le Vendredi 18 avril 2025
le Mercredi 16 avril 2025 8:05 Francophonie

Vers une amélioration des services en français au Nunavut ?

Le président de l’AFN Goump Djalogue se « réjouit que la francophonie soit une considération pour le gouvernement ». — Crédit : Archives - Vincent Desrosiers
Le président de l’AFN Goump Djalogue se « réjouit que la francophonie soit une considération pour le gouvernement ».
Crédit : Archives - Vincent Desrosiers
Une entente a récemment été signée entre le gouvernement du Canada et celui du Nunavut consistant en un financement fédéral de 34,3 millions de dollars pour améliorer les services en français et en inuktut sur le territoire. De ce montant, 13,9 millions de dollars sont spécifiquement dédiés à l’offre de services francophones.
Vers une amélioration des services en français au Nunavut ?
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Le gouvernement du Nunavut se dit déterminé à améliorer l’accès aux services en français sur le territoire, à assurer le respect des droits linguistiques et à favoriser l’inclusion.

Prévu pour la période 2024-2025 à 2027-2028, le financement de 13,9 millions de dollars promis sera utilisé pour appuyer la prestation continue de communications et de services francophones par les ministères, les conseils et les organismes du gouvernement du Nunavut.  

 Du progrès dans les dernières années

« Le gouvernement du Nunavut s’est engagé à travailler avec ses partenaires afin de mettre l’accent sur la protection et sur la promotion de la langue inuktut et de soutenir nos trois langues officielles », a déclaré le ministre de la Culture et du Patrimoine, P.J. Akeeagok.

Elizabeth Alakkariallak-Roberts, agente des communications pour le ministère, affirme pour sa part que l’accès à des services en français pour les francophones est une priorité.

La majeure partie de la somme allouée appuiera des initiatives gouvernementales telles que l’administration de la justice en français, la communication et les services au public en langue française ainsi que la traduction de documents publics.

D’autres actions prévues visent l’acquisition de documents francophones pour les bibliothèques publiques, le soutien dans les hôpitaux ainsi que l’offre de formation pour les fonctionnaires.

Environ 2 millions de dollars seront consacrés au soutien d’initiatives dirigées par des organismes francophones, ou d’initiatives individuelles, par l’entremise des divers programmes de subventions et de contributions.

Le président de l’Association des francophones du Nunavut (AFN), Goump Djalogue affirme accueillir ce financement avec grand intérêt. Selon lui, la croissance de la communauté francophone au Nunavut est indéniable, et avec elle viennent de nouveaux défis pour assurer que la communauté puisse vivre et s’épanouir pleinement en français.

« Il est donc essentiel que le gouvernement du Nunavut soutienne concrètement l’offre de services en français. Bien que nous continuions à travailler activement pour faciliter l’accès et l’utilisation de ces services par et pour les francophones, nous considérons cette annonce comme un pas important dans la bonne direction ».

Le ministère de la Culture et du Patrimoine se dit constamment en contact avec les organismes francophones tels que l’AFN, le Carrefour Nunavut, le Réseau Santé en Français du Nunavut (Résefan) et le CPE Les Petits Nanooks.

« Nous nous réjouissons que la francophonie soit une considération pour le gouvernement et qu’il travaille avec nous à l’amélioration de l’offre de services en français. Cela témoigne de la reconnaissance de la contribution essentielle de la francophonie à la vitalité et au dynamisme du territoire »

— Goump Djalogue, président de l’Association des francophones du Nunavut

Le ministère soulève cependant la présence de certains défis vers l’atteinte de leurs objectifs, notamment en ce qui a trait au recrutement d’employés bilingues, qui sont essentiels pour assurer une prestation de services uniforme dans tous les ministères.

Elizabeth Alakkariallak-Roberts déclare que de nombreux progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Elle dénote notamment que l’entièreté des lois, des projets de loi, des règlements, des textes réglementaires et de la Gazette du Nunavut sont fournis en français. Depuis le 31 mars 2021, 100 % des demandes d’interprétation ont été traitées avec succès.

En 2020, en collaboration avec l’AFN, une consultation communautaire sur les services en français au Nunavut avait permis d’apprendre que 63 % des répondants considéraient que la communication du gouvernement territorial était globalement bonne.

Prévu au cours de l’exercice 2025-2026, un cycle de consultation permettra de rejoindre la communauté francophone dans son ensemble afin de mesurer la satisfaction et les points à améliorer en matière de prestation de services francophones.

Protéger la langue inuit

La contribution de 20,4 millions de dollars pour les initiatives en inuktut permettra l’élaboration de ressources de la maternelle à la 12e année, la prestation de formation linguistique et le soutien de diverses initiatives locales.

Pour Elizabeth Alakkariallak-Roberts, le renforcement de cette langue est essentiel afin de préserver la culture et assurer l’accès aux services essentiels pour les Nunavummiut :

« Les besoins pour plus de services en inuktut sont énormes et, de surcroît, critiques. »

— Elizabeth Alakkariallak-Roberts, ministère de la Culture et du Patrimoine

Cet appui fédéral est complété par un soutien territorial aux initiatives en inuktut, pour un montant de 39,42 millions de dollars sur la période 2024-2028.

Le ministère estime néanmoins que la solution ne passe pas toujours par plus de financement : « Nous visons à sensibiliser les gens aux responsabilités en vertu de la loi, en particulier la Loi sur la protection de la langue inuit, trop souvent négligée, notamment dans ses domaines d’application auprès du secteur privé et des organisations. Notre mission sera également de mieux communiquer sur la responsabilité de chacun et sur les outils déjà disponibles pour soutenir leurs efforts de conformité ».