Financé par Services aux Autochtones Canada (SAC), le programme des bons alimentaires offrait aux familles inuit admissibles 500 $ par mois pour chaque enfant âgé de moins de 18 ans, avec un montant supplémentaire de 250 $ pour tous les enfants âgés d’un jour à trois ans.
Ces fonds étaient destinés à se procurer des articles essentiels tels que la nourriture, les préparations pour nourrissons et les articles pour bébés.
Du cas par cas
Carolane Gratton, porte-parole pour Services aux Autochtones Canada (SAC), précise que l’ICFI, qui a été renouvelée pour une année supplémentaire, ne comprend pas de programme de bons alimentaires. Dans le passé, l’Initiative a cependant financé des demandes de nourriture à grande échelle.
« Conformément au nouveau bulletin opérationnel, toute demande collective à grande échelle liée à la nourriture sera évaluée au cas par cas pour chaque enfant et devra répondre à tous les critères pour être admissible ».
Selon le nouveau bulletin publié le 10 février 2025, certains types de demandes ne sont désormais plus acceptées. À la publication de ce document, Nunavut Tunngavik inc. (NTI) s’était inquiété du fait que les programmes de bons alimentaires pourraient ne plus être approuvés, mais SAC ne leur avait fourni aucune réponse à ce sujet.
Au Nunavut, ce sont environ 80 % des enfants âgés de 1 à 14 ans qui vivaient dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire selon l’Enquête auprès des peuples autochtones 2022.
Interrogée sur la proportion alarmante d’enfants au Nunavut souffrant d’insécurité alimentaire et de la perte de plusieurs centaines de dollars par mois pour de nombreuses familles, la porte-parole de SAC souligne qu’il existe d’autres programmes visant à améliorer la sécurité alimentaire dans le Nord.
Parmi ceux-ci, elle cite le Programme national d’alimentation scolaire pour les enfants et les familles au Nunavut ainsi que le Programme Nutrition Nord Canada (NNC). Elle ajoute que les communautés du Nord ont également droit à d’autres types d’aides telles que la Subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs et la Subvention pour les programmes alimentaires des communautés.
SAC indique travailler en collaboration avec Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) et les quatre organisations inuit signataires d’un traité afin d’élaborer conjointement une approche à long terme propre aux Inuit.
De lourdes conséquences
En l’absence d’un programme d’aide au revenu adéquat du gouvernement du Nunavut et d’un programme efficace de NNC pour contrer les coûts élevés des aliments dans les collectivités, Ivaluarjuk Merritt, directrice des communications pour NTI qualifie la décision rapide et unilatérale de cesser de financer les programmes de bons alimentaires de « profondément troublante ».
« Les répercussions de l’insécurité alimentaire chez les enfants sont bien documentées et peuvent être durables. Il s’agit notamment d’impacts sur la santé physique et mentale, le développement cognitif, le rendement scolaire et l’assiduité. L’insécurité alimentaire crée également un stress excessif sur les familles et les communautés » ajoute Ivaluarjuk Merritt.
Selon la directrice des communications, le Nunavut a besoin d’un système alimentaire qui répond aux besoins des Inuit et appuie l’objectif global d’atteindre la souveraineté alimentaire. Elle estime que cet objectif pourra être accompli grâce à des investissements propres aux Inuit, à la production de sources alimentaires locales et à l’élaboration de politiques et de programmes qui assurent la durabilité et l’autonomie.
Dans un échange courriel, le ministère de la Famille du Nunavut ne cache également pas sa déception face au fait que le gouvernement fédéral abandonne le programme de bons alimentaires :
« Cette décision aura des répercussions importantes sur de nombreux ménages du Nunavut qui en sont venus à dépendre de cette aide pour répondre à leurs besoins fondamentaux. La perte de ce programme risque d’exercer une pression supplémentaire sur les familles déjà confrontées à des problèmes élevés d’insécurité alimentaire et de coût de la vie. »
Pour le ministère de la Famille, la solution la plus efficace serait que le gouvernement fédéral réexamine et renouvelle le financement du programme de bons alimentaires par l’intermédiaire de l’ICFI : « Un investissement fédéral soutenu demeure essentiel pour s’assurer que les enfants et les familles inuit sont en mesure de répondre à leurs besoins fondamentaux ».