créateur. »

— Pauloosie Kowmageak, président de la West Baffin Cooperative

Annie Pootoogook a été retrouvée sans vie le 19 septembre 2016 à l’âge de 47 ans dans la rivière Rideau à Ottawa. La noyade et l’enquête policière qui a suivi sa mort suspecte ont grandement attiré l’attention médiatique en raison de son statut d’artiste de renommée internationale et de femme inuk. Aucune arrestation n’a jamais été effectuée en lien avec ce dossier. 

Un modèle pour les générations futures

Selon Pauloosie Kowmageak, Annie Pootoogook, qui était membre de la WBC, est une source d’inspiration pour ses pairs, en particulier pour les artistes qui ont travaillé avec elle dans l’atelier :

« Elle deviendra aussi une source de fierté et de motivation créative pour la prochaine génération. À l’instar d’Annie elle-même, qui a cherché à la fois dans le passé et autour d’elle le mentorat qui l’a propulsée sur la scène internationale, son héritage jouera un rôle essentiel dans le maintien de l’importance mondiale des artistes de Kinngait. »

Au fil des années, son travail a entre autres été présenté au Musée des beaux-arts du Canada, au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à la Collection McMichael d’art canadien, à la galerie publique The Power Plant, à la Biennale de Montréal, à Art Basel et à la Documenta 12.

En 2021, un parc situé dans le quartier Sandy Hill à Ottawa a été nommé en l’honneur de la célèbre artiste inuit.