le Mercredi 16 avril 2025
le Mercredi 5 février 2025 8:00 Arts et culture

La série « North of North » : un portrait réaliste et tout en humour de la culture inuit

L’actrice originaire d'Iqaluit Anna Lambe interprète Siaj, une mère célibataire qui tente de reconstruire sa vie dans la petite ville d’Ice Cove.   — Crédit : APTN
L’actrice originaire d'Iqaluit Anna Lambe interprète Siaj, une mère célibataire qui tente de reconstruire sa vie dans la petite ville d’Ice Cove.
Crédit : APTN
Tournée à Iqaluit en 2024, la série humoristique North of North a été diffusée en grande première le 7 janvier dernier sur les ondes de CBC et APTN. Produite par Red Marrow Media et Northwood Entertainment, cette création qui propose huit épisodes sera lancée à l’échelle mondiale sur Netflix au printemps 2025.
La série « North of North » : un portrait réaliste et tout en humour de la culture inuit
00:00 00:00

North of North est le résultat du travail de deux cinéastes originaires du Nunavut, Stacey Aglok MacDonald et Alethea Arnaquq-Baril. L’histoire de cette série prend vie dans la petite ville fictive d’Ice Cove et met en vedette l’actrice inuit d’Iqaluit Anna Lambe dans le rôle du personnage principal Siaj, une mère célibataire qui tente de reconstruire sa vie après la fin de son mariage.

La perception des Inuit

L’idée de la création de North of North a vu le jour il y a plusieurs années alors que Stacey Aglok MacDonald, Alethea Arnaquq-Baril et Miranda de Pencier, productrice exécutive de la série, venaient de terminer le tournage de The Grizzlies et réfléchissaient à leur projet commun.

« C’est lors d’un week-end arrosé de gin dans une ferme en Ontario que de nombreuses idées ont émergé, mais c’est celle de cette série, qui est devenue North of North, qui nous a le plus interpellé. Tout a commencé là », se souvient Stacey Aglok MacDonald.

En créant cette série, la femme souhaitait démontrer que, même si les Inuit vivent dans une région du monde très particulière avec une culture et une histoire uniques, ils sont bien plus proches de la réalité quotidienne des Canadiens au Sud que plusieurs peuvent le croire.

« Une grande partie des médias sur les Inuit se concentre soit sur les tragédies, soit sur une vision romantique du passé. Pourtant, nous sommes pleinement ancré·e·s dans le monde moderne : nous avons des factures à payer, nous essayons de faire nos impôts en ligne, nous avons des disputes familiales et nous sommes confronté·e·s à des questions existentielles sur notre identité et les moyens d’atteindre nos rêves, tout en restant fidèles à nos valeurs inuit. »

— Stacey Aglok MacDonald, cinéaste

Alethea Arnaquq-Baril abonde dans le même sens et souhaite que les téléspectateurs du Canada et d’ailleurs soient inspirés à jouer un rôle actif dans leur propre communauté, tout en restant fidèles à eux-mêmes : libres, authentiques et bienveillants.

« Nous voulons donner un portrait des Inuit en montrant qu’iels aiment rire, qu’iels ont un sens de l’humour unique et qu’iels savent s’impliquer dans leur communauté », renchérit-elle.  

Le duo souligne que, tout au long du processus, elles ont reçu un soutien inconditionnel non seulement d’Iqaluit, mais aussi de tout le territoire, ce qui les a profondément touchées.

De leur côté, elles ont tenu à ce que les Nunavummiut demeurent informés et impliqués durant le tournage. D’un point de vue logistique, Miranda de Pencier révèle que tourner dans le Nord peut s’avérer très complexe.

« Iqaluit, grâce à ses infrastructures et sa connexion directe avec le Sud pour l’équipement et le personnel, est la meilleure option. Nous avons beaucoup utilisé Apex, une banlieue qui donne l’impression d’une petite ville, pour renforcer l’ambiance communautaire », précise-t-elle.

Selon APTN, la réaction à la suite de la diffusion de North of North a été extrêmement positive avec l’obtention de critiques soulignant le point de vue unique et l’authenticité dans la représentation de la vie inuit tout en y intégrant l’humour.

La série humoristique North of North a notamment été tournée à Apex l’an dernier.

Crédit photo : APTN

Des modèles pour les générations futures

La Nunavut Film Development Corporation (NFDC) affirme que la représentation des Inuit dans cette production est essentielle, car elle met en valeur de manière authentique la diversité des histoires et la richesse culturelle du Nunavut.

« Des acteurs comme Anna Lambe apportent non seulement de l’authenticité à l’écran, mais servent également de modèles, inspirant les générations futures. Leur participation à l’industrie favorise l’accroissement des possibilités économiques pour les communautés inuit, ce qui souligne l’importance de la représentation dans la promotion de la fierté culturelle et de l’avancement économique », estime l’organisation.

Pour Alethea Arnaquq-Baril, après des décennies d’histoires inexactes au sujet des Inuit, participer à une œuvre authentique est incroyablement gratifiant.

« L’industrie inuit du cinéma et de la télévision a beaucoup évolué, mais elle manquait parfois de moyens pour des projets de cette envergure. C’est une immense fierté de pouvoir porter nos récits sur la scène mondiale », s’enthousiasme-t-elle.  

En tant que première production télévisée à grande échelle filmée principalement au Nunavut et première série humoristique inuit à être diffusée non seulement sur CBC et APTN, mais aussi sur Netflix, la NFDC croit que la réalisation de North of North contribue de manière significative à l’impact économique du Nunavut.

En plus de briser les barrières à divers niveaux, l’organisation estime que la production crée un précédent pour les projets futurs, mettant en évidence le potentiel de croissance économique de l’industrie cinématographique sur le territoire.