le Vendredi 18 avril 2025
le Mercredi 13 mars 2024 13:00 | mis à jour le 13 mars 2024 16:32 Chroniques

Opinion : Que sont les belles années devenues? Le défi du 3e âge d’or!

Août 2011, lendemain de mon arrivée à Iqaluit, première visite de l’Association des francophones du Nunavut, une dame m'accueille. Je visite l'endroit, m'enquiert des activités à venir pour l'automne, Oktober Fest et souper d'huîtres, puis je repars avec deux DVD que je loue sur place. Building moribond, loin de mes attentes, radio abandonnée : est-ce que le bâtiment va s'effondrer avant que je puisse en sortir? La question était légitime...
Opinion : Que sont les belles années devenues? Le défi du 3e âge d’or!
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Quelques francophones rencontrés ici et là me racontaient les belles années de la radio CFRT, des diners du vendredi – événement rassembleur s’il en fut un – des 5 à 7, de théâtre amateur, de parties de hockey. Bref, d’une communauté vivante et festive.

Tous se plaignaient de la vétusté de cet ancien Mess de l’armée américaine, l’un des plus vieux bâtiments toujours debout de la ville, tout croche, soit, mais plein! Puis une certaine morosité s’est pointée, des soirées d’impro sans public, fermeture de la cuisine, on a donné tous les films et séries du club vidéo, arrêté les soirées hockey…

Autour de 2015, un deuxième âge d’or s’est lentement mis en place. J’ai souvenir de ces spectacles musicaux toujours pleins au bouchon. Il y a eu des soirées d’improvisation ou des partys d’Halloween où l’on a dû refuser du monde à la porte. Vincent Vallière qui vend tous ses billets en 18 minutes à l’ouverture du site de vente en ligne un samedi matin? Ai-je rêvé?

Avance rapide en 2024, il n’y a presque plus personne pour se réjouir de la beauté et la fonctionnalité des lieux fraîchement rénovés…

On comprendra que tout est cyclique, que la pandémie nous a rendus bien casaniers, qu’Iqaluit est la seule ville importante au pays à avoir connu un recul de population depuis le dernier recensement national, que Netflix tue l’esprit de rassemblement, que le dollar-loisir rétrécit ou que le magasin d’alcool conduit les bars vers la fermeture définitive.

Cependant, ce qui est linéaire, c’est le déclin du français. L’assimilation culturelle, bulldozer de l’anglosphère, est lente et inéluctable. Quand trois pelés et un tondu se pointent à un atelier communautaire du théâtre Uiviit, que faut-il faire? Qu’est-ce que ça dit sur nous? C’est le confort et l’indifférence qui poussent à l’inaction?

Les derniers spectacles présentés au Franco-Centre furent des succès. Qu’avaient-ils en commun? Un effort particulier, voire obligatoire faute de participation de la communauté francophone, pour attirer les non-francophones avec des pièces bilingues, du cirque muet, de la lutte ou, dans le cas de SoCalled, un spectacle carrément en anglais.

Autre point commun : ce fut d’excellents shows, des réussites! Loin de lancer la pierre ici, il faut ce qu’il faut, profitons de l’erre d’aller pour remplir notre salle lors des autres événements à venir, unilingues français ceux-ci et mettons à profit la curiosité de nos amis non-francophones. Pour ça, nous devons tous y mettre du nôtre…

En ce mois de la francophonie, rassemblons nos restes de fierté et affichons-les publiquement. Et par le fait même, arrangeons-nous pour que ça devienne une habitude.

Dans cette réalité de diversité, ce courant national un peu fourre-tout, ce sont les minorités qui font des concessions. Pour garder le français fort, il ne faut ni le folkloriser ni le célébrer une fois l’an, il faut le vivre.

Maintenant que vous venez de terminer la lecture de ce billet d’humeur annuel non-demandé, un brin moralisateur, mais sans malice, prenez quelques minutes pour vous procurer des billets pour le Banquet de la francophonie du 28 mars ou pour le Gala Juste pour rire du 30 mars prochain, deux valeurs sûres au niveau du plaisir d’être ensemble.

Autour d’un verre, nous pourrons alors y discuter des meilleures façons d’assurer la pérennité du troisième âge d’or de l’AFN et de ses services. Il est bien enclenché, grâce aux efforts constants de nos bonnes gens de l’association et des bénévoles, mais il ne se fera pas sans vous!

S’impliquer dans sa communauté, ça peut aussi passer par les médias communautaires! L’équipe du journal et de la radio est prête à coacher, à encadrer et à encourager tous les curieux et curieuses qui aimeraient s’impliquer, mais qui ne savent pas trop par où commencer. On veut vous lire, on veut vous entendre!

Ça commence ici :

Le journal : nunavoix@afnunavut.ca

La radio : bonjour@cfrt.ca

Le Franco-Centre : programmation@afnunavut.ca

Le Centre de formation Qaujimaniq : formation@afnunavut.ca 

L’AFN et ses services : communications@afnunavut.ca