le Vendredi 30 mai 2025
le Mercredi 28 mai 2025 8:00 Société

Les premiers ministres du Nord soutiennent le Centre national de vérité et réconciliation

En attendant la construction de ses nouveaux locaux, le CNVR est hébergé temporairement dans un bâtiment de l’Université du Manitoba. — Crédit : CNVR
En attendant la construction de ses nouveaux locaux, le CNVR est hébergé temporairement dans un bâtiment de l’Université du Manitoba.
Crédit : CNVR
Lors d’une rencontre au Yukon dans le cadre d’un forum annuel au début du mois de mai, les premiers ministres des territoires se sont engagés, pour le compte de leurs gouvernements respectifs, à verser 25 000 dollars chacun au projet d’héritage du Centre national de vérité et réconciliation (CNVR).
Les premiers ministres du Nord soutiennent le Centre national de vérité et réconciliation
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Cette annonce combinée de 75 000 $ des premiers ministres Ranj Pillai, R. J. Simpson et P.J. Akeeagok coïncidait avec la Journée de la robe rouge, qui se veut un rappel des conséquences continues de la violence coloniale et du besoin urgent de maintenir le partenariat avec les peuples autochtones afin de faire face aux injustices passées et présentes.

Situé au Manitoba, le nouveau siège permanent du CNVR servira de lieu de rassemblement national et international pour l’apprentissage, la réflexion et la guérison. Ce sera un espace sûr où les survivants pourront partager leurs vécus, où les familles pourront renouer avec des histoires perdues et où tous les Canadiens pourront entreprendre leur propre voyage de réconciliation.

« Un lieu sacré »

Hébergé provisoirement dans les locaux de l’Université du Manitoba, le CNVR sert de lieu de conservation des déclarations, des documents et du matériel historiques des survivants des pensionnats autochtones, de leurs familles et de leurs communautés.

« Étant les trois territoires comptant les plus grandes populations autochtones au Canada, nous avons à cœur de faire preuve de leadership dans la création d’un siège permanent pour le Centre national de la vérité et réconciliation. Les histoires collectives des Inuit, des Dénés, des Cris et des Métis doivent être partagées avec nos enfants et les générations à venir de Canadiens et Canadiennes. »

— P.J. Akeeagok, premier ministre du Nunavut

Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R.J. Simpson a, de son côté, tenu à rappeler que le Nord a été disproportionnellement touché par l’héritage des pensionnats pour Autochtones et du colonialisme.

Edna Elias, membre du Cercle des survivants du CNVR et ancienne commissaire du Nunavut, soutient que les pensionnats autochtones ont tenté de ravir leurs langues, leurs identités et leurs personnalités :

« Et pourtant, nous sommes toujours là, en tant que peuples forts bâtissant nos avenirs aux côtés de nos communautés pour les générations futures. Voilà pourquoi les locaux du CNVR sont si importants pour les survivants. Ce sera un lieu sacré où nous pourrons échanger sur nos vérités et sur nos histoires orales avec les générations futures. »

Shasta Chartrand, directrice des communications et stratégie digitale pour le Centre national pour la vérité et la réconciliation explique qu’avant de terminer ses travaux, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a lancé un appel de propositions auprès d’institutions désireuses d’accueillir un centre permanent et des archives pour ses documents.

« La CVR a choisi l’Université du Manitoba (UM) comme hôte parce qu’elle croyait que l’UM offrirait l’engagement, les ressources et l’infrastructure nécessaires pour soutenir le succès du Centre. L’UM a été la première université au Canada à présenter des excuses officielles pour son rôle dans l’éducation des enseignants qui travaillaient dans les pensionnats ».

En 2007, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens a été signée par des représentants des anciens élèves des pensionnats, le gouvernement du Canada, les églises, l’Assemblée des Premières Nations et les représentants inuit.

Cet accord confiait à la Commission le mandat de créer des archives permanentes pour toutes les déclarations, tous les documents et tous les autres éléments qu’elle recueillerait au cours de ses années d’activité, ce qui a mené à la fondation du CNVR en 2015.

Les travaux de construction des nouveaux locaux permanents à vocation exclusive seront lancés en 2026 et l’ouverture est prévue en 2029.

La préservation des histoires inuit

P.J. Akeeagok souligne que les Inuit du Nunavut, comme les communautés autochtones du Canada, ont été profondément touchés par l’héritage des pensionnats et que l’appui du gouvernement territorial permettra de s’assurer que ces histoires ne seront jamais oubliées ou perdues.

Bien que le Centre soit situé dans le territoire du Traité no 1, Shasta Chartrand soutient qu’il est dédié à tous les survivants des pensionnats d’un océan à l’autre, y compris les survivants inuit.

« Nous sommes reconnaissants de recevoir ce don généreux des territoires, car ce soutien nous aidera à réaliser notre vision d’un foyer permanent pour les objets sacrés, des millions de documents historiques et des milliers de vérités et de déclarations des survivants qui ont été recueillies et qui continueront d’être recueillies dans les années à venir ».