le Vendredi 18 avril 2025
le Mercredi 18 Décembre 2024 8:07 Chroniques

L’hiver est là, soyons forts !

Le 21 décembre sera le jour le plus court de l’année. Si cette période peut être difficile à vivre pour certains, il faut savoir profiter de chaque instant qu’offre le soleil. — Crédit : Brice Ivanovic
Le 21 décembre sera le jour le plus court de l’année. Si cette période peut être difficile à vivre pour certains, il faut savoir profiter de chaque instant qu’offre le soleil.
Crédit : Brice Ivanovic
Le froid s’est installé sur le territoire, tout comme la glace sur la baie de Frobisher. Le soleil, lui, se fait de plus en plus timide. Les journées sont courtes, signe du solstice qui approche avec son lot de croyances et de célébrations pour certains, de fatigue et de dépression pour d’autres. Chronique d’un temps particulier.
L’hiver est là, soyons forts !
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Bien avant l’apparition des premiers calendriers sumériens, il y a près de 5000 ans, L’Homme, par observation, a bien dû se rendre compte des mouvements répétitifs du Soleil dans sa voûte céleste.

Les fêtes païennes qui soulignaient l’évènement astral, en ces temps immémoriaux, ont éventuellement inspirées certains écrits religieux et servent maintenant de repères temporels au service de la théologie et de ses croyants. La Nativité du Christ, par exemple, a été fixée au 25 décembre par le pape Libère en 354 lors de la révision du calendrier liturgique pour faire contrepoids au Sol Invictus romain, cette très ancienne célébration solaire. L’Orient n’est pas en reste avec le Dongzhi chinois ou le Makar Sankranti indien, autres célébrations importantes associées au solstice d’hiver.

Pour faire court, nous pourrions dire que ce jour s’est imposé dans les traditions ancestrales de pratiquement tous les peuples de la Terre, et ce, d’aussi loin que ce puisse être vérifiable. Dans presque tous les cas, on associe la journée la plus courte à la renaissance, au triomphe de la lumière sur les ténèbres et à la nouvelle saison. Que du positif donc, mais pourquoi associe-t-on maintenant cette journée à la dépression saisonnière et à la fatigue?

Les journées raccourcissent à grande vitesse ces jours-ci. Puis cela ralentira jusqu’à l’inéluctable solstice d’hiver, cette année, le 21 décembre, pour une courte présence de l’astre vital d’une durée de 4h30 dans notre capitale boréale. Puisque pour une bonne partie de la population, cette date signifie aussi le début de vacances appréciables, nous pourrions en déduire que tout va très bien Madame la Marquise!

La longue nuit apporte avec elle de fabuleux spectacles : les aurores boréales.

Crédit : Brice Ivanovic

Malheureusement, que ce soient les âmes seules, l’éloignement de la famille, les foyers brisés par l’alcool ou la pauvreté crasse qui balaie toute possibilité de faste et de célébration, cette période festive ne l’est pas pour tous.

S’adapter à l’obscurité

C’est pourquoi l’emphase est souvent mise sur le partage et l’invitation à socialiser, à jouer ensemble. Dans plusieurs communautés du Nunavut, on met de l’avant les fêtes sobres, les jeux traditionnels et les festins communautaires. Les gens du nord savent mieux que quiconque comment s’adapter à l’obscurité hivernale, annuel défi psychologique immuable. Il y a quand même une quinzaine de communautés qui vivent dans le noir complet pendant plusieurs semaines voire des mois. C’est une partie intégrante de leur vie. Et inévitablement, si les jours raccourcissent ici, ils rallongent ailleurs.

La lumière est un stimulant, mais l’obscurité est propice à l’introspection, à la découverte de d‘autres aspects de nos sens et à la connaissance de soi. Le Soleil est plus bas dans l’horizon, nos ombres sont plus longues et visibles, que disent-elles sur nous?

Le débalancement du solstice conduit à l’équilibre de l’équinoxe. Le « grain de poussière qui pense », que nous somme dans l’infini, s’accroche à son étoile pour trouver un sens à l’existence depuis l’aube de l’humanité. Le 21 décembre est une connexion avec les ancêtres et la nature céleste. Comment ne pas y voir objet d’auréoles ?

Bon, prenons un pas de recul sur cette poésie cosmique pour dire les choses telles qu’elles sont. Nous approchons le jour où le Soleil passe le moins de temps dans l’hémisphère Nord. Le pôle Nord en est même à son point le plus éloigné. Restons debout immobile tel que nous l’indique l’étymologie du mot solstice. Affrontons ce moment ensemble sans se laisser vaincre par le blues de la grisaille pour reprendre notre course plus fort et revigoré comme notre astre omniprésent le fera. Se cacher sous notre couette jusqu’au retour de la lumière? Crions plutôt énergiquement comme les romains de l’antiquité : Sol Invictus!