En ce qui concerne le Canada, les troubles de santé mentale sont assez répandus et touchent environ un Canadien sur cinq chaque année. La Commission de la santé mentale du Canada souligne que la dépression et l’anxiété comptent également parmi les affections les plus courantes. En 2022, plus de 5 millions de personnes au Canada répondaient aux critères diagnostiques pour un trouble de l’humeur, un trouble d’anxiété ou un trouble lié à la consommation de substances (Statistiques Canada, 2023).
Les défis d’accessibilité
Les obstacles à l’accès aux services de santé mentale sont causés par de nombreux facteurs comme la langue, les longs délais d’attente, les contraintes financières, l’insuffisance de praticiens ainsi que la stigmatisation. La santé mentale étant intimement liée à la santé physique, les maladies mentales non traitées peuvent augmenter le risque de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou les maladies cardiaques. En outre, la détresse psychologique affecte la qualité de vie, les relations interpersonnelles ainsi que la productivité professionnelle.
Toutefois, malgré une sensibilisation croissante, la stigmatisation des maladies mentales et des personnes qui en souffrent semble persister. Dans certaines cultures par exemple, les troubles mentaux sont encore mal compris et associés à des jugements négatifs, empêchant ainsi les personnes en souffrance de demander de l’aide. Une stigmatisation qui retarde souvent le diagnostic et la prise en charge, aggravant ainsi les symptômes et les conséquences à long terme sur le fonctionnement personnel, professionnel et social.
Le cas spécifique des petites communautés
Dans plusieurs pays, y compris le Canada, l’accès aux services de santé mentale est inégal selon les régions et les catégories socio-économiques. Les listes d’attente pour consulter un professionnel de la santé mentale sont longues et les coûts des thérapies privées restent sensiblement élevés.
Dans les régions rurales et éloignées par exemple, le manque de professionnels qualifiés complique encore davantage la situation. Les petites communautés pourraient également avoir un accès limité à un réseau internet de haute vitesse, freinant ainsi l’accès de la population à des services virtuels (Innovation, Sciences et Développement économique Canada, 2019).
Les communautés rurales ou isolées du Canada sont donc confrontées à des défis uniques en matière de santé mentale. La disponibilité limitée des services, l’isolement géographique ainsi que la stigmatisation constituent des barrières importantes à surmonter. La Commission de la santé mentale du Canada souligne d’ailleurs l’importance des approches locales, de l’utilisation des services à distance ainsi que du soutien aux prestataires de soins primaires afin d’améliorer la prestation de services dans ces régions. Des services culturellement sensibles et respectueux des visions locales du monde sont également importants et encouragés.
Le Nunavut, par exemple, connaît d’importantes disparités en matière de santé mentale. Des facteurs tels que les traumatismes historiques, les difficultés socio-économiques et l’accès limité à des services culturellement adaptés contribuent aux nombreux défis auxquels est confrontée la population. Les initiatives communautaires qui intègrent les pratiques traditionnelles se sont toutefois révélées prometteuses pour apporter des solutions additionnelles.
Les besoins spécifiques des communautés immigrantes
Le Canada compte également une population immigrante diversifiée dont les besoins en santé mentale s’accroissent au fur et à mesure. Ces derniers sont confrontés à de nombreux défis, en raison du processus complexe de migration, d’acculturation et d’intégration dans une nouvelle société. Des défis qui sont souvent exacerbés par des facteurs socio-économiques, culturels et structurels qui influencent leur bien-être psychologique sur le court, moyen et long terme. L’acculturation, qui est un processus d’adaptation à une nouvelle culture, peut par conséquent engendrer du stress, de l’anxiété et de la détresse psychologique.
La langue constitue également un obstacle majeur à l’intégration et à l’accès aux services de santé mentale. Les immigrants qui ne maîtrisent pas l’anglais ou le français peuvent éprouver de nombreuses difficultés à communiquer avec les professionnels de santé. Ce qui pourrait compliquer le diagnostic et la prise en charge adéquate de leur maladie. En outre, les barrières linguistiques entravent l’accès à l’emploi et aux interactions sociales, aggravant aussi le stress, le sentiment de solitude et l’isolement.
Sur le plan professionnel aussi, plusieurs immigrants arrivent au Canada avec des qualifications professionnelles qui ne sont pas reconnues, ce qui va les contraindre à occuper des emplois précaires, sous-payés ou en deçà de leurs compétences. L’instabilité financière qui va en résulter, ainsi que les difficultés à subvenir aux besoins de leur famille vont ainsi devenir une source majeure de stress et d’anxiété. Sans oublier le fait que dans plusieurs communautés immigrantes, la santé mentale est encore un sujet tabou. Les troubles psychologiques sont parfois perçus comme une faiblesse ou une honte, ce qui va empêcher les personnes dans le besoin d’aller chercher du soutien.
La santé mentale des familles
On ne peut bien sûr parler de la santé mentale des personnes sans parler de la santé mentale des familles dont elles font partie ou qu’elles ont constituées. L’équilibre entre les responsabilités professionnelles et familiales constitue un problème courant pour de nombreux parents canadiens. Plusieurs études ont d’ailleurs démontré que des parents souffrant d’anxiété, de dépression ou d’autres troubles mentaux ont souvent du mal à réguler leurs émotions, ce qui, par ricochet, peut affecter leur capacité à fournir un environnement stable et positif à leurs enfants.
L’essor du travail à distance a également brouillé les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle, augmentant ainsi les niveaux de stress au sein de la famille.
De 1990 à 2021, la participation au marché du travail chez les parents de jeunes enfants âgés de 0 à 5 ans est devenue plus fréquente et en 2021, le taux d’emploi des mères dans les familles monoparentales ayant de jeunes enfants atteignait 62 % (Statistiques Canada,2023). Plusieurs mariages se terminant par un divorce, la séparation peut entraîner des conséquences émotionnelles profondes, en particulier sur les enfants et sur du plus long terme.
Des services de santé mentale accessibles et adaptés
Les problèmes de santé mentale constituent donc une préoccupation mondiale, mais avec des populations spécifiques comme les communautés rurales, les peuples autochtones, les familles vulnérables et les immigrants, qui font face à des obstacles uniques et parfois insuffisamment compris. Afin de relever tous ces défis, il est nécessaire d’adopter une approche proactive qui réduit les obstacles financiers, géographiques, culturels et sociaux. Il est également important de promouvoir des approches d’intervention adaptées et sensibles à la culture ainsi que d’assurer un accès équitable aux ressources. Briser les barrières à l’accessibilité des soins en santé mentale est une nécessité pour assurer un Canada plus équitable et en meilleure santé.
Quelques ressources qui peuvent aider :
9-8-8 : Ligne d’aide en cas de crise de suicide
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez pensez au suicide, appelez ou textez le 9-8-8. Du soutien est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Pour les jeunes
Jeunesse j’écoute: Composez le 1-800-668-6868 (sans frais) ou textez le mot PARLER au 686868. Service offert au Canada 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 aux personnes de 5 à 29 ans qui veulent recevoir des soins confidentiels et anonymes de la part d’intervenants formés.
Keewatin Crisis Line
1-867-645-3333, du lundi au vendredi, de 7h à 22h
La ligne d’aide Kamatsiaqut
1-800-265-3333, tous les jours. 24h/24
Vous pouvez également en parler avec les personnes suivantes :
- un médecin
- un psychologue
- un infirmier en santé mentale
- un travailleur social
- Un thérapeute ou tout autre professionnel de la santé en qui vous avez confiance