Bien qu’une annonce officielle du 8 mars 2025 ait confirmé le renouvellement de l’ICFI, la demande spécifique pour le programme de la petite enfance Ilitaqsiniq demeure à ce jour à l’étude et n’a pas encore été approuvée.
Depuis le 30 avril 2025, les bureaux dans les communautés de Naujaat et Baker Lake ont fermé leurs portes. Ceux d’Arviat cesseront leurs activités le 15 mai, puis ce sera au tour de Rankin Inlet deux semaines plus tard.
Des centaines de familles soutenues depuis le lancement
« Sans soutien financier, nous n’avons eu d’autre choix que de commencer à fermer le programme de la petite enfance d’Ilitaqsiniq. Sans un calendrier ou un engagement clair, nous ne pouvons pas planifier ou maintenir les opérations au-delà du court terme. »
Elle précise que les fonds reportés de l’exercice précédent ont permis de poursuivre la programmation de base sur les quatre sites pendant une courte période. Les fournitures restantes, comme les couches, le lait maternisé, les lingettes, les jouets de dentition, les vêtements, les biberons et les couvertures ont été utilisés pour soutenir les familles le plus longtemps possible.
Chaque site dispose de quatre semaines pour conclure l’emballage et la vente des actifs, le déménagement, la réalisation de visites guidées avec les propriétaires et la fermeture des dossiers des participants. En raison des fonds limités, seulement quatre à six employés sont responsables de gérer ces travaux.
« Bien que les fermetures avancent, il est toujours possible que les activités reprennent à Rankin Inlet et à Arviat, nos programmes les plus anciens, si l’ICFI ou d’autres financements sont obtenus à temps. Cependant, les fermetures de Naujaat et de Baker Lake sont définitives » ajoute Laura Merritt.
Depuis son lancement en 2022, le Programme de la petite enfance d’Ilitaqsiniq a soutenu 562 familles en leur offrant plus de 18 000 visites à domicile, un soutien communautaire et des ressources essentielles fondées sur le savoir traditionnel inuit. L’organisation a aussi répondu à 4383 demandes de transport.
« Les nouvelles lignes directrices de financement de l’ICFI ne permettent plus les dépenses liées aux véhicules, ce qui limite notre capacité à atteindre les familles et à fournir des services efficacement », spécifie Laura Merritt.
Une vive inquiétude
La directrice du programme rapporte que cette nouvelle a causé de l’inquiétude et de la déception chez les parents :
« Beaucoup ont dit qu’il n’y a pas de programmes comparables dans leurs communautés, rien qui offre le même niveau de soutien, de connexion et d’ancrage culturel. Le programme Ilitaqsiniq pour la petite enfance a comblé une lacune importante en matière de développement de la petite enfance et de soutien aux familles. C’est plus qu’un simple service, c’est un centre où les familles peuvent se connecter, socialiser et se sentir soutenues. »
Par leur participation au programme, Laura Merritt soutient que les parents ont pu nouer des amitiés durables et retrouver un sentiment de communauté et de fierté culturelle. Quant aux enfants, ils ont bénéficié d’interactions sociales précoces, du soutien des aînés et d’une exposition à des pratiques traditionnelles.
Jessie Hale est directrice générale de l’Association des organisations à but non lucratif du Nunavut (NANPO). Elle estime que ce genre de situation se produit trop souvent : « Un nouveau programme est lancé, il est couronné de succès et les gens commencent à s’y fier et à le considérer comme faisant partie de leur vie, puis le financement se termine et le programme doit prendre fin ».
Selon elle, ceci apporte son lot de conséquences aux organismes sans but lucratif, qui doivent souvent mettre à pied du personnel ou passer du temps administratif à chercher de nouveaux fonds au lieu de servir leurs communautés. La situation est également néfaste pour les membres de la communauté qui en sont venus à dépendre de ces programmes.
« Les gouvernements et les autres bailleurs de fonds doivent communiquer beaucoup plus clairement avec les organismes sans but lucratif et s’engager à conclure des ententes pluriannuelles afin d’assurer la stabilité des activités ».
Du côté de Services aux Autochtones Canada (SAC), on confirme que le gouvernement du Canada a renouvelé le financement de l’ICFI en allouant 121,7 millions de dollars pour prolonger ce programme jusqu’au 31 mars 2026.
Eric Head, porte-parole pour SAC affirme que le gouvernement travaille présentement à l’examen et à un processus d’adjudication des demandes des groupes de ce programme afin de confirmer les engagements de financement pour 2025-26 : « Nous nous efforçons d’accélérer la prise de décision. Il s’agit de procéder au triage et à la priorisation des demandes en fonction de multiples facteurs, y compris les dossiers urgents. Chaque nouvelle demande sera examinée au cas par cas. »