le Mercredi 16 avril 2025
le Mercredi 5 février 2025 8:00 Actualités

L’hiver peine à s’installer dans l’est du territoire

Un ciel souvent gris et bien bouché a dominé tout au long du mois de janvier, dans la douceur. — Crédit : Brice Ivanovic
Un ciel souvent gris et bien bouché a dominé tout au long du mois de janvier, dans la douceur.
Crédit : Brice Ivanovic
La majorité du territoire du Nunavut a connu des températures au-dessus de la normale pour le mois de décembre 2024. À Iqaluit spécifiquement, il y a eu un peu moins de précipitations qu’à l’habitude en cette fin d’année, mais cette tendance s’est renversée pour le mois de janvier 2025.
L’hiver peine à s’installer dans l’est du territoire
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Un soleil qui joue à cache-cache avec nos nerfs, cédant volontiers sa place à un ciel triste et gris, ou une petite neige sans allure. De quoi parfois entamer un moral mis à rude épreuve. Les jours où les -30 degrés ont été atteints se comptent sur les doigts d’une seule main à Iqaluit, peu avant Noël. L’ensoleillement était aux abonnés absents depuis le 13 janvier, avant de sortir de son hibernation en ce début de mois de février. Mais où est donc passé l’hiver ?

Avec ses quelque deux millions de kilomètres carrés, le Nunavut est un très vaste territoire pour lequel il s’avère impossible de faire des généralités en termes de conditions météorologiques. 

« Ça va dépendre où on est dans le Nunavut pour vraiment comprendre ce qui se passe. On ne peut pas faire une généralisation », introduit Natalie Hasell, météorologue de sensibilisation aux alertes, Opérations de service à la clientèle de l’Ouest et du Nord pour Environnement et Changement climatique Canada.

À Iqaluit, la moyenne 1991-2020 de précipitations pour le mois de janvier est de 16,3 mm en équivalent liquide. Selon les données recueillis par Environnement Canada, en date du 26 janvier 2025, 33,4 mm sont déjà tombés sur Iqaluit.

« Le liquide équivalent est supérieur à deux fois déjà la normale pour le mois de janvier »

— Natalie Hasell, météorologue pour Environnement et Changement climatique Canada.

Elle précise qu’au lieu d’avoir de grosses quantités de précipitations au courant d’une journée précise, la neige s’est accumulée en petites quantités ici et là. Plusieurs blizzards ont frappé différentes communautés du Nunavut, mais ont épargné Iqaluit.

Au moment d’écrire ces lignes, la plus importante donnée concernant les précipitations pour le mois de janvier 2025 avait été enregistrée les 13 et 14 janvier avec 6,4 mm de liquide équivalent pour chacun de ces deux jours.

En revanche la neige a repris ses droits dans la capitale, comblant le retard de l’automne et du début d’hiver.

Crédit : Brice Ivanovic

Des records journaliers battus début janvier

Récemment, des régions du territoire ont connu des températures très douces alors que des anomalies énormes ont été enregistrées notamment sur l’île de Baffin avec une température de 16 degrés Celsius au-dessus de la normale. Le 1er janvier 2025, Iqaluit et Kinngait ont atteint respectivement des températures de -0,6 °C et -4 °C au thermomètre venant fracasser des records journaliers datant de 1980.

À Kimmirut, la température est montée au-dessus du point de congélation pour atteindre 0,3 °C venant battre le record de 1999.

« C’est toujours un peu bizarre de voir des températures plus chaudes au Nord qu’au Sud, mais ça nous arrive de temps en temps puis c’est ce qu’on voit plus ou moins dans les conditions qu’on a eu au début du mois », déclare la météorologue. En effet, à l’heure actuelle, les températures minimales n’ont atteint qu’une seule fois les -32°C dans la capitale du territoire ce mois-ci, en date du 13 janvier, température moyenne au plus froid de la journée pour ce premier mois de l’année. La moyenne des températures maximales est de -24°C.

Malgré le fait qu’elle ne soit pas spécialiste en changement climatique, Natalie Hasell révèle que les données suggèrent certainement que le réchauffement global affecte le Nord du Canada beaucoup plus que le reste du pays et que cela entraîne certainement des conséquences entre autres, au niveau de l’englacement.

Les conditions de glace dans la baie de Frobisher, selon les données disponibles via SmartIce et l’application SIKU, incitent à la prudence lors des déplacements en motoneige. L’épaisseur est comprise qu’entre un et deux pieds dans certaines zones, notamment le triangle Inuktumiq, Hill Island et Amaqquaksaaq.

Les journées froides et pleinement ensoleillées ont été rares. Les conditions de glace permettent de se déplacer sur la baie, mais la faible épaisseur incite à la prudence.

Crédit : Brice Ivanovic

Que nous réservent les prochains mois ?

La météorologue indique que pour les mois de février et mars 2025, les tendances suggèrent que les conditions seront plus douces que la normale pratiquement partout dans le Nunavut, en particulier près de la baie d’Hudson. Le grand froid, ou du moins légèrement sous les normes, pourrait néanmoins faire quelques incursions début février, selon les dernières modélisations. En termes de précipitations, il est cependant plus difficile de se prononcer.

« Le Grand Nord devrait avoir peut-être des conditions un peu plus enneigées que la normale. Il y a une partie près de Coral Harbour et l’ouest de l’île de Baffin qui pourrait avoir des conditions un peu plus sèches que la normale, mais le reste du terrain n’a pas de tendance dominante », conclut Natalie Hasell.