C’est entouré du premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok et de Jeremy Tunraluk, président de la Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) que l’ex-ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, désormais ministre de la Justice, Gary Anandasangaree a annoncé le renouvellement du financement de l’initiative. Le trio était réuni à l’occasion d’une cérémonie soulignant la signature d’un contrat de mise en œuvre de l’Accord du Nunavut.
L’ICFI représente l’équivalent inuit du principe de Jordan. Il a été créé dans le but d’assurer l’égalité pour les enfants inuit en veillant à ce qu’ils aient accès aux produits, aux services et aux soutiens essentiels en matière de santé, de services sociaux et d’éducation, au moment où ils en ont besoin.
Un programme nécessaire
« Je tiens à remercier le premier ministre Justin Trudeau d’avoir prolongé cette initiative essentielle pour les enfants inuit. Au Nunavut, l’initiative pour les enfants inuit d’abord comble des lacunes critiques dans les systèmes d’éducation, de santé et sociaux. Il a des répercussions importantes sur le bien-être des enfants et des familles inuit », a déclaré par voie de communiqué Jeremy Tunraluk.
L’homme souhaite à présent que les Inuit soient invités à jouer un rôle dans la conception d’une version du programme à plus long terme.
De son côté, le ministère des Services à la famille du Nunavut se dit soulagé que l’initiative soit renouvelée vu l’importance du coût de la vie sur le territoire. Il espère néanmoins que des plans à long terme seront élaborés pour continuer à financer le programme au-delà d’un an.
Taya Tootoo, directrice générale d’Arctic Children and Youth Foundation abonde dans le même sens et confirme que cette annonce représente un réel soulagement pour les communautés : « Je crois qu’un mandat d’un an nous permet d’élargir le modèle de responsabilité partagée sur lequel travaillent les organisations inuit. Les besoins fondamentaux de nos communautés doivent être satisfaits avant que nous puissions utiliser au maximum le financement de l’ICFI ».
Selon elle, ces fonds sont essentiels puisqu’ils permettent de répondre aux besoins fondamentaux des enfants et les aident à s’épanouir pour l’avenir.
Les aides à la mobilité, le transport jusqu’au lieu d’un rendez-vous médical d’un enfant, les services d’orthophonie ainsi que les évaluations et tests de dépistage relatifs à un besoin éducatif font partie des services admissibles au financement.
Taya Tootoo estime que si le programme devait prendre fin brusquement, les niveaux de pauvreté infantile monteraient en flèche. C’est d’ailleurs ce qui a été constaté lors de la suppression de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) instaurée en 2020, alors que la pauvreté infantile a grimpé au-delà de son niveau le plus élevé de 2019.
« À cet égard, si l’ICFI devait s’arrêter brusquement comme la PCU, nous assisterions à un afflux et à une augmentation du nombre d’enfants qui luttent pour répondre à leurs besoins fondamentaux ».
La directrice rappelle qu’historiquement, il y a plus d’obstacles qui empêchent les enfants inuit de s’épanouir systématiquement qu’il n’y a de mesures de soutien pour les aider à le faire : « L’ICFI a identifié l’étendue des besoins et, espérons-le, les gouvernements, les organisations inuit, etc., pourront tirer des leçons de ces données pour mieux façonner les politiques et les programmes dans le territoire afin de répondre aux besoins des enfants inuit ».
Davantage de restrictions
Bien que le programme soit renouvelé, des éléments qui étaient approuvés auparavant ne le sont plus. Ces modifications concernent par exemple l’achat, la construction ou la rénovation structurelle d’un domicile, ainsi que les demandes de soutien pour des événements sportifs ou pour l’entrainement dans un sport d’élite ou de compétition.
D’autres demandes nécessitent maintenant une lettre d’appui d’un professionnel de la santé telles que les mesures de soutien non médical comme celles liées aux frais de déplacement, aux soins de répit non médicaux et à la garde d’enfant.
Pour Taya Tootoo, ces restrictions sont préoccupantes puisqu’elles rendent plus difficile la création de programmes équitables et dépendent davantage des milieux de la santé, du social et des éducateurs du territoire. « Dans le passé, les professionnels étaient déjà submergés par le niveau d’implication requis dans des choses telles que les lettres de soutien. Aujourd’hui, il y a encore plus d’exigences à inclure dans une lettre d’accompagnement, ce qui représente une charge mentale supplémentaire par cas pour chaque professionnel ».
Le ministère des Services à la famille qualifie pour sa part de « troublante » la perspective de restrictions à ce programme et poursuivra ses plaidoyers en faveur de l’initiative.